Quand la crise grecque justifie l'austérité...
L’affaire grecque s’est invitée partout ces derniers jours, sur toutes les scènes nationales en Europe, pour justifier ou dénoncer telle ou telle politique. Le cas le plus flagrant, c’est celui de nos voisins anglais : le gouvernement de David Cameron présentait mercredi son projet de budget 2015-2016, et toute l’argumentation du très conservateur ministre des Finances George Osborne reposait sur un seul argument, dénonçant non pas les ravages de l’austérité, mais bien au contraire l’horreur et le danger du laxisme à la grecque. Voilà un pays, le Royaume Uni qui fut gouverné pendant quatre ans par une coalition de la droite et du centre qui mit en œuvre une vraie politique d’austérité. Désormais les conservateurs exercent seuls le pouvoir et leur budget porte leur couleur : et ce sera donc une double dose l’austérité, avec un budget qui prévoit 17 milliards de coupes supplémentaires. Dans le viseur, les dépenses sociales qui avaient pourtant été déjà sévèrement rognées : "Nous devons passer , a dit Osborne, d'une société de bas salaires, de dépenses sociales élevées et d’impôts élevés à une société de hauts salaires, de dépenses sociales basses et d’impôts bas ". Voilà le programme britannique.
Mais pourquoi s’imposer encore une telle purge ?
Oui, ça peut paraître curieux alors que depuis deux ans, le Royaume Uni affiche une croissance forte, plus du double de celle de la France, que le chômage a totalement fondu (même s’il y a beaucoup de petits jobs), mais, il y a un mais, les comptes britanniques ne sont pas encore en ordre : le déficit public atteindra encore 4% cette année et le poids de la dette est même un peu supérieur, en valeur, à celui de la France, dépassant les 2.100 milliards d’euros. Les britanniques s’imposent donc une réduction à marche forcée de leur déficit et de leur dette. Ils n’ont pas oublié le traumatisme d’avoir été eux aussi au bord de la faillite complète à la fin des années 70, juste avant l’arrivée de Margaret Thatcher.
Et en Espagne, les conservateurs agitent aussi l’épouvantail de la Grèce…
Il s’agit encore là aussi d’un gouvernement conservateur qui a conduit une sévère politique d’austérité. Très contesté dans les élections intermédiaires, le parti du premier ministre Mariano Rajoy défend son bilan, alors que l’Espagne va mieux, beaucoup mieux, et caracole même en tête des pays à la plus forte croissance en Europe, avec l’Irlande. Rajoy ne cesse de répéter ces jours-ci que l’Espagne aurait pu connaître un scénario catastrophe comparable à celui de la Grèce, si son gouvernement n’avait pas pris à temps les mesures drastiques qui s’imposaient. L’Espagne était aussi au bord de la faillite en 2011, il n’y a pas si longtemps. On sait aussi qu’en Espagne, l’austérité a été terrible et qu’elle a suscité l’émergence d’un parti de la gauche radicale, semblable à celui de Syriza en Grèce, parti qui porte le nom de Podemos. A quelques mois d’élections législatives décisives, le cas de la Grèce sera ici plus encore qu’ailleurs, un sujet permanent du débat politique.
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