Cecilia Bartoli : "Le trac reste toute la vie, même après 30 ans de carrière"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, la cantatrice italienne Cécilia Bartoli, à l'occasion de la sortie de son album, "Farinelli", et actuellement en tournée en France et en Europe.
La mezzo-soprano Cecilia Bartoli, rend dans son nouvel album un hommage au castrat italien en interprétant son répertoire et aussi en posant sur sa pochette, grimée en homme avec barbe et moustache : "C’est le jeu théâtral, ça nous donne la possibilité justement de vivre d’autres vies et c’est la magie du théâtre et de l’opéra".
Enfant elle comprend très vite que la musique classique fera pleinement partie de sa vie avec ses deux parents chanteurs d’opéra.
Mon désir c’était d’être une artiste musicienne mais pas nécessairement chanteuse
Cecilia Bartolià franceinfo
Doucement, elle découvre qu’elle a une voix et c’est sous l’impulsion de ses parents, qui se rendent très vite compte de son potentiel, qu’elle prend conscience de ses capacités : "Ils ont compris tout de suite que j’avais une oreille, une musicalité innée". Le flamenco entre dans sa vie et aurait pu la détourner de l’opéra : "Mes parents étaient choqués parce qu’à l’époque je ne voulais plus continuer mes études (…) On a trouvé une solution diplomatique". Elle commence à étudier au Conservatoire de musique et en même temps à danser. Mais "petit à petit, je me suis rendue compte que j’étais plus douée avec mes cordes vocales qu'avec mes pieds".
La magie de l'opéra
C'est donc l'opéra qui gagne le match et elle confie qu'à l’écoute de son premier disque elle est surprise : "C’était choquant pour moi, j’ai dit 'ce n’est pas ma voix, ça n’a rien à voir'. Et petit à petit on commence à faire connaissance (…) On finit par l’aimer, par la détester". Du coup, Cecilia Bartoli se demande toujours comment celle-ci est perçue, reçue par le public devant elle. Malgré tous ses concerts, le trac reste néanmoins présent.
C’est le trac qui reste toute la vie, même avec l’expérience, même après 30 ans de carrière
Cecilia Bartolià franceinfo
On dit de Cecilia Bartoli que c'est la plus belle voix de tout le XXIème siècle, elle répond humblement :"Je pense qu’avoir une belle voix c’est un don comme avoir de beaux yeux. Mais après c’est le regard qui fait la différence (…) Ce qui est intéressant c’est ce qu’on en fait, c’est ça une belle voix" . Et elle vit sa passion sur scène en y mettant les émotions les plus profondes, elle joue les personnages, elle souffre quand ils souffrent tout en dialoguant avec l’orchestre : "Ce n’est pas évident, c’est la magie de l’opéra".
"Farinelli", hommage aux castrats
Pour en revenir à son nouvel album, c'est aussi un hommage aux castrats, ces hommes mutilés pour la voix . Elle nous explique qu'ils chantaient du bel canto (musique lyrique italienne XVIIème au milieu du XIXème siècle), musique issue du baroque et raconte, qu'à la grande époque, environ 4 000 enfants par an étaient castrés. Seulement une centaine faisaient carrière et une dizaine arrivait au top : "Une barbarie. Ce qui se passait à cette époque-là c’est une mode aussi, parce que le Vatican avait interdit aux femmes de chanter à l’opéra, avait interdit aussi la castration mais l’hypocrisie fait que la plupart des chœurs dans la Chapelle Sixtine étaient des castrats".
Cecilia Bartoli, avec Farinelli, est actuellement en tournée en France et en Europe. A la Philharmonie à Paris le 15 décembre, et après un passage par la Suisse et Monte-Carlo, elle revient au Château de Versailles le 30 mars et à Toulouse, le 1er avril 2020.
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