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Le décryptage éco Une augmentation, mais quelques ristournes : les petites concessions des sociétés d'autoroutes

Lundi, Elisabeth Borne a reçu les sociétés d’autoroutes. La ministre des Transports leur a demandé des efforts sur le prix des péages qui doivent augmenter de 1,8% le 1er février prochain. Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Opinion")

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
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Temps de lecture : 3 min
Panneau qui annonce la proximité d'une gare de péage dans les Alpes-Maritimes. (MAXPPP)

Mauvaise nouvelle pour les automobilistes, les tarifs des péages vont augmenter comme prévu le 1er février prochain de 1,8%. Ce chiffre de 1,8 % est une moyenne et  les hausses seront plus ou moins élevées selon les contrats de concession que les sociétés d’autoroute ont conclu avec l’Etat.

Mais la bonne nouvelle, c’est que ces concessionnaires ont proposé des tarifs préférentiels pour ceux qui empruntent presque quotidiennement l’autoroute pour leur trajet domicile travail. Ce devrait être des formules d'abonnement avantageuses. Ces ristournes existent déjà, mais seulement sur quelques tronçons, Là, elles pourraient être étendues plus largement sur le réseau. Les trois plus grosses sociétés, Vinci, Sanef et Eiffage, planchent sur une formule commune d’abonnement.

Pas de gel des tarifs

Il n'y aura pas de contreparties... a priori. Même si les sociétés auraient bien aimé troquer un gel des tarifs des péages contre un allongement de leurs concessions par exemple. Mais vu le contexte social, cette position était intenable. Le réseau autoroutier est une cible privilégiée des "gilets jaunes" , plusieurs péages ont été incendiés ces dernières semaines. La colère contre les sociétés d’autoroute n’est pas nouvelle, chaque année, la hausse des tarifs de péages a du mal à passer, car elle renvoie à la façon dont s’est faite la privatisation du réseau, en 2006.

Mais dans le contexte, les sociétés d'autoroutes se disent qu'il vaut mieux calmer le jeu, pour éviter par exemple, que le sujet de la renationalisation des autoroutes ne revienne sur le tapis et ne soit intégré lors du grand débat.

La hausse des tarifs est maintenue parce que cela aurait été une perte extrêmement lourde pour elles, qui se mesure en milliards d’euros. On ne sait pas encore exactement à combien vont se chiffrer les offres préférentielles, mais c’est moins important. Et puis ces hausses sont très réglementées.

D’ailleurs, Elisabeth Borne ne demande pas un gel des tarifs, la ministre estime que c’est une mauvaise idée qui se retourne toujours contre l’usager. Elle cite souvent l’exemple de 2015, lorsque Ségolène Royal avait gelé les augmentations des péages. Résultat : les sociétés d’autoroutes s'étaient rattrapées les années suivantes et ce rattrapage, on le paie encore maintenant et jusqu’en 2023. Cette année, il représente selon les sociétés d’autoroute, entre 0,1% et 0,3% de l'augmentation des tarifs. Elisabeth Borne s’en souvient d’autant mieux qu’elle était à l’époque directrice de cabinet de Ségolène Royal.

Vigilance sur les hausses à venir

Les sociétés d’autoroutes y gagnent. L’accord entre l’Etat et les concessionnaires, n’est pas complètement finalisé et il faut attendre d’avoir les modalités exactes mais les concessionnaires vont en effet pouvoir recruter de nouveaux abonnés et fidéliser une clientèle. Le risque, aussi, c’est que pour compenser les rabais qu’elles font à ces clients du quotidien, les sociétés augmentent les tarifs par ailleurs. Le ministère dit être très vigilant, une nouvelle réunion avec des annonces plus précises doit se tenir avant la fin de la semaine.

Pour rappel, en 2017, les sociétés gestionnaires d'autoroutes ont généré un chiffre d'affaires de plus de 10 milliards d'euros, pour un résultat net de presque trois milliards d'euros, selon l'Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer).

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