"Nous devons trouver des compromis, négocier et construire des coalitions", affirme le ministre démissionnaire en charge de l'Europe
Une fois encore, Emmanuel Macron cherche la sortie de crise. Après la censure du gouvernement Barnier, votée, mercredi 4 décembre, à l'Assemblée nationale, le président de la République doit nommer un nouveau Premier ministre dans les prochains jours. Les consultations vont bon train vendredi 6 décembre à l'Elysée. Dès la matinée, le président de la République rencontre les cadres de son ex-majorité, puis ce sera au tour du PS et de la droite.
Le Président de la République doit encore parler de la dissolution de juin 2024, qui faisait suite à la progression fulgurante du Rassemblement national aux élections européennes de 2024. Une dissolution "mal comprise" a reconnu le chef de l'État dans son allocution à la télévision jeudi 5 décembre. Pour beaucoup cette dissolution, en elle-même, reste incompréhensible.
"Le président de la République l'a dit, il a fait le choix de redonner le pouvoir aux Français, de revenir aux urnes", soutient Benjamin Haddad, ministre démissionnaire en charge de l'Europe, récemment tombé avec Michel Barnier, sous le coup de la censure. Un ministre démissionnaire en partie victime de l'instabilité d'une Assemblée en trois blocs, conséquence directe de la dissolution, où le soutien au gouvernement est toujours précaire.
"On doit tirer les conséquences du vote des Français, qui a donné ces trois blocs, ce qui nous force aujourd'hui à devoir faire ce que tous nos voisins européens font, c’est-à-dire trouver des compromis, négocier et construire des coalitions."
Benjamin Haddadà franceinfo
Sorti d'un gouvernement de droite, composé de macronistes et de LR, Benjamin Haddad serait-il prêt à travailler avec des ministres socialistes, alors qu'Emmanuel Macron reçoit vendredi, les dirigeants du Parti ? Les socialistes, tout comme les écologistes et les communistes, se sont dits prêts à travailler avec un gouvernement plus disposé à échanger avec la gauche qu'avec la droite, voire l'extrême droite comme cela a pu être reproché à Michel Barnier. "On l'a toujours dit. Je fais partie de la famille Ensemble pour la République - Renaissance. Nous avons dit depuis l'élection législative que nous étions prêts à travailler avec tous les partis de l'arc républicain", se défend le ministre démissionnaire.
L'arc républicain
Un arc républicain qui exclurait, de fait, le Rassemblement national, mais aussi La France insoumise, pourtant allié NFP du Parti socialiste aux dernières élections législatives. Une situation qui appelle à un choix de la part des sociaux-démocrates insiste Benjamin Haddad. "Est-ce qu'on préfère être les otages de la France insoumise, de Jean-Luc Mélenchon qui a assisté avec un sourire narquois au vote de la motion de censure à l'Assemblée nationale et avec les compromissions morales de la France insoumise, ou est-ce qu'on a envie de redevenir le parti de gouvernement historique qui a été le Parti socialiste ?", ajoute le ministre démissionnaire. S'il reconnaît des divergences, l'urgence de la situation, impose le compromis : "on avait aussi des différences avec les Républicains", conclut-il.
À gauche, le compromis doit passer par la nomination d'un Premier ministre de gauche, garantie pour beaucoup, de ne pas risquer de dévier vers l'extrême droite. Mais à droite, déjà, cette idée crispe certaines personnalités politiques, comme Bruno Retailleau, le ministre de l'Intérieur démissionnaire. Si Benjamin Haddad se refuse à "spéculer" sur les différents profils, il rappelle que c'est au président de la République de faire ce choix.
Autre sujet sensible, pour cette éventuelle nouvelle coalition : la réforme des retraites, que le Parti socialiste s'était engagé à abroger dans le programme du Nouveau Front populaire. "Il faut quand même qu'on se mette d'accord sur les fondamentaux : nous vivons plus longtemps, nous avons un système de retraite par répartition, et il faut être capable de le financer. Tous nos voisins ont décidé de travailler plus longtemps". Pas certain, donc, que les compromis soient toujours possibles.
En Europe aussi certains dossiers sont sensibles. Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, est en ce moment même en Uruguay, avec une signature en vue sur le traité Mercosur-UE. Même s'il ne s'agit pas encore de la ratification, beaucoup estiment que la présidente prend un risque si elle conclut les négociations. Une crainte que Benjamin Haddad, ministre démissionnaire en charge de l'Europe, partage : "elle prend le risque de voir de grands États de l'Union européenne qui ne seront pas d'accord avec cet accord en l'état, tel qu'il est négocié, puisqu'il ne respecte ni le volet environnemental, ni les clauses d'équité commerciale", conclut le ministre.
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