Le décryptage éco. Les téléphones reconditionnés seront-ils bientôt plus chers ?

Les téléphones portables reconditionnés, ces smartphones déjà utilisés et remis en état pour leur offrir une seconde vie, coûteront-ils bientôt plus cher ? Les députés vont se prononcer sur une possible redevance sur ces téléphones et tablettes reconditionnés qui permettrait de reverser de l’argent aux auteurs, producteurs, artistes. Le ministère de la Culture part du principe que dans un cadre privé, chez soi, on utilise aussi bien les appareils reconditionnés que neufs pour visionner les films et regarder leurs œuvres et qu’il serait normal que l’on paye pour leur création. 

L'idée de cette taxe existe en réalité depuis les années 80 pour tous les achats de supports d’enregistrement comme les disques durs, les clefs USB. Cependant jusqu’alors c’est surtout le secteur du neuf qui s’en acquitte : l’an dernier, par exemple, selon le ministère, 273 millions d’euros ont été collectés par ce biais. De quoi financer 64% des festivals de musique.

Les acteurs du secteur s'y opposent

Aujourd'hui, le secteur du reconditionnement échappe largement à cette redevance. L’idée du gouvernement est donc d’aligner la réglementation. Cependant, les sociétés comme Back Market qui récupèrent les appareils pour les rendre de nouveau utilisables font pression pour en être totalement exonérés. Avec cet argument : une redevance fragiliserait la filière entre hausse des coûts et diminution des marges. 

Selon ces entreprises, cette redevance pénaliserait aussi les consommateurs car il faudrait s’attendre à une hausse de 10 % du prix des appareils. Sachant que le prix médian des smartphones reconditionnés est de 190 euros, cela toucherait surtout les petits budgets, les jeunes et les précaires. 

Selon ces professionnels, la création de cette taxe pourrait menacer jusqu’à 2 500 emplois en France. Et pas que dans de grandes entreprises : il y a de nombreuses associations d’insertion sur ce créneau, comme Emmaüs, qui seraient aussi fragilisées.

Un coup dur pour la planète

Taxer les objets reconditionnés n’est pas très écologique car ces produits deviendraient moins attractifs alors qu’ils séduisent de plus en plus de monde : chaque année deux millions de smartphones reconditionnés sont vendus en France.

Un argument qui pèsera sur les députés. Ils devront choisir entre exonérer totalement le secteur du reconditionnement de cette fameuse redevance ou la conserver pour préserver le monde de la culture. Le débat aura lieu jeudi 10 juin.