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Le Geek de A à Zeid : Bore-out

Tout l'été avec Jean Zeid, France Info décrypte les expressions issues des nouvelles technologies et qui se sont peu à peu imposées, parfois jusque dans les pages des bons vieux dictionnaires. Le mot du jour : bore-out.
Article rédigé par Jean Zeid
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
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S’ennuyer à mourir. Cette expression autrefois réservée aux weekends pluvieux et à l’adolescence sur les parvis d’églises, cette expression se retrouve désormais accolée au monde de l’entreprise. Et si le burn-out, c’est à dire l’épuisement professionnel lié à un trop plein d’activité, fait l’objet d’une lente démarche de reconnaissance en tant que maladie professionnelle, le bore-out est au mieux raillé, au pire tabou. De toute façon, les témoins restent le plus souvent anonymes

Cet état dépressif lié à l'ennui au travail toucherait des salariés généralement "placardisés" ou dont les tâches sont tellement répétitive et vidées de leurs sens que la dépression guette. Un ennui prolongé qui génèrerait une souffrance bien réelle, une attaque violente contre l’estime de soi qui peut se transformer assez vite en questionnement de son rôle dans la société et la vie en général. Et à la clé, de la démotivation et puis l’angoisse. Et à terme, de la dépression.

Placardisé

En mai dernier, le premier procès du bore-out se tenait en France au conseil des prud’hommes de Paris. Un salarié accusait son ancienne entreprise de l’avoir conduit à l’épuisement en le mettant "au placard".

"Placardisé" alors qu’il occupait un poste de responsable, il dit avoir été  "relégué à des tâches qui n’avaient rien à voir avec son travail d’origine. La décision sera rendue demain. Mais pour certains, le bore-out n’est pas une maladie professionnelle mais plutôt un accident provoqué par le dégout de son propre travail. Reste que selon une étude publiée en 2011 dans La Revue internationale de psychologie et de gestion des comportements organisationnels , le bore-out serait cette maladie honteuse d’une Europe qui n’a plus assez de travail pour ses citoyens. Un symptôme qui s’oppose également à son époque. En 2016, comment s’ennuyer avec Internet, les réseaux sociaux, les médias, les loisirs et qu’une grande majorité se dit absolument "dé-bor-dée".

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