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Vive tension entre la Grèce et l'Espagne

La Grèce et l’Espagne ont passé une partie du week-end à se disputer : Athènes accuse le chef du gouvernement espagnol d’avoir voulu asphyxier la Grèce lors des dernières négociations financières avec l’Europe. Pourquoi une telle tension, entre ces deux pays ?
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Franceinfo (Franceinfo)

Le conflit entre l’Espagne et la Grèce couvait depuis un certain temps déjà. Il y a d’abord une différence idéologique marquée : l’Espagne est dirigée par Mariano Rajoy, leader de la droite conservatrice tandis qu’en Grèce depuis quelques semaines, c’est le leader de la gauche radicale Alexis Tsipras. Mais si le conflit s’est envenimé, c’est que le gouvernement conservateur en Espagne va affronter sa propre gauche radicale lors des élections régionales de mai prochain et puis les élections législatives décisives de novembre. En Espagne, le parti d’extrême gauche, Podemos, ressemble comme deux gouttes d’eau à celui Syriza le parti d’Alexis Tsipras : Podemos créé il y a tout juste un an, pour dénoncer l’austérité, le naufrage social et la corruption des élites, fait aujourd’hui jeu égal dans les sondages avec les conservateurs, c’est dire si Mariano Rajoy a de quoi être un peu fébrile d’autant qu’à Athènes, Alexis Tsipras ne se prive pas de mettre de l’huile sur le feu.

La situation économique des deux ne se ressemble pas 

Oui, même si Ça serait certainement abusif de dire qu’en Espagne l’austérité a réussi dans un pays où plus d’un jeune sur deux est au chômage, mais, oui, effectivement, l’Espagne commence à aller mieux : la croissance est repartie, elle pourrait atteindre 2,5% cette année après une hausse de 1,4% en 2014, le déficit public revient à peu près dans les clous, et surtout l’Espagne, grâce à ses efforts a regagné de la compétitivité. Elle attire à nouveau les investissements, on assiste à un déplacement de la capacité de production européenne vers ce pays redevenu extrêmement compétitif. L’exemple est flagrant dans l’automobile : pensez que l’an dernier, l’Espagne a produit 2 millions 400 000 véhicules, soit la production de la France et de l’Italie réunies ! L’Espagne est donc en train de reprendre des parts de marché à ses partenaires européens, et à la France en particulier qui ferait bien d’ailleurs de s’en préoccuper. 

Est-ce qu’on peut dire que pour l’Espagne, la page de la crise est enfin tournée ?

Pas totalement, même si beaucoup a été fait. D’abord parce que si la situation sociale s’améliore, elle reste préoccupante. Ensuite, vous vous souvenez que c’est l’éclatement d’une bulle immobilière en 2008 qui avait plongé l’Espagne dans une profonde récession. Et bien cette bulle n’a sans doute pas encore été totalement purgée : aujourd’hui même, ce lundi, un grand promoteur espagnol, Martinsa-Fadesa, pourrait être mis en liquidation judiciaire, avec un passif considérable de plus de 6 milliards d’euros. On peut donc conclure en disant que l’Espagne est encore en convalescence, mais il faut vite ajouter qu’il faudrait être aveugle ou de très mauvaise foi pour affirmer que l’Espagne est atteinte du même mal que la Grèce.

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