Asaf Avidan : "Ma voix a toujours été un outil pour exprimer le plus précisément possible les émotions que je ressens"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, l’invité est Asaf Avidan, l’auteur-compositeur-interprète israélien à la voix si particulière, pour son nouvel album solo "Anagnorisis".
Anagnorisis, c’est le moment où on se découvre, où l’on sait mieux qui l’on est. Asaf Avidan confie au micro d’Elodie Suigo qu’en effet, il est désormais en accord avec son Moi : "J’ai progressé mais c’est aussi accepter le fait de ne pas forcément avoir le pouvoir et d’être fragile."
Cette quête du bonheur que l’on pouvait deviner en écoutant ses précédents albums, il semble l’avoir achevée. Cette envie d’être simplement heureux prend le pas sur tout le reste. Dans cet album, il ouvre la porte, longtemps fermée, du bonheur : "C’est vrai que je veux être heureux. J’ai fait un break après avoir fait des tournées sans arrêt. Cette période de silence et de calme m’a permis de réfléchir et de vraiment d’exister dans le moment présent."
Cette quête du bonheur, c’est juste être un peu plus présent dans le temps présent, et silencieux.
Asaf Avidanà franceinfo
Les parents d’Asaf Avidan sont, tous deux, diplomates mais il grandi auprès de sa mère. "J’ai passé du temps avec ma mère qui était vraiment Superwoman et mon père est globalement parti, il nous a laissés, confie-t-il. Donc, c’est vrai qu’il contribue beaucoup à ce que je suis aujourd’hui mais pas d’une manière positive." Et l'auteur-compositeur explique que même si adolescent, il lui en terriblement voulu, désormais il tempère : "Même ça, cela a été sublimé dans d’autres émotions et puis ça fait beaucoup de temps, des années. C’est un étranger pour moi aujourd’hui".
Auparavant, Asaf Avidan semblait nourrir sa musique de ses désillusions, de ses ruptures. Il continue mais parle d’une évolution notable. "Je ne voulais pas encore dans cet album me servir de mes relations comme point de départ, explique-t-il. En tous cas pour une introspection philosophique un peu plus profonde que ce que je fais d’habitude. Je voulais vraiment aller au bout des choses. Mais voilà, il y a forcément un peu de relations."
Pour info en ce moment, je suis dans une relation où je suis très heureux, très stable. Le fait qu’on n’en parle pas ça veut dire que c’est bon !
Asaf Avidanà franceinfo
La voix du silence ?
Asaf Avidan, ce n’est pas une voix mais des voix et dans Anagnorisis, il prouve qu’il a l’art et la manière de jouer avec celles-ci comme d’un instrument puisque que c’est ce qui colore ses musiques par son éventail de tessitures. Il évoque cette cohabitation qui évolue avec les années : "Ma voix a toujours été un outil pour vraiment exprimer le plus précisément possible les émotions que je ressens. Si vous écoutez le premier album [Reckoning, en 2008] il y a beaucoup de colères, de douleurs et de choses brutes. Et aujourd’hui, il y a plus de nuances de moi, au niveau des sentiments. Donc forcément, je ne peux plus utiliser ma voix de la même manière parce que je suis moi-même différent."
Son épanouissement, on le devine dans le titre No words. Il mélange légèreté, sincérité, semble être à fleur de peau : "Je suis très reconnaissant que vous puissiez entendre ces choses-là en écoutant la chanson, indique Asaf Avidan. En fait, le moment au milieu de l’album où il y a cette chanson, c’est vraiment un tournant dans l’album. Ça descend vers le silence. Et je ressens ce changement. L’album est vraiment une réflexion autour de ça."
Quinze ans après ses débuts et quelques beaux albums dans sa besace dont le dernier, celui de la maturité, Asaf Avidan regarde droit devant et confirme qu’il a encore d’autres sublimes forfaits à accomplir : "Je crois que ce n’est pas assez. En tous cas, c’est le sentiment que j’ai. En fait peu importe, tout ce qui est passé pour moi, c’est mort. Et c’est comme une espèce de fantôme qu’on porte avec soi, que ce soit pour le bon ou pour le moins bon. Je pense à Asaf quand il a eu 30 ans, qu’il aille se faire voir ! Pour moi, c’est un étranger." Le Asaf Avidan de 40 ans quant à lui semble avoir trouvé son chemin, son équilibre : "Il essaie en tous cas."
Une tournée est prévue en France dès le mois de mars 2021 (sous réserves de l'évolution de l'épidémie de Covid-19) : le 10 à Rennes, le 11 à Lille, le 13 au Zénith de Paris, etc.
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