Mort d'une adolescente pratiquant l'urbex : "Se mettre en scène" dans des lieux dangereux est "une tendance qui prend de l'ampleur", observe une spécialiste
"Pour un public jeune, il y a un enjeu de mise en scène de soi" dans des lieux "difficiles d'accès, dangereux", a expliqué dimanche 28 avril sur franceinfo Aude Le Gallou, docteure en géographie et pratiquante de l'urbex.
La pratique de l'urbex, l'exploration de friches urbaines, "est de plus en plus populaire, surtout auprès des jeunes et des adolescents", note l'enseignante-chercheuse à l'université de Genève. "Il y a plus de risque d'accident parce que c'est un public qui peut être un peu moins enclin à faire attention aux règles de sécurité élémentaires de la pratique, explique-t-elle. Les structures sont fragiles, vous pouvez avoir un plancher en escalier, un toit qui cède sous vos pieds", rappelle-t-elle.
"Le côté photo, vidéo, l'esthétique de la ruine contemporaine, la recherche d'adrénaline" sont autant de facteurs qui ont popularisé cette pratique sur les réseaux sociaux, observe la spécialiste. "Les réseaux sociaux font qu'il y a de moins en moins d'attrait pour le lieu en lui-même mais plus pour la performance, se mettre en scène dans le lieu et faire du lieu un décor finalement, pour quelque chose qui serait valorisante pour soi", témoigne Aude Le Gallou. "Si ce n'est pas le cas pour tous les urbexeurs, précise-t-elle, c'est une tendance qui prend de l'ampleur".
Des règles de sécurité à respecter
"ll y a un certain nombre de règles de sécurité auxquelles il faut faire attention", rappelle cette pratiquante, alors que dans la nuit du 21 au 22 avril, c'est un lycéen de 17 ans qui pratiquait l'urbex apparemment seul qui s'est tué à Lyon en chutant du dôme de l'Hôtel-Dieu, d'où il voulait photographier le lever de soleil.
"Ne pas explorer seul, être équipé, avoir les chaussures, les vêtements qui correspondent, être attentif tout le temps", égraine-t-elle, en ajoutant que le risque zéro ne peut exister dans cette activité potentiellement dangereuse. "Si on faisait de l'urbex parfaitement cadrée, aseptisée, avec des barrières de sécurité, des casques, ce ne serait plus de l'urbex mais du tourisme de l'abandon, et ça n'aurait pas forcément le même intérêt pour le même public", pointe-t-elle.
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