Julien Clerc : "Ce qui m'intéresse c'est de rester créatif, si je ne l'étais plus j'arrêterais tout de suite"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’auteur, compositeur et chanteur, Julien Clerc. Il est sur les routes de France après la sortie de son nouvel album, "Les jours heureux", un disque de reprises de chansons françaises.
Le chanteur Julien Clerc, nous accompagne depuis plus de 50 ans. Après l'album Terrien, il nous propose un album, Les jours heureux, dans lequel on trouve les chansons qui ont été la bande-son de sa vie. Il est en tournée avec ce nouvel album.
franceinfo : Dans Les jours heureux, on retrouve For me, Formidable de Charles Aznavour, Mon manège à moi d'Edith Piaf, À bicyclette d'Yves Montand, Je reviens te chercher de Gilbert Bécaud, Dis, quand reviendras-tu ? de Barbara ou encore Boum de Charles Trenet. C'est vraiment le point de départ de ce joli projet, de cette création.
Julien Clerc : Oui, c'est le point de départ. C'est vrai que j'aime bien pensé au spectacle à l'avance. J'ai pensé à ce Boum de Trenet qui a, à mon sens, révolutionné la chanson française. Je me suis dit que ce serait bien si, finalement, je pouvais faire dans le prochain spectacle un petit instant qui soit dédié à ces gens-là.
Il y a ceux qui m'ont accompagné en tout premier, qui étaient les idoles de ma mère, comme Montand, Brassens, Aznavour, qu'elle écoutait chez elle. Il y a les premiers disques que je me suis acheté, dont Barbara que j'écoutais en faisant mes devoirs. Quelle chance, quelques années plus tard, de pouvoir même partager de temps en temps des duos avec eux.
Est-ce que la musique vous a sauvé ?
Oui. La musique m'a sauvé parce que je ne savais pas trop bien ce que j'allais faire et que quand j'ai découvert que j'étais capable d'inventer des mélodies une, deux, trois, puis quatre, vers l'âge de 18 ans, je me suis dit : peut-être que je pourrais me lancer là-dedans.
"Tous ces gens que j'admirais dans la chanson française faisaient tous des carrières très longues, alors je pensais naïvement que quand on chante, c'était parti pour longtemps !"
Julien Clercà franceinfo
C'est un peu le cas parce que ça fait quand même déjà 53 ans que vous avez démarré, en tout cas, qu'est sorti votre premier titre, c'était La cavalerie, en 1968. Et cette année-là, il y a deux choses : une première tournée avec Adamo et une première partie de Gilbert Bécaud qui vont faire bouger les choses.
Oui, j'ai signé un contrat, quelques mois avant, au printemps, avec la maison d'édition de Bécaud, qui s'appelle Le rideau rouge. Je l'ai vu une première fois dans sa tournée d'été. On s'est revus en octobre, j'avais sorti un deuxième disque qui s'appelait Ivanovitch et il m'a dit : "Écoute, j'ai entendu ta nouvelle chanson, je n'y comprends pas grand-chose, mais je trouve ça bien. Alors tu vas faire ma première partie. On ira en janvier à Bruxelles, mais on est en octobre maintenant et je veux que d'ici-là, tu apprennes ton métier.. Démerde-toi, trouve-toi une tournée, chante, pour ne pas arriver complètement démuni. Je veux que tu aies fait de la scène avant qu'on commence ensemble."
Et comme j'avais à l'époque Charley Marouani comme impresario, il était aussi celui de Brel, de Barbara et d'Adamo, ils ont bien voulu me prendre dans la tournée d'Adamo, qui partait carrément la semaine d'après.
De ça vont découler plein de belles choses, notamment Hair. Du 16 au 29 décembre 1970 , vous allez devenir la vedette de l'Olympia.
Pendant Hair, j'avais fait une tournée en première partie de Bécaud. Je m'étais échappé pendant quelques jours. J'étais habillé en violet, j'avais des pantalons en cuir, des chemises indiennes et Bécaud m'avait dit : "Ça suffit maintenant, le violet, tu vas te remettre en noir et tu vas faire Julien Clerc". J'ai pu chanter à l'Olympia, quelques mois après avoir terminé Hair.
Vous êtes beaucoup inspiré de celles et ceux qui se trouvent sur cet ouvrage, Les jours heureux.
"Dès le début, j'ai compris et senti que faire ce métier, c'était la scène. C'est par la scène qu'on se régénère. C'est le moment où on est en vérité, en face à face, tout nu, avec le public."
Julien Clercà franceinfo
Ils m'ont complètement inspiré, soit leur art, mais aussi le fait que c'étaient tous des grands hommes et des grandes femmes de scène.
Il y a trois chansons de Barbara à l'intérieur. Barbara avait cette sensibilité aussi, ce phrasé qui vous accompagne encore aujourd'hui.
Elle et Brassens. C'est bizarre. Quand je me mets à travailler, que j'essaie d'inventer une musique, parfois j'ai des réminiscences. Elles sont soit de l'un, soit de l'autre, souvent de Barbara. Mais quand on a écouté beaucoup de musique dans sa vie et que le but est d'en inventer une nouvelle, vous êtes parfois visité par des musiques qui vous ont plu et qui restent là, tapies dans votre inconscient.
Est-ce que par moments, quand vous regardez dans le rétroviseur, vous êtes fier de ce parcours ?
Ce dont je suis heureux profondément, je ne sais pas si c'est de la fierté, c'est de pouvoir encore aujourd'hui me mettre derrière un piano et inventer de la musique. C'est la seule chose qui compte pour moi. Ma fierté, en fait, c'est d'être encore là parce que j'avais bien pour objectif de durer un certain temps, mais franchement, je ne pensais pas que ça pourrait durer ce temps-là et surtout de cette façon. Ce qui m'intéresse, c'est de rester créatif, croyez-moi, si je ne l'étais plus, j'arrêterais tout de suite.
La scène arrive. C'est important pour vous de la retrouver ?
Surtout dans la péridoe que l'on vit. On est parti, vraisemblablement, si on en croit certains scientifiques, pour vivre avec ça pendant longtemps. Il faut vivre avec ça, complétement, et les artistes doivent pouvoir continuer à travailler parce qu'un chanteur est fait pour chanter, un acteur est fait pour jouer.
Julien Clerc est en tournée. Dans le contexte sanitaire actuel, les concerts prévus au mois de janvier 2022 sont reportés.
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