Bénédiction des couples homosexuels : "Le texte du Saint-Siège a suscité des malaises", réagit l'évêque de Nanterre

Membre du Conseil permanent de la Conférence des évêques de France, Monseigneur Matthieu Rougé insiste sur le fait que la bénédiction concerne des individus et que le mariage, c'est uniquement entre un homme et une femme.
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Monseigneur Matthieu Rougé, évêque de Nanterre et membre du Conseil permanent de la Conférence des évêques de France, le 11 janvier 2024 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"Le texte du Saint-Siège sur le mariage et les bénédictions a suscité des interrogations, voire des malaises, et nous le prenons au sérieux", a réagi jeudi 11 janvier sur franceinfo Monseigneur Matthieu Rougé, évêque de Nanterre et membre du Conseil permanent de la Conférence des évêques de France. Dans une lettre adressée en juillet à des cardinaux conservateurs et publiée début octobre, le pape François a invité à rechercher des formes de bénédiction qui pourraient répondre aux demandes des couples homosexuels. L'Église de France a rejeté la proposition de Rome : "La bénédiction, elle s'adresse aux personnes", a rappelé l'évêque. "Quel que soit l'état de vie de chacun, la relation avec Dieu, c'est toujours une relation personnelle", a-t-il souligné.

franceinfo : Avez-vous une lecture restrictive du texte du Saint-Siège ?

Monseigneur Matthieu Rougé : Le texte du Saint-Siège sur le mariage et les bénédictions avant Noël a suscité des interrogations, voire des malaises, et nous le prenons au sérieux.

"Nous rappelons, comme le faisait le Saint-Siège, que par fidélité à la Bible et l'Évangile, nous ne pouvons que marier un homme et une femme désireux de s'engager librement dans la fidélité et l'ouverture aux enfants."

Monseigneur Matthieu Rougé, évêque de Nanterre et membre du Conseil permanent de la Conférence des évêques de France

à franceinfo

Troisièmement, nous avons à manifester l'amour de Dieu pour tous et pour chacun, ce qui passe par le fait de prier avec et sur les personnes.

Dans votre communiqué, vous parlez de bénir les personnes qui s'adressent à vous, pas les couples. Comment expliquez-vous cette nuance ?

La bénédiction s'adresse aux personnes. Il faut bien comprendre le mot bénédiction. Comme évêque, je passe mon temps à rencontrer les gens qui me disent, quelle que soit leur situation de vie : "Monseigneur, bénissez-moi. Ma fille est malade, ma mère est morte". Qu'est-ce que je réponds à ces personnes ? Que le Seigneur vous aide, vous accompagne. C'est ça la bénédiction. La bénédiction, au sens où l'emploie le Saint-Siège de manière peut être pas toujours très claire, c'est prier avec et sur les personnes. Je passe ma vie à prier avec des personnes dans toutes sortes de situations pour leur dire que le Seigneur est avec vous, il vous aide. Mais ce qui est important pour nous aujourd'hui, c'est de dire très clairement le mariage homme femme d'une part, la bénédiction des personnes d'autre part, quelle que soit leur situation, pour manifester que chacun est appelé à se laisser toucher et transformer par l'amour du Christ.

Qu'est-ce que vous dites aux couples homosexuels catholiques ?

Nous manifestons que le Seigneur vient à la rencontre des personnes et de toute façon, quelle que soit l'histoire spirituelle de chacun, quel que soit l'état de vie de chacun, la relation avec Dieu, c'est toujours une relation personnelle. C'est toujours la rencontre personnelle avec Jésus-Christ. Une chose est de rappeler que, par fidélité à l'Évangile, le mariage, c'est un homme et une femme, et en même temps de manifester que l'amour de Dieu peut rejoindre chacun s'il ouvre son cœur à la lumière de l'Évangile.

Des témoignages de fidèles homosexuels disent sur franceinfo que dans dix ans, la bénédiction des couples homosexuels, ce sera un non-sujet. Vous l'entendez ?

Nous avons à être fidèles à Jésus-Christ, à l'amour insurpassable qu'il offre au monde et qui dépasse ce qui se trame dans l'histoire telle qu'elle va. Puis, l'attention à chacun. Il me semble que cette unité de l'amour et de la vérité que nous essayons de porter, elle sera durablement le chemin de l'Église.

Quitte à être mal compris par vos fidèles ?

Jésus que nous suivons a été si mal compris qu'il est mort sur la croix. Les disciples de Jésus s'exposent à être mal compris.

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