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Le décryptage éco. Retombées économiques des JO : la querelle des chiffres

Après l'annonce de la double attribution des JO de 2024 et de 2028, Paris et Los Angeles affinent leurs estimations.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Eric Garcetti, maire de Los Angeles et Anne Hidalgo, maire de Paris au Comité international olympique à Lausanne (Paris), le 11 juillet 2017. (PHILIPPE MILLEREAU / DPPI MEDIA)

Le Comité international olympique a opté pour le principe de double attribution des Jeux de 2024 et 2028. Le CIO et les deux villes (Paris et Los Angeles) doivent trouver un accord pour décider de l'ordre d'attribution. On en reparlera d'ici septembre. Côté économie, la France envisage d'investir, mais elle compte aussi sur des retombées commerciales.

Le projet initial est évalué à un peu plus de six milliards d’euros. Trois milliards pour la partie opérationnelle (fonctionnement général financé par les subsides du CIO et les ventes de billets), plus trois milliards d’euros pour les infrastructures. Il y aura des constructions spécifiques comme une piscine olympique, la rénovation du Stade de France, etc. Près de deux milliards d’euros seront investis dans le village olympique qui sera construit en partie grâce à des partenaires privés.

Une obsession : maîtriser le dérapage

Comme pour tout budget prévisionnel, les dérapages ne sont pas exclus, ils sont même assurés. L’objectif est de limiter la casse pour éviter une violente sortie de route. Prenons l’exemple de Londres. Lorsque la capitale britannique a appris, en 2005, qu’elle décrochait les JO 2012, elle prévoyait un budget de total de cinq milliards d’euros. Finalement, la douloureuse s’élèvera à 15 milliards d’euros.

Selon le Centre de droit et d’économie du sport, les JO 2024 Paris génèreraient une activité comprise entre 5 et 11 milliards d’euros (entre 1,5 et 3,5 milliards d'euros pour le secteur du tourisme, et 2 milliards pour le bâtiment). Dans tous les cas, les conséquences sur l’emploi sont relatives. En fonction des scénarios, l’emploi généré par l’événement olympique va d’une fourchette basse de 120 000 emplois en équivalents temps plein à près de 250 000 emplois pour le haut de la fourchette, mais pour la plupart des emplois saisonniers et non pérennes. Il s’agit bien de retombées de court terme, sachant que, selon le comité de candidature, 95% des équipements existent déjà ou étaient programmés.

Des bénéfices réels mais pas à la hauteur de l'investissement

Le président de la République Emmanuel Macron a prévenu : organiser les JO à Paris en 2024 est un projet extrêmement limité sur le plan budgétaire. L’Etat abondera à hauteur d’un milliard d’euros, les collectivités de 500 millions.

Les travaux académiques montrent que les coûts n’ont jamais été équilibrés, sauf dans deux cas bien précis : les JO de Los Angeles en 1984 et ceux de Barcelone en 1992, qualifiés de "réussites économiques".

Les études positives en amont sont généralement réalisées par des structures ou des cabinets qui ont intérêt à mettre en avant l’optimisme et à gonfler les prévisions. Mais selon les chercheurs, les bénéfices ne justifient pas les dépenses engagées. Les effets de substitution ou d’éviction sont généralement oubliés (fuite des touristes réguliers au profit d’une clientèle moins dépensière, etc.). Pour être vraiment bénéficiaires, les pays et les villes d’accueils devraient imposer leurs conditions au CIO et pas l’inverse.

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