Avant de devenir un des maîtres français du polar, Michel Bussi a beaucoup utilisé l'arme de l’humour
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’écrivain Michel Bussi.
Ecrivain, politologue, Michel Bussi est considéré comme un des maîtres du polar. La star des ventes de la littérature française voit souvent ses livres devenir des best-sellers (Un avion sans elle, Nymphéas noirs…). Des romans dont certains ont été adaptés à la télévision et d'autres en bande dessinée. Il publie Rien ne t’efface aux Presses de la Cité.
franceinfo : Dix ans, 13 romans, plus de dix millions d'exemplaires vendus. Comment vivez-vous ces chiffres ?
Michel Bussi : L'avantage quand c'est très élevé, c'est que cela devient un peu virtuel. Quand on a 500 fans on se dit : "Tiens, je les connais". Quand on en a 11 millions, c'est vrai qu'il y a un côté virtuel et se dire : "3 000 personnes par jour achètent un de mes bouquins", c'est virtuel donc on les voit sur les salons, sur les rencontres comme ça et cela permet d'être assez détaché par rapport à ça. L'écriture, notamment de gros romans policiers, ça demande beaucoup de temps pour concevoir l'histoire, beaucoup de temps pour les écrire donc ce temps-là, on le passe tout seul, très loin des paillettes et des lecteurs eux-mêmes. Quand on raconte des histoires, moi j'ai fait pas mal de romans, un voire deux romans par an et bien dès qu'on a fini, on s'y remet.
Mais vous n'avez jamais eu de ce syndrome de la page blanche ?
Non, parce qu'en fait quand j'ai été publié j'avais plus de 40 ans. Depuis que je suis ado, j'invente des histoires donc j'ai des carnets avec des histoires et ce qui est d'ailleurs assez fou aujourd'hui, c'est que j'écris des romans dont l'histoire est venue il y a 30 ans. Et pour l'instant, j'ai encore quatre, cinq histoires que j'ai envie de raconter. Et après, on verra !
Le livre s'appelle : Rien ne t'efface aux éditions Les Presses de la Cité. C'est l'histoire d'une disparition, celle d'un enfant de dix ans, le jour de son anniversaire, sur la plage de Saint-Jean-de-Luz, où sa mère Maggie retrouve son sweat et rien d'autre. Cette maman ne va jamais effacer cet enfant qui a disparu de sa vie et lors d'un pèlerinage, elle croise un enfant qui a dix ans et replonge dans cette histoire. Elle va s'autopersuader d'un certain nombre de choses. Une maman déterminée mais à quoi ? Ça, c'est la vraie question.
Oui c'est vrai, quand Maggie croise cet enfant dix ans plus tard, elle est persuadée que c'est son enfant. L'enfant a dix ans, c'est comme si les dix ans n'étaient pas passés, et comme Estéban a disparu évidemment elle va se mettre à vouloir protéger cet enfant, qu'elle redécouvre, puisqu'elle a un sentiment de culpabilité de n'avoir pas su protéger son enfant. Et puis tous mes personnages qui gravitent autour sont tous des gens qui sont à la marge mais toujours très humains, avec de l'humour, avec de l'intelligence. Ce ne sont jamais des gens complètement paumés ou antipathiques.
Enfant, vous avez utilisé beaucoup cet humour ?
Oui et les trucs que j'ai gardés de mon adolescence, ce sont des agendas entiers dans lesquels j'écrivais des histoires de calembours, de jeux de mots. J'étais fan de jeux de mots.
Parce qu'on sent que ça va plus loin que ça. C'est-à-dire que vous maîtrisez parce que c'était sans doute une arme, enfant ?
Oui... parce qu'en fait.... Vous me faites dire des trucs que je n'ai jamais dit ! C'est vrai que quand on est un enfant qui aime les histoires, qui aime lire, surtout que j'étais plutôt bon élève, ma mère était instit, on est vite catalogué "l'intello de l'école", c'est vrai que l'humour devient une arme, c'est-à-dire qu'on est le petit comique.
Quand on est capable de raconter une histoire drôle et bien ça rassemble, c'est sûr qu'on n'est pas le grand costaud mais on est quand même celui qui fait marrer les autres donc oui, c'était un peu mon arme.
Michel Bussià franceinfo
Rien ne t'efface, c'est la continuité de tout ce que vous avez pu faire jusqu'à aujourd'hui. Vous injectez, vous testez des choses mais il y a toujours ce twist final. C'est-à-dire qu'à un moment donné ça twiste, on ne s'y attend pas du tout, c'est votre patte, ça aussi ?
Disons que c'est venu un peu par hasard et c'est vrai qu'avec des romans comme Affaire noire ou Un avion sans elle, c'est tout de suite ce qu'on a retenu, avec une fin surprenante parfois même une espèce de tour de magie. On a une fin tellement attendue que moi, je me suis creusé la tête pour trouver des failles inattendues. Et c'est vrai que dans Rien ne t'efface, j'ai eu envie de revenir un petit peu à quelque chose que les lecteurs aiment bien.
Vous racontez vos fêlures à travers votre écriture ?
Sans doute. C'est vrai que je tourne toujours beaucoup autour de la maternité, autour du secret de famille donc il y a sans doute des formes de fêlures.
Le fait que les pères soient toujours absents dans les romans, c'est lié à ma propre histoire. Mais globalement, je m'aperçois que j'aime bien avoir des héroïnes qui sont fortes avec leurs fêlures et puis l'enfance. L'enfance est toujours présente.
Michel Bussià franceinfo
Pourquoi avez-vous décidé de commencer par être géographe?
Quand j'étais en terminale, j'ai vraiment hésité entre les lettres modernes ou la géographie. J'aurais plutôt penché vers les Lettres modernes...
Mais il y a eu un twist !
Oui, il y a eu un twist, les résultats du bac déjà, je me suis planté en français et j'ai eu de bonnes notes en géo mais rétrospectivement, on peut l'expliquer assez simplement. Enseigner l'histoire ou l'histoire-géo ou la géographie tout court, c'était former des petits citoyens. Même aujourd'hui, je ne me vois pas imposer mes goûts à quelqu'un d'autre alors qu'apprendre la géographie, c'est plutôt apprendre à avoir un esprit critique. Et puis, mes goûts étaient pour moi.
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