Malbouffe : "Il faut prendre le problème dans son ensemble et ne pas reporter toute la responsabilité sur l'individu", défend un nutritionniste

Selon une étude, la malbouffe coûte plus de 12 milliards d'euros par an en dépenses de santé en France. Chef de l'unité Nutrition prévention à l’hôpital Bichat (Paris), Boris Hansel pointe notamment du doigt la publicité et la "pression marketing" auxquelles on est "plus ou moins sensibles", selon notre milieu social.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Boris Hansel, nutritionniste, chef de l’unité Nutrition Prévention à l’hôpital Bichat, et animateur sur Youtube de la chaîne PuMS, le 17 septembre 2024 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"Il faut prendre le problème dans son ensemble et ne pas reporter toute la responsabilité sur l'individu ou sur l'industriel", estime mardi 17 septembre sur franceinfo le médecin et chef de l'unité Nutrition prévention à l’hôpital Bichat (Paris), Boris Hansel. Une étude publiée mardi à l'initiative notamment de la Fédération française des diabétiques et du Secours Catholique, chiffre à 12 milliards d'euros le coût des dépenses de santé liées à la mauvaise alimentation en France.

Un chiffre qui n'étonne pas le médecin, puisque "ça fait plusieurs décennies que l'on sait que la malbouffe a un impact sur l'évolution des maladies chroniques". Pour autant, "la cause n'est pas unique", selon lui. Il remet déjà en perspective ce montant avec celui de "6 milliards d'euros investis dans la publicité agroalimentaire, dont une large part dédiée aux aliments très gras, très sucré, très salé". Alors que "c'est 1 000 fois moins" pour "le programme national Nutrition santé". Boris Hansel évoque aussi la "pression marketing", à laquelle "nous sommes tous sensibles". Des produits pas forcément bons pour la santé, mais qui "sont beaux, et qui sont associés à des gens qui sont en vacances, détendus, qui vont bien, vous avez un message subliminal : 'si vous mangez ça, vous allez être comme ça'", détaille-t-il.

On mange mieux "en haut de l'échelle sociale"

D'autant plus que nous ne sommes pas tous égaux face à cette "pression", on y est "plus ou moins sensibles" en fonction de notre milieu social, et cela se traduit en consultation selon le nutritionniste. "L'obésité est deux fois plus fréquente chez les personnes de niveau socioprofessionnel bas par rapport aux catégories plus hautes". "On mange moins bien quand on est en bas de l'échelle sociale que quand on est en haut", regrette Boris Hansel, parce que "ça coûte moins cher de mal manger". Surtout que les promotions visent très souvent, les produits de "malbouffe", avec "trois paquets de gâteaux pour le prix d'un", par exemple, et "beaucoup moins sur les produits sains".

En revanche, Boris Hansel ne se permet pas de donner "de conseils sur la législation, parce que c'est le rôle des politiques", réagit-il, après l'annonce du Royaume-Uni d'interdire la publicité pour certains produits à la télé avant 21 heures. "Mais c'est une piste", surtout "qu'on peut s'interroger, quand on voit lors des pics d'audience de grandes compétitions sportives, comme les JO, que la publicité est pour du soda sucré". Le nutritionniste évoque une autre piste, celle des taxes. "On a montré que la taxe soda" qui est entrée en vigueur en 2012, "était utile", alors, "il faut peut-être une taxe sur les produits plus gras, plus sucrés, plus salés."

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