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"C'est le regard de quelqu'un qui s'assied à une terrasse de café et qui regarde passer les gens" : Gaëtan Roussel plus intime dans son nouvel album

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, l’auteur, compositeur, musicien Gaëtan Roussel pour son nouvel album "Est-ce que tu sais ?".

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
L'auteur-compositeur-interprète Gaëtan Roussel à Paris (France) le 10 mars 2021 (LP/OLIVIER ARANDEL / MAXPPP)

Gaëtan Roussel est auteur, compositeur, interprète, animateur radio, producteur et chanteur des groupes Louise Attaque, Tarmac et du duo Lady Sir aux côtés de Rachida Brakni. Il sort aujourd'hui un nouvel album solo, Est-ce que tu sais ?

franceinfo : Dans Est-ce que tu sais ? le "tu" c'est vous, vous vous parlez.

Gaëtan Roussel : Evidemment ! La première personne à qui je pose cette question, c'est moi en effet.

Album très intime, presque à nu. J'ai l'impression que c'est l'album le plus personnel que vous nous ayez offert.

C'est vrai. C'est aussi en résonance avec la manière dont je l'ai écrit, tout seul dans mon coin, guitare, voix. Et même si j'ai été au contact d'arrangeurs (qu'on peut parfois appeler "des dérangeurs", j'aime bien cette idée-là, qui bousculent un petit peu) cette ossature est restée. C'est là que se niche le fait qu'il soit plus personnel et qu'il ait gardé cette teneur de sons naturels, même si j'ai essayé d'élargir, d'approfondir avec des arrangements, des cordes, des batteries et autres.

C’est l’album qui est le plus à l'os, sans doute le plus proche de moi.

Gaëtan Roussel

à franceinfo

Que représente cet album ?

C'est un regard, comme quelqu'un qui pourrait s'asseoir à une terrasse de café et qui regarde passer les gens, c'est essayer d'avoir le goût des autres. J'espère que ce disque est très immergé dans l'époque qu'on vit, en tout cas à ma manière de la vivre sans être trop impudique.

Mais comme l'universel est dans l'intime, il fallait que cela soit intime. Il est aussi lié à mes premières amours. Quand avec mes camarades de Louise Attaque, nous avons commencé à faire de la musique, ce n'était pas la même manière de regarder les choses mais je pense qu'il y a de ça. C'est une façon de regarder dans le rétroviseur mais pour mieux aller de l'avant, pas du tout pour retourner en arrière, je ne suis pas du tout nostalgique. Et aussi une immersion dans notre époque avec les thèmes qui m'intéressent personnellement : la résilience, la transmission, l'élan.

Vous avez toujours trouvé votre son depuis le début que ce soit dans Louise Attaque, Tarmac ou encore Lady Sir. Là, j'ai l'impression que vous vous êtes trouvé en tant qu'homme plus qu'en tant qu'artiste !

J'ai peut-être essayé d'écrire en me mettant plutôt du côté de celui qui écrit un texte plutôt que de celui qui est musicien. J'ai toujours utilisé ma voix comme un instrument. Les mots que je mettais sur les chansons, la manière d'avancer, l'enveloppe qui me permettait d'utiliser ma voix comme un instrument parfois, de la positionner dans un mixage, dans un mélange de sons... Ça ne veut pas dire que les mots ne m'intéressaient pas, bien au contraire, mais là j'ai essayé de me mettre de l'autre côté.

Quand vous regardez dans le rétro, vous vous rappelez des conversations avec Bashung. C'est lui qui vous dit : "Il faut que tu fonces, il faut que tu fasses une carrière solo." Depuis Ginger (2010), j'ai l'impression que vous avez effectivement travaillé là-dessus, pris conscience du plaisir qu'on pouvait avoir.

Vous avez tout à fait raison. Après, Alain Bashung était plutôt un taiseux. Même les silences, ensemble en studio, m'apprenaient des choses. J'ai beaucoup appris à son contact. Là, ça revient peut-être de manière plus forte puisqu'en plus, je réemploie un outil qu'est l'acoustique, le naturel qu'on avait employé sur son disque Bleu pétrole. Oui, j'ai appris beaucoup de choses et c'est vrai que c'est lui qui, sans vraiment me le dire mais tout en me le disant, m'a un petit peu poussé en me disant : "Mais tente, ose !"

Alain Souchon partage peu les mots des autres, chante peu les mots des autres, j'étais très flatté, je l'avoue.

Gaëtan Roussel

à franceinfo

Un mot sur les collaborations avec Camélia Jordana mais aussi Alain Souchon : c'est un vrai plaisir, quelque chose que vous avez attendu longtemps ?

C'est un phare pour beaucoup d'entre nous, Alain Souchon, dans ses chansons, dans sa démarche, dans sa manière de croquer justement l'époque de manière intelligente, à chaque fois au bon endroit, en glissant toujours de la poésie parce que c'est une chanson qu'il est en train d'écrire et qu'il en a conscience. Donc, je le regardais. Il m'a toujours accompagné.

Et là, c'était l'occasion avec ce titre Sans sommeil, un peu plus concret que les autres quant au texte. Il parle d'un SDF dehors qui regarde les lumières à l'intérieur et Alain Souchon a toujours su aller vers ce type de sujet en sachant bien le construire. Et penser à lui, c'était aussi vouloir qu'on se donne la main pour que la chanson soit complète et qu'elle soit vraiment aboutie dans ce que je voulais faire, c'était un petit rêve !  

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