Nos diplomates font du business
Nos diplomates, nos ambassadeurs, font désormais du business, ou en tout cas, sont sommés par le gouvernement de consacrer au moins la moitié de leur temps à aider les entreprises françaises à l’étranger, et pas seulement nos grandes entreprises, les aider à vendre leurs produits, à s’implanter, de même qu’ils doivent vanter les mérites de la France aux investisseurs étrangers. Hier encore, Emmanuel Macron, le ministre de l’économie, a réuni à Bercy les membres de la direction Trésor basés à l’étranger, pour leur dire que leur première mission était de vendre la France, de s’occuper des entreprises françaises, de contrer le « french bashing », comme on dit en anglais, cette manière de taper sur la France et sa réputation de pays où les entreprises et les salariés sont surtaxés et entravés par une bureaucratie kafkaïenne. « Il faut que vous soyez les fers de lance de la célébration de la France », a même dit à ses équipes le directeur général du Trésor.
Au quai d’Orsay, c’est exactement le même langage que tient Laurent Fabius, très en pointe sur le sujet, depuis qu’il a récupéré sous sa coupe il y a un an le portefeuille du commerce extérieur. Depuis le 1er janvier, pour plus d’efficacité, la France a lancé « Business France », fruit de la fusion deux de ses agences spécialisées, UbiFrance dont la mission est d’aider les entreprises à se lancer à l’export, et l’Agence française pour les investissements internationaux.
Le gouvernement sonne maintenant la mobilisation générale
Et bien d’abord, Fabienne, parce que la France, par un étrange paradoxe était en retard en la matière. La France dispose du troisième réseau diplomatique au monde, juste après la Etats-Unis et la Chine, un réseau exceptionnel en nombre de diplomates et en implantations dans presque tous les pays de la planète. Mais ce réseau se consacre encore davantage à la diplomatie traditionnelle qu’aux dures réalistes des affaires. Or, on le sait, l’influence aujourd’hui, c’est aussi une capacité à vendre ses produits, en l’occurrence le « made in France ». C’est ce qu’ont très bien compris depuis fort longtemps les Américains, qui pratiquent en la matière, avec le soutien permanent du président, une diplomatie économique extrêmement conquérante, chefs d’entreprise et diplomates travaillent depuis longtemps main dans la main.
Il y a une autre raison à cette mobilisation, c’est notre déficit commercial
Nos chiffres ne sont pas bons et depuis longtemps. On a appris hier par les douanes, les résultats du mois de novembre de notre commerce extérieur : la France accuse encore un déficit de plus de trois milliards de sa balance commerciale : la France continue à acheter plus qu’elle ne vend à l’étranger. Et figurez-vous que ce n’est pas nouveau, puisque ça dure depuis 10 ans : la balance commerciale de la France est déficitaire depuis 2004. C’est l’un des gros points noirs de notre économie, même si nos exportations ont tendance à se redresser légèrement. Les entreprises françaises ont encore du mal à s’insérer dans le jeu de la mondialisation : La France compte 120.000 entreprises exportatrices, c’est 100 .000 de moins que l’Italie, ou même moitié moins que l’Allemagne. Bref, il était temps de sonner la mobilisation générale.
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