"Ce n'était pas du tout une vocation" : Claire Chazal se confie sur sa carrière de journaliste
Claire Chazal est journaliste avec une particularité : celle d'être devenue au fil des années l'un des visages les plus emblématiques des femmes médiatiques en France. Pendant près de 24 ans, elle nous a accompagnés dans notre salon, à la présentation du JT de TF1, avant de passer à autre chose, en se consacrant à des interviews de personnalités du monde de la culture dans "Entrée libre", sur France 5.
Du 19 au 23 juin 2023, Claire Chazal sera membre du jury du Concours des compagnies à la 73ᵉ édition du Festival d'Anjou, aux côtés de Stéphanie Bataille, Mélanie Doutey, Pascale Arbillot et Anne de Amezaga, uniquement des femmes.
franceinfo : Ce Festival d'Anjou, qui se déroule jusqu’au 6 juillet, est une belle façon de mettre en lumière des créations, des nouveaux talents. Soit cinq compagnies de théâtre émergentes qui se produiront sur la scène du quai d'Angers. Est-ce un rôle facile d'être membre du jury ?
Claire Chazal : Ah non, ce n'est pas facile ! Et c'est la première fois que je le ferai. Je vais beaucoup au théâtre depuis très longtemps, mais juger, c'est très difficile. Il faut d'abord que les avis se regroupent, trouver un consensus et puis après, il faut essayer d'être évidemment très impartial.
La culture est vraiment quelque chose qui vous tient beaucoup à cœur, qui a toujours fait partie de vous finalement !
Oui. Mes parents étaient vraiment des gens du livre. Et puis, très tôt, je suis allée voir de la danse, du théâtre, de l'opéra.
"Je suis née dans une famille de gens modestes au départ, mais qui étaient devenus des intellectuels et qui aimaient la lecture."
Claire Chazalà franceinfo
Et dès que j'ai pu présenter des journaux, j'ai vraiment essayé d'imposer des sujets concernant la culture, notamment sur TF1. J'en suis assez fière puisque chaque week-end, nous avions au moins cinq sujets consacrés au théâtre, aux expositions, à l'opéra, à la danse.
Vous avez fait de la danse...
J'en fais encore. Oui, je pratique, et c'est ce que je préfère.
Vous incarnez pour beaucoup un visage féminin, symbole de réussite dans un monde du journalisme très testostéroné auparavant. Vous avez entamé votre carrière de journaliste en tant que reporter pigiste en radio et en presse écrite. Pourquoi le journalisme ?
Ce n'était pas du tout une vocation. On lisait Le Monde à la maison. Je lisais bien sûr les journaux pour mes études. J'ai fait HEC, une école qui me destinait à rentrer dans une entreprise et instantanément, j'ai senti que ce n'était pas du tout ma place.
Pourquoi ?
Parce que ce n'était pas un monde qui, intellectuellement, m'intéressait. Donc, très naturellement, pour travailler, je me suis dit : mais qu'est-ce que j'aime ? J'aime l'économie, ce sont mes études, j'aime écrire. J'ai cherché, et après avoir fait des piges, des stages à Europe 1, frappé à beaucoup de portes pendant de longs mois, j'ai eu la chance de rencontrer Philippe Tesson au Quotidien de Paris, qui m'a accueillie et je suis devenue journaliste et j'ai aimé instantanément ce métier. Je ne connaissais absolument personne dans ce milieu et mes parents qui ne connaissaient absolument personne aussi ont été un peu méfiants. Ils avaient vraiment peur de la précarité.
Vous êtes aussi arrivée très vite aussi à la télé en tant que grand reporter spécialisée en économie à Antenne 2. Le 25 décembre 1989, vous présentez votre premier journal dans Télématin. Et puis ensuite, il y a cette annonce de Patrick Le Lay, président de TF1, et d'Etienne Mougeotte, son vice-président, comme quoi vous arrivez à la tête de la présentation des journaux du week-end. Vous avez été nommée rédactrice en chef, directrice de l'information. Est-ce que c'est plus difficile quand on est une femme, d'aller chercher cette légitimité ?
Moi, je n'ai pas considéré que c'était difficile. Je ne l'ai jamais senti, aussi bien dans la presse écrite qu'ensuite à la télévision. À TF1, par exemple, il y avait beaucoup de femmes qui avaient des postes à responsabilités. Celle qui m'a embauchée, qui était la directrice de l'information, c'était Michèle Cotta. Donc je n'ai pas senti cette méfiance à TF1, bien sûr dirigé par un président et un vice-président. Je me suis sentie exactement à l'égal de Jean-Pierre Pernaut, qui présentait le 13h, et de Patrick Poivre d'Arvor, qui présentait le 20h de la semaine. Avec eux, nous formions une équipe et nous avions la même conception du journalisme.
Il y a cette date, le 7 septembre 2015, où on annonce que votre collaboration s'arrête avec TF1. Il se passe quoi quand on rentre chez soi le soir et qu'on se dit : "Je ne vais plus reprendre l'antenne".
"Il se passe une sorte de vertige que beaucoup de gens ressentent, parce que je ne suis pas du tout la seule à avoir vécu cette situation, d'être tout d'un coup privé d'un travail qu'on aime. J’ai eu un départ très correct de TF1... Bon, un départ forcé."
Claire Chazal, sur "l'après-TF1"à franceinfo
J'étais très soutenue par le public. Il y a un trou, c'est vrai. Il y a un manque, c'est vrai, surtout au moment des grands faits d'actualité, le 13 novembre 2015, l'incendie de Notre-Dame, les élections, les soirées électorales, toutes ces choses-là que j'ai vécues pendant 25 ans. L'adrénaline, on en a moins quand on enregistre les émissions. Le direct nous manque un peu. Mais bon, c'est ainsi et moi, j'espère juste continuer.
Le Festival d'Anjou se déroule jusqu’au 6 juillet 2023 avec de nombreuses pièces issues du théâtre privé et du théâtre public.
Le 16 juin 2023, émission Le Grand Échiquier spéciale francophonie sur France 3.
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