François Civil : "BAC Nord" est "un film qui cherche à trouver la nuance"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, le comédien François Civil.
Acteur révélé en 2009 dans son rôle de jeune collégien dans le film Soit je meurs, soit je vais mieux, François Civil revient aujourd'hui au cinéma dans le film BAC Nord de Cédric Jimenez, dans lequel il interprète un policier aux côtés de Gilles Lellouche et de Karim Leklou.
franceinfo : Cédric Jimenez avait déjà réalisé un film en 2014 sur la mafia marseillaise : La French. BAC Nord est aussi un vrai travail de documentariste.
François Civil : Je pense qu'il en parlerait mieux que moi, mais c'est le cas. Quand cette affaire est sortie, ça a un peu pris tout l'espace médiatique et donc il s'est dit qu'il y avait forcément quelque chose, des enjeux, une histoire forte. Par la suite, il a tiré son récit vers une fiction pour raconter ce qui l'intéressait dans cette histoire. Il ne se positionne pas.
Bac Nord est un film qui cherche à trouver la nuance. Ça fait du bien d'essayer de comprendre un peu plus la complexité d'une situation qui est celle de la police de la Brigade anti-criminalité (BAC) dans ces quartiers, mais surtout de la police vis-à-vis de sa hiérarchie et de son institution.
La force de 'BAC Nord', c’est qu'il n'est pas manichéen, ce n'est pas les méchants flics contre les gentils mecs de quartier ou l'inverse
François Civilà franceinfo
Je voudrais qu'on parle un peu de vous. Cette carrière au cinéma n'était pas du tout prévue, c'est uniquement parce que vous aviez craqué pour une demoiselle.
C'est ça. Je me suis inscrit à un cours de théâtre parce que j'aimais bien une fille. Ce n'était pas réciproque. Du coup, je suis tombé amoureux du théâtre.
Vous avez très vite compris que ça allait devenir votre métier, que vous étiez fait pour ça ?
Pas du tout. En fait, je crois que je me suis posé très tard la question de savoir ce que je voulais faire dans ma vie. Ça a pris du temps et petit à petit je me suis passionné pour ce truc et je me suis rendu compte que l'état de jeu, c'était un truc assez épiphanique. C'était des moments de joie très forts, avec des partenaires, et que j'avais envie de vivre le plus souvent possible, alors je me suis professionnalisé.
On vous sent fait pour ce métier.
Je ne sais pas si on est fait pour ça. Peut-être que oui, on parle de la police comme une institution, un métier qu'on choisit par vocation donc il doit y avoir l'idée aussi de vocation dans le métier d'acteur. Le problème, c'est qu'il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus.
Quand je suis sur un plateau de cinéma et que ça se passe bien, j'ai l'impression d'être moi-même, d'être au bon endroit, mais on sait qu'une carrière est fragile et que ça peut ne pas durer
François Civilà franceinfo
Le fait que l'on travaille réside beaucoup dans le désir d'autres gens. Ce n'est pas comme un musicien qui peut travailler son instrument chez lui et se perfectionner. Nous c'est un peu plus compliqué.
Pour se perfectionner, il faut tourner ?
Oui, c'est ça. Tourner et puis après, il y a d'autres petits stratagèmes. Pour se perfectionner, je pense aussi que ne pas tourner, c'est intéressant. Nous, les acteurs, on se nourrit tellement de la vie, de ce qui se passe aussi autour, à côté, de nos réflexions, de nos rencontres que, du coup, vivre aussi la vie, c'est aussi très important pour avoir des choses à raconter.
Vous avez reçu le prix Chopard à Cannes en 2019 qui récompense un talent prometteur du cinéma français. Vous crevez l'écran dans Le chant du loup d'Antonin Baudry. Vous avez eu des moments de galère ?
Je n'ai pas le profil de l'acteur qui est arrivé, a eu un rôle très exposé et ensuite a dû faire ses preuves. Pour moi, ça a vraiment été quelque chose de laborieux, plus long. Une fois qu'on comprend que dans ce métier réussir 10% de ses castings c'est déjà bien, alors on a une philosophie un peu plus saine par rapport à ce métier. Oui, j'ai connu la galère et c'est vrai que j'ai la chance de moins la connaître. On me propose des films directement, c'est un luxe absolu.
Vous n'êtes pas un enfant de la balle. Que vous ont apporté vos parents ?
Ils m'ont apporté quoi ? De l'amour, de l'écoute, une éducation que je trouve solide. J'ai eu cette chance.
Comment ont-ils vécu cette arrivée dans le monde du cinéma ?
Je ne sais pas. Il faudrait leur demander. Je n'ai pas vraiment ces conversations avec eux. Aujourd'hui, ce que je ressens, c'est qu'ils sont fiers et qu'ils sont enthousiastes et contents pour moi.
Le monde de la culture revit. Comment avez-vous vécu cette période où elle a été considérée comme non essentielle ?
Un peu d'agacement. Surtout que j'ai l'impression d'un manque d'explications, de gestion, de concertation assez délirant. Pourquoi on ne nous demande pas notre avis ? Surtout quand les lieux de culte, les magasins étaient ouverts. Les gens se ruaient à toucher des choses, à échanger des vêtements pendant que la culture, les musées, les théâtres, les salles de cinéma, les exploitants étaient fermés. C'est très dur pour eux de s'entendre dire que ce n'est pas essentiel avec tous les efforts faits du point de vue sanitaire. J'ai ressenti beaucoup d'incompréhension.
Heureux que Bac Nord sorte enfin ?
Oui. Très heureux, très content.
Quelle est la suite ?
Je tourne actuellement un film de Cédric Klapisch. J'ai la chance qu'il me fasse confiance une nouvelle fois et qu'il me montre encore sa belle fidélité. Avec lui, il y a une forme de troupe. Je suis content parce que j'ai fait un peu de théâtre et malgré le fait que les planches me terrorisent, j'avais adoré cet esprit de troupe. Avec Cédric, c'est un peu ça, je retrouve cette ambiance. Et j'ai des projets qui arrivent un peu plus tard dans l'année, des plus petits films, des plus gros films que je vais être content de défendre.
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