Datacenters : la face cachée très polluante d'Internet

Sans eux, pas d'Internet. Les datacenters, ces usines du numérique remplies de serveurs et d'ordinateurs, sont de plus en plus nombreux. Très énergivores et gourmands en métaux rares, les datacenters sont la deuxième source de pollution du numérique derrière nos terminaux.
Article rédigé par franceinfo - Joachim Dauphin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un datacenter appartenant à SFR près de Rennes le 20 décembre 2020 (DAMIEN MEYER / AFP)

À chaque fois que vous postez une photo sur Instagram, regardez une vidéo sur Tiktok, envoyez un message sur WhatsApp, un datacenter s'active quelque part sur la planète. Ces usines du numérique ressemblent pour la plupart à d'immenses hangars ultra-sécurisés. À l’intérieur, des armées d'armoires empilant serveurs et ordinateurs. Ces datacenters fonctionnent 24h sur 24.

Selon l’Agence internationale de l’énergie, ces datacenters consomment actuellement 1,5 % de l’électricité mondiale. Et ce chiffre pourrait atteindre 10 % en 2030.

"Le plus gros problème des datacenters, c'est qu'ils chauffent. "Ils consomment beaucoup d'électricité et en même temps produisent beaucoup de chaleurs."

Bruno Bzeznik, ingénieur de recherches à l'université Grenoble-Alpes.

à franceinfo

"Un des rôles principaux des datacenters, reprend Bruno Bzeznik, ingénieur de recherches à l'université Grenoble-Alpes, membre collectif EcoInfo, un collectif du CNRS spécialiste de l'étude de l’impact environnemental du numérique, c'est de refroidir ces serveurs et ordinateurs de manière efficace." 

Pour les géants du numérique, les datacenters sont un actif stratégique. Pas uniquement parce qu'ils stockent nos données les plus intimes. "Ces datacentres ont non seulement une empreinte environnementale, mais aussi un coût", rappelle Bruno Bzeznik. "Ils cherchent à optimiser ce coût en étant le plus efficace possible", précise-t-il. Refroidissement des machines avec l'air extérieur, récupération de la chaleur pour le chauffage urbain, recyclage de l'eau, développement des énergies renouvelables, les datacenters sont à la pointe de la modernité.

Des métaux rares dans les serveurs

Selon le site de Meta, la firme a investi au moins 50 milliards de dollars pour construire 21 datacenters toujours plus sophistiqués. Trois d'entre eux sont situés en Europe (Danemark, Suède et Irlande), un en Asie et 17 aux États-Unis. Ils doivent permettre à Meta de répondre aux besoins qui ne cessent d'augmenter. Une demande qui s'accentue chaque jour avec le développement de l'intelligence artificielle, très gourmande en requêtes pour les serveurs.

Fin novembre, la firme de Mark Zuckerberg a ainsi inauguré l'un des datacenters les plus modernes du monde. Il se situe à 1 heure de route de Chicago, à DeKalb, dans l'Illinois. Quelque 300 000 m2 de bâtiments alimentés à 100% par des énergies renouvelables, affirme Meta. À l’intérieur, ce sont des robots qui s'occupent principalement de la maintenance.

Mais la consommation d'énergie n'est pas la seule empreinte écologique des datacenters, souligne Bruno Bzeznik. "Pour construire un serveur, il va falloir de l'énergie pour les fabriquer. Parfois même plus d'énergie que ce qu'il va consommer pendant sa durée de vie. Et il faut des matériaux. Parmi lesquels on trouve des métaux rares, dont l'extraction est parfois la source de conflit", explique l'ingénieur.

À notre échelle, nous avons aussi tous un moyen de limiter le développement du nombre de datacenter dans le monde. En les sollicitant moins. Pour cela, vous l'aurez compris, il faut, par exemple, poster moins sur nos réseaux sociaux ou faire le ménage dans nos messageries.




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