Les grandes lignes du budget 2016 font grincer les dents du Medef
Comme souvent, il y a au moins de manière de voir, deux lectures possibles de ce dernier vrai budget avec l’élection présidentielle. La première correspond à une mention assez bien, ou plutôt en progrès, au regard des résultats assez médiocres des années précédentes. Le gouvernement peut avancer plusieurs arguments pour défendre ses choix.
1 – D’abord il tient enfin ses promesses, en tout cas celles de l’an passé : l’exécution du budget 2014 est dans les clous, tout ça dans un contexte encore très convalescent, avec un petit mieux de croissance de 1%. Pour 2015, le gouvernement reste prudent et mise sur 1 point et de demi de croissance, ce qui paraît, à ce stade plutôt réaliste.
2 – Le déficit public continue à diminuer, lentement mais surement : entre 2012 et 2015, il aura donc baissé de 1%, et en 2016, Michel Sapin prévoit à 3,3. Ce n’est pas mirobolant, mais on devrait finir par se rapprocher des 3% réglementaires en 2017.
3 – Le gouvernement peut enfin plaider qu’il a financé ses priorités, notamment ses gestes fiscaux, au prix de quelques coupes supplémentaires et surtout de quelques acrobaties. Mais c’est fait.
Des lectures differentes
C’est qu’il y a une autre lecture possible, Fabienne, qui là est plus sévère, plus exigeante.
Ce n’est pas tant le rythme de réduction des déficits qui est en cause, après tout dans une période de toute petite croissance, on le sait c’est beaucoup plus difficile et plus dangereux de réduire les dépenses. Non, ce qui choque au bout de trois ans et demi, c’est l’absence presque totale de réformes de fond pour tout ce qui touche au fonctionnement de l’Etat, à ses règles, à ses choix, à cette vieille mécanique de dépenses publiques, dont chacun perçoit bien pourtant qu’elle est toujours moins efficace, moins performante, plus vraiment adaptée aux exigences d’un Etat moderne dans la mondialisation. On a coupé, parfois à la marge, un peu partout, mais pas réformé.
On peut vous objecter Vincent, les multiples réformes fiscales ou la grande réforme territoriale
Certes, mais regardons de près : sur le plan fiscal, le gouvernement fait sortir aujourd’hui de l’impôt sur le revenu des ménages qui y étaient entrés en 2012, on revient donc à la situation antérieure sans avoir changé aucun des déséquilibres, ni corrigé des aberrations. Quant à la réforme territoriale, oui on a créé de grandes régions, renforcé les métropoles, tout ça est bien mais à ce stade on a continué à empiler les niveaux de responsabilités et les structures administratives, sans choisir, et la France garde un système sur-administré et extrêmement couteux.
La Cour des comptes n’a cessé d’aiguillonner le gouvernement ces ce sujet, elle n’aura été que très peu écoutée.
Un économiste, conseiller du gouvernement, m’a glissé cette remarque en forme d’aveu : si la réforme de l’Etat n’est pas pensé et minutieusement préparé avant d’arriver au pouvoir, alors il ne se passe rien de fondamental ensuite, car le sujet est trop compliqué et trop sensible.
Voilà une leçon que devraient méditer tous les candidats à la fonction suprême, et dieu sait qu’ils sont nombreux en ce moment !
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