Plan d’adaptation au changement climatique : "Globalement les pays ne font pas grand-chose ", regrette le président du Shift Project

Jean-Marc Jancovici, ingénieur spécialiste du changement climatique et président du think tank Shift Project, alerte sur des plans d'adaptation encore trop peu contraignants.
Article rédigé par franceinfo
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France, Angers (Maine-et-Loire, 49), 2024-04-16. Portrait de Jean-Marc Jancovici. A l’Universite d Angers (IAE Angers), dans le cadre des prochaines elections europeennes, les Shifters Angers Maine-et-Loire organisent un debat sur le Pacte Vert Europeen. (FREDERIC PETRY / HANS LUCAS / AFP)

Des canicules plus étouffantes, des inondations plus dévastatrices, des falaises côtières qui disparaissent plus vite,  les humains tentent de s'habituer, mais il va surtout falloir s'adapter. C'est l'objet du Plan national d’adaptation au changement climatique, présenté vendredi 25 octobre dans l'après-midi, par le Premier ministre Michel Barnier.

"Sur l'adaptation, on ne va pas y couper" alerte Jean-Marc Jancovici, ingénieur spécialiste du changement climatique et président du think tank Shift project, qui précise qu'une fois que du CO2 a été rejeté dans l'atmosphère, le "surplus met très longtemps à s'évacuer. On parle de siècles et de milliers d'années". L'adaptation au changement climatique est aujourd'hui une nécessité, alors que tous les scientifiques s'accordent sur le fait que le dérèglement climatique est, à ce niveau, inévitable, même si le monde entier changeait radicalement de feuille de route. "Le climat va changer en fonction non seulement de ce qu'on va faire nous, mais surtout de ce que vont faire les autres. Et on ne peut pas parier que les autres vont être tous raisonnables", regrette le président de Shift Project, un think tank de chercheurs et ingénieurs qui travaillent précisément sur cette question de l'adaptation.

L'adaptation, un enjeu de survie

"Il va falloir faire face à des conditions qu'on ne connaissait pas avant", insiste Jean-Marc Jancovici. Cette détérioration de l'environnement aura malheureusement un impact sur de nombreux aspects du quotidien, et pour de nombreux secteurs. L'agriculture en premier chef, alors que des zones jusqu'ici favorables vont changer, et que le recours à l'eau, aujourd'hui excessif, devra être mesuré. Le logement est également menacé, selon l'ingénieur, qui alerte sur le "gonflement-retrait des argiles", lié aux épisodes de sécheresse et de réhydratation des sols, et qui menacerait des millions de logements en France.

"Le monde va devenir plus complexe, pour notre plus grand malheur. Il n'aurait pas fallu jouer avec le changement climatique"

Jean-Marc Jancovici, président du Shift Project

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Difficile de prendre conscience de la nécessité de cette adaptation. "C'est très difficile de s'adapter à quelque chose qu'on n’a pas déjà vu. On va faire face à quelque chose qui n'est jamais arrivé, donc ça signifie que l'adaptation, pour partie, va malheureusement engendrer des surprises", observe Jean-Marc Jancovici. Des décisions ont toutefois déjà été prises, précise-t-il, prenant l'exemple du le préfet des Alpes-Maritimes, Hugues Moutouh, qui, en juillet 2024, a conditionné l'obtention des permis de construire à une certaine "sécurité d'approvisionnement en eau potable" pour l'avenir.

Un cas d'adaptation "pur et dur", selon le président de Shift Project, où "vous êtes vraiment obligés d'intégrer la contrainte future". Jean-Marc Jancovici regrette que les plans d'adaptation soient encore trop mous et peu contraignants, confessant que "globalement, on peut dire que les pays ne font pas grand-chose".

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