Législatives 2024 : quels risques font peser les différents programmes sur les finances publiques ?

Les programmes des différentes formations politiques s'affichent depuis vendredi et ils ont un point commun : ils font la part belle aux dépenses. Creuser la dette signifie aussi trouver des investisseurs pour accorder des crédits. À quel prix ?
Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Pour financer toutes les promesses électorales présentes dans les programmes, le gagnant des élections législatives - quel qu’il soit - sera obligé d’emprunter encore plus (photo d'illustration, le 21 avril 2021). (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS)

Il est normal quand on est en campagne de faire des propositions séduisantes pour attirer les électeurs plutôt que de promettre du sang et des larmes. Mais que ce soit du côté de l'alliance du Nouveau Front populaire ou du côté du Rassemblement national, ces programmes économiques promettent d’être si généreux qu’ils en sont extrêmement coûteux.

Plusieurs centaines de milliards d'euros à droite et à gauche, plusieurs dizaines à Renaissance

On n’a pas encore de chiffrages précis, mais on a déjà de grandes masses de sommes avancées. Du côté du Nouveau Front populaire, entre le retour à la retraite à 60 ans, l’indexation des pensions sur les salaires, l’augmentation des fonctionnaires de 10%, la hausse du smic à 1600 euros net, il y en a pour des centaines de milliards d’euros. Côté recettes, pour financer ces promesses, le nouveau Front populaire table essentiellement sur les impôts : rétablissement de l’ISF, l’impôt sur la fortune, hausse de droits de succession, hausse de la CSG, etc. L’équation ne semble pas totalement équilibrée.

Le Rassemblement national propose aussi de nombreuses de dépenses, comme supprimer des taxes sur les carburants, baisser la TVA sur une centaine de produits de première nécessité, nationaliser les autoroutes. Il y en a également pour des centaines de milliards d’euros. Pour tout financer, le RN compte sur des rentrées d’argent en luttant contre la fraude ou en supprimant l’AME, l’aide médicale d’État pour les immigrés, qui rapportera plus d'un milliard par an dans les caisses. Là aussi, ces mesures risquent de ne pas suffire et de creuser encore le déficit.

Côté Renaissance, il y a aussi des dépenses. Porter la prime défiscalisée à 10 000 euros par an, indexer systématiquement les pensions de retraite sur l’inflation aura un coût de l’ordre de dizaines de milliards d’euros, ne sont pas des mesures neutres sur les finances publiques. Leur facture , en tout cas pour le moment reste néanmoins nettement moins élevée que celles présentes dans le programme des autres formations, à droite comme à gauche.

Quels investisseurs pour prêter à la France et à quels taux ?

Le problème est que la France n'a pas les moyens de financer tous ces programmes. Le pays vit déjà largement à crédit, avec une dette qui dépasse les 110% du PIB. Une dette détenue, on le rappelle, presque à moitié par des investisseurs étrangers, des Américains, des Japonais, des Quataris, etc.

Pour financer toutes ses promesses, le gagnant - quel qu’il soit - sera obligé d’emprunter encore plus. Reste à savoir qui nous prêtera, et surtout à quel niveau ? On l’a vu durant la semaine du 10 juin, les taux commencent déjà à augmenter. Les investisseurs prêtent mais plus chers. Le risque est que, face à tant de dépenses à venir, ils se disent que le projet n’est pas crédible, que la France ne sera pas capable d’honorer ses créances.Il y a une certitude : les premières conséquences de ces futures élections promettent d’être le dérapage de nos finances publiques.

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