Emploi des seniors : "Il est vraiment temps d'arrêter de calculer en coûts", fustige l'association Senior for good
"Il est vraiment temps d'arrêter de calculer en coûts" lorsque l'on parle de l'emploi des seniors, fustige ce lundi sur franceinfo Frédérique Jeske, cofondatrice de l'association Senior for good, alors que les partenaires sociaux doivent se retrouver au siège du Medef pour essayer de trouver un accord sur le "pacte de vie au travail". Il s'agit d'un ultime round de négociations avant une nouvelle réforme de l'assurance chômage.
Frédérique Jeske accuse ce projet de réforme de "se tromper de cible" avec son volet sur l'indemnisation. La cofondatrice de Senior for Good ne voit "pas en quoi réduire une durée d'indemnisation va aider". Elle estime au contraire que cela accélérera "la mise en précarité de centaines de milliers de demandeurs d'emploi qui ne demandent qu'une chose : d'avoir la dignité par le travail".
"On ne demande pas l'aumône, mais à avoir notre place jusqu'à l'âge de la retraite."
Frédérique Jeske, Senior for goodà franceinfo
Elle dénonce l'existence d'une sorte de "date de péremption" pour les salariés âgés de plus de 45 ans. Avant cet âge, selon elle, "tout le monde vous veut quand vous avez un beau parcours, un profil, des compétences, vous êtes apprécié pour votre expérience". Puis, au fil des ans, le "traitement" des salariés plus âgés "change dans l'entreprise". Frédérique Jeske affirme par exemple qu'ils ont "beaucoup moins accès à la formation, à l'augmentation individuelle, à la promotion et à la mobilité professionnelle". Et quand l'âge de la retraite approche, les salariés sont considérés "du jour au lendemain" comme une forme d'"obsolescence", de manière "extrêmement brutale et violente".
"Le salaire des plus de 50 ans est équivalent au salaire médian des quarantenaires"
Frédérique Jeske détaille alors sa propre expérience. Elle raconte ainsi qu'il y a deux ans, alors qu'elle était directrice générale d'une "grande ONG", elle est approchée par un chasseur de têtes qui lui présente "un poste pour lequel [elle] coche toutes les cases". Sauf qu'elle a alors 56 ans et "l'employeur n'a pas voulu [la] recevoir parce qu'[elle était] trop vieille". Frédérique Jeske se souvient d'avoir eu l'impression que le "ciel [lui] tombait sur la tête". Elle explique d'ailleurs que ce moment est "très difficile à vivre". "On se pose beaucoup de questions, on perd beaucoup de confiance en soi et d'estime de soi", déplore-t-elle.
Frédérique Jeske entend donc dénoncer les "stéréotypes de l'âgisme", et notamment l'idée selon laquelle les seniors coûtent plus cher aux employeurs. La présidente de Senior for good évoque une étude de l'Apec qui démontre d'ailleurs l'inverse. "Le salaire des plus de 50 ans est équivalent au salaire médian des quarantenaires", affirme-t-elle. Frédérique Jeske souhaite donc "qu'on commence à calculer en valeur et en bénéfices" et que soient pris en compte les bénéfices que représentent "l'expérience, la compétence, la maturité, la loyauté et la fidélité à l'entreprise". Elle soutient en outre que "les demandeurs d'emploi seniors sont prêts à faire de gros efforts sur leur niveau de rémunération", notamment les cadres étant donné qu'ils sont à un âge où leurs "enfants ont fini les études" et leur "prêt immobilier est généralement payé".
La co-fondatrice de Senior for good en appelle donc à la "responsabilité" de tous. "C'est la responsabilité des pouvoirs publics, des partenaires sociaux de mettre en place les conditions pour inciter les entreprises si besoin à changer de comportement", assure-t-elle. Frédérique Jeske considère par ailleurs que "c'est aussi une responsabilité de chacun et chacune d'entre nous de changer ce regard que la société toute entière pose aujourd'hui sur l'âge, sur le vieillissement et sur la place au travail des salariés expérimentés".
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