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Les ambiguïtés britanniques vis-à-vis des migrants

Dans le cadre de la matinale spéciale de France Info en direct de Calais, gros plan sur la position du Royaume-Uni sur la question des migrants. Le thème de l’immigration est devenu omniprésent dans le débat politique dans le pays. Pourtant, il n’y a pas si longtemps encore, Londres avait ouvert grand ses portes aux étrangers…
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

 C’est toute l’ambiguïté, l’ambivalence, si ce n’est le double-jeu britannique sur ce sujet brûlant. L’hyper-sensibilité de nos voisins britanniques ne vient pas tant de l’afflux actuel de migrants à Calais que d’une histoire qui a commencé il y a un peu plus de dix ans, en 2004 exactement. Cette année-là, alors que les pays d’Europe de l’Est entrent enfin dans l’Union européenne, le Royaume-Uni est l’un des très rares pays (pour ne pas dire le seul) à ouvrir immédiatement ses portes à cette nouvelle main d’œuvre venue de l’Est.

Le résultat, c’est un afflux massif de Polonais surtout, il y a aujourd’hui 2,5 millions de résidents européens en Grande-Bretagne, soit 1,5 million en plus en dix ans, c’est colossal. Les travaillistes qui gouvernaient alors le pays ont estimé que cette ouverture serait bonne pour leur économie et cela fut totalement vrai. Globalement, cette main d’œuvre étrangère, souvent qualifiée, a une revanche à prendre sur la vie. Elle a vraiment « boosté » la croissance britannique. Une étude officielle montre ainsi que les travailleurs étrangers ont contribué en une décennie pour plus de 26 milliards d’euros dans le budget de l’Etat, soit beaucoup plus que les différentes allocations ou aides sociales dont ils ont pu bénéficier.

Mais avec la crise financière de 2008, la situation s’est retournée.

Oui, et une certaine xénophobie s’est développée. Les Polonais qui s’étaient bien intégrés ont été dénoncés soudainement par l’extrême-droite comme des bouffeurs d’allocations, des voleurs d’emplois, en dépit bien sûr des chiffres et des études qui montraient tout l’inverse.

Il faut bien réaliser qu’au Royaume-Uni, le débat sur l’immigration vise presque exclusivement les Européens. Cameron promet de serrer la vis. Il exige de l’Europe aussi des mesures plus répressives. 300.000 immigrés arrivent chaque année au Royaume-Uni, c’est presque le double de la France. Cameron exige aussi des patrons britanniques que des contrôles plus stricts soient menés sur les titres de séjour des employés. Dans les faits, certains patrons persistent et continuent à publier des petites annonces dans les pays de l’Est pour recruter de la main d’œuvre au grand dam des syndicats. Les patrons ne cherchent pas seulement des compétences particulières, ils profitent aussi d’une main d’œuvre très bon marché qui fait pression à la baisse sur les salaires, exactement comme aux Etats-Unis.

Les migrants ne sont pas tous européens, notamment maintenant, beaucoup viennent d’Afrique. Ont-ils plus de chances de s’intégrer au Royaume-Uni ?

C’est sans doute vrai, ne serait-ce qu’à cause de la langue anglaise que connaissent beaucoup de migrants et d’une société multiculturelle où sont structurées des communautés qui peuvent accueillir des possibilités de trouver plus facilement du travail, même quand on est sans-papiers. Mais tous les partis, au-delà de leurs différences idéologiques, ont aujourd’hui adopté une ligne dure, dans un pays qui a pourtant habilement, et presque de façon schizophrène, toujours su concilier ses intérêts les plus prosaïques.

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