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Le décryptage éco. Retraites : la pénibilité au coeur des débats

Le projet de loi sur les retraites est examiné à partir de lundi 17 février par les parlementaires. Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Express")

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Eboueur, un travail où la pénibilité existe. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

Les parlementaires commencent lundi 17 février la discussion, en séance plénière, du projet de loi sur les retraites. On va beaucoup parler pénibilité au travail. Sur le sujet, le projet de loi est assez sommaire. 

La CFDT place ses espoirs dans le débat parlementaire qui s'ouvre. La pénibilité, c'est son cheval de bataille et elle a sensibilisé plusieurs parlementaires sur le sujet. L’enjeu pour le syndicat réformiste, c’est que la réparation de la pénibilité soit prise en compte. La réparation, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que, dans le futur système universel des retraites, quand on a occupé un métier pénible pendant plusieurs années, on accumule suffisamment de points pour partir plus tôt à la retraite. Pour partir, sans pénalités, sans malus, avant l’âge d’équilibre.  

Pour l’instant, le texte de loi proposé par le gouvernement prévoit surtout des avancées concernant la prévention de la pénibilité : il donne des facilités pour accéder à des formations pour changer de voie, se reconvertir, ou encore pour passer à temps partiel, mais le projet de loi ne prévoit en aucun cas, de permettre de s’arrêter avant. Et C’est sur ce volet "départ anticipé", pour réparer, en quelque sorte, les dégâts commis par des métiers pénibles, que la CFDT se bat sans relâche, au point que le syndicat de Laurent Berger en a fait une ligne rouge.  

Le patronat bloque

Le Medef surtout est vent debout contre l’extension de la pénibilité. Pour lui, ca reviendrait à recréer des régimes spéciaux avec des départs avant l’âge. Le gouvernement non plus n’est pas très chaud, sachant qu’en plus, pour la CFDT, cette réforme des retraites doit être l’occasion de prendre en compte la pénibilité dans son sens le plus large, c’est-à-dire en réintégrant les quatre critères supprimés il y a trois ans : l’exposition aux vibrations, le contact aux agents chimiques dangereux, mais aussi le port de charges lourdes, ou encore les postures pénibles. Autant dire que pour le Medef, il n’en est pas question. 

Que peuvent faire les députés ?

Jacques Maire et Guillaume Gouffier-Cha, les rapporteurs du projet de loi, qui sont deux députés de La République en marche, ont déjà déposé des amendements pour que la pénibilité soit mieux prise en compte. Sans entrer dans les détails, ils proposent qu’il y ait des négociations par branche professionnelle, c’est-à-dire par filière, pour définir des métiers qui ouvrent à des départs anticipés et ils suggèrent qu’en cas d’échec de ces négociations, ce soit le gouvernement qui tranche, et liste les catégories de travailleurs éligibles à des départs anticipés. Pas sûr toutefois que l’amendement soit adopté, parce que le problème, c’est évidemment le coût. Qui payerait ces retraites anticipées ? Les secteurs qui ont des métiers pénibles ou toutes les branches professionnelles ? À moins que ce ne soit toute la société ? La question financière va alimenter les débats, c’est le nerf de la guerre.               

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