Temps de travail : est-ce que la fin des 35 heures, proposée par Gérald Darmanin, est une source d'économies ?

Gérald Darmanin a avancé dimanche des pistes d'économies avec l'objectif de faire "travailler plus" les Français, un débat qui agite la classe politique quasiment depuis l'instauration des 35 heures dans les années 2000.
Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
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Gérald Darmanin à l'Assemblée nationale le 2 octobre 2024. (LP/OLIVIER ARANDEL / MAXPPP)

Gérald Darmanin a estimé, dans une interview accordée aux Échos, lundi 6 octobre, qu’il fallait mettre définitivement fin aux 35 heures dans le privé et de passer à 36 ou 37 heures dans le public. Selon lui, ce serait un bon moyen de renflouer les caisses de l’État. À l'heure actuelle, les Français travaillent plus que 35 heures. Selon l'Insee, la durée habituelle hebdomadaire du travail pour l’ensemble des personnes en emploi en France dépasse les 37 heures en 2022. Toutefois, il existe de grandes disparités. Si on prend uniquement les salariés à temps complet du privé, c’est presque 39 heures. Les cadres sont à plus de 41 heures, et les agriculteurs dépassent les 50 heures.

Ces chiffres parlent de travail effectif qui, depuis le COVID, a plutôt tendance à augmenter. Les 35 heures sont donc loin d'être une généralité. De plus, depuis leur instauration dans les années 2000, il y a eu de nombreuses lois pour les assouplir, les détricoter et les aménager. 

La question que pose Gérald Darmanin est le coût de ces heures, mais cela dépend beaucoup des conventions collectives et des accords d’entreprises. Au-delà de 35 heures, on passe en heures supplémentaires qui sont certes plus chères et majorées, mais qui peuvent entraîner des exonérations de charges, des compensations ou des RTT.

Un système complexe et une bombe sociale

En réalité, le système est tellement complexe, qu’aujourd’hui, dans les entreprises, personne n’a vraiment envie de toucher aux 35 heures. Ce n’est d’ailleurs pas une demande formelle du patronat. Les employeurs affirment avoir mis tellement de temps à signer des accords, et à adapter l'organisation du travail, qu’ils n’ont plus envie de revenir dessus.

En plus, c’est une bombe sociale, les syndicats monteraient immédiatement au créneau, et personne n’a très envie de rentrer dans un conflit social dur. Enfin, cela compliquerait encore les recrutements, car les salariés aspirent tous à un meilleur équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle. Ils sont sensibles à la semaine en quatre jours, ou aux 32 heures.

Cependant, par rapport aux autres pays, les Français travaillent moins et c’est le problème en réalité. Le déficit de la France concerne surtout la durée globale de travail tout au long de la vie. Or, les Français rentrent tard sur le marché du travail, et en matière d’emploi des seniors, le pays est à la traîne. En tout cas, pour financer le système social, l’équation ne tient pas. 

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