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Le décryptage éco. La droite aux commandes de Bercy

Les ministères de l'Économie et des comptes publics du premier gouvernement d'Emmanuel Macron sont confiés à la droite. Vincent Giret revient sur les conséquences de ce choix.

Article rédigé par franceinfo, Vincent Giret
Radio France
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Bruno Le Maire assiste au conseil national des Républicains, le 14 janvier 2017, à Paris. (THOMAS SAMSON / AFP)

Dans ce schéma gouvernemental baroque, hybride, complètement inédit, il y a trois personnalités de droite, appartenant au parti Les Républicains : le Premier ministre, Edouard Philippe, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire et le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin.

Un patron, Bruno Le Maire

Le premier mot important, c’est rupture. L’économie est le domaine, sans doute aussi avec l’éducation, où la rupture avec le gouvernement précédent et plus largement avec le quinquennat de François Hollande, est la plus nette et la plus assumée, et même la plus revendiquée.

Entre la bonhomie pateline, enrobée et social-démocrate de Michel Sapin et les saillies de Bruno Le Maire, on n’est clairement pas dans le même monde. On est même dans le choc des personnalités.

Le deuxième mot important, c’est puissance : Bercy retrouve un grand patron, unique, qui chapeaute l’ensemble de cette administration immense et imposante. Certes, depuis le départ d’Emmanuel Macron pour lancer sa campagne, Michel Sapin avait la tutelle sur ce ministère.

Mais ce n’est pas le schéma qui a prévalu sous le quinquennat de François Hollande où Bercy a été découpé. On se souvient des tandems agités, souvent conflictuels et parfois explosifs, avec Pierre Moscovici et Arnaud Montebourg, puis Emmanuel Macron et Michel Sapin. On revient donc à un seul patron, tout puissant, Bruno Le Maire.                              

Cohérence 

En termes de ligne politique économique, Il existe une cohérence entre Bruno Le Maire et le président de la République. Lorsqu'il était lui-même ministre de l'Economie, Emmanuel Macron a souvent choqué, agacé, ou déstabilisé son propre camp. Sur les 35 heures, la pression fiscale, ou encore l’ISF, ses positions n’étaient pas franchement alignées sur celle du Parti socialiste.

Il subsiste des différences de style, de personnalités entre le nouveau Président et ses ministres de droite, mais, sur le fond, on avait déjà dit qu’Alain Juppé et Emmanuel Macron étaient totalement compatibles sur l’économie. On devrait en avoir une démonstration.

Avec toutefois une petite ironie comme il en existe en politique : beaucoup à droite chez Les Républicains, y compris Bruno Le Maire, avaient jugé le programme d’Emmanuel Macron un peu timide et flou.

Ce sont eux qui vont devoir l’appliquer. Et c'est bien Bruno Le Maire et Gérald Darmanin qui vont devoir trouver les 60 milliards d’économies dans les dépenses publiques promis par le candidat Macron ainsi que le moyen de respecter le fameux critère de 3% du déficit public. Un point sur lequel Bruno Le Maire a insisté dès la passation de pouvoir ce mercredi soir.

Libérer le travail

Lors de la primaire de la droite, Bruno Le Maire avait proposé un programme économique extrêmement détaillé de plus de 1000 pages. Le candidat s’était un peu perdu dans un catalogue de mesures souvent techniques, ce qui ne lui a pas porté chance.

Mais cela a pu faire oublier un point important : autant à gauche, l’économie est un sujet qui fracture, qui oppose des camps irréconciliables, autant à droite, l’économie rassemble.

Certes, il y a des différences de curseurs. Par exemple, François Fillon est celui qui a poussé le plus loin une philosophie très libérale, revendiquant même une thérapie de choc. Mais dans l’ensemble, ce sont les questions de société qui fracturent à droite, pas l’économie.

Il y a un large et complet consensus sur les trois grands axes dessinés par le Président : la nécessité de libérer le travail pour reprendre son expression, le choix d’aider les entreprises, en poursuivant notamment la baisse des charges, et enfin la nécessité de tenir des engagements en matière de gestion publique pour redonner à la France une crédibilité vis-à-vis de ses partenaires. 

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