Cet article date de plus de trois ans.

"Cette fois les auteurs m'ont tous écrit des chansons engagées" : Julien Clerc présente son 39e album

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, c’est l’auteur, compositeur et chanteur Julien Clerc.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Julien Clerc sur scène à Villars-les-Dombes (Ain) le 30 août 2020 (CATHERINE AULAZ / MAXPPP)

Julien Clerc est un des chanteurs les plus aimés en France, interprète des titres devenus des classiques incontournables comme Femmes je vous aime, Ma préférence, Coeur de rockeur, Mélissa, Double enfance, il fait partie de la photo de famille de beaucoup de Français.

Après plus de 50 ans de carrière, il publie, aujourd’hui même, son 39e album intitulé Terrien. On y trouve notamment des textes composés par les autrices Clara Luciani, Jeanne Cherhal, Carla Bruni, des textes sociétaux sur l’écologie, la dépression, les violences faites aux femmes.

Elodie Suigo : Un grand retour après cinq ans passés à Londres avec votre famille, une aventure "So british" pour assouvir un fantasme, c'est ça ?

Julien Clerc : Oui, un fantasme culturel, la liberté : un pied ici, un pied là-bas. Et puis, c'est vrai que j'avais une histoire avec l'Angleterre qui a commencé très jeune parce que j'allais dans des familles l'été, mes parents m’y envoyaient pour des séjours linguistiques. Puis, j'ai pris mes premières vacances avec mes copains là-bas dans des caravaning centers. Après, j'y ai enregistré beaucoup d'albums quand j'ai commencé à chanter et je pense que le tiers de mes albums a été enregistré avec des anglo-saxons. Et comme souvent, quand des choses graves arrivent dans la vie, on a envie de rentrer chez soi, de rentrer dans son pays. C'est ce qui s'est passé.

Il y a des thèmes très forts abordés dans cet album. Depuis votre collaboration avec Etienne Roda-Gil, vous n'avez pas pour habitude d'indiquer ou en tout cas d'imposer des thèmes, des sujets à vos auteurs. C'est vrai qu'on vous a proposé des sujets assez fous, vous traitez de la dépression, des institutrices, des femmes abusées, de l'écologie. Vous êtes cerné ?

Oui, il serait temps vous me direz, et c'est vrai que je n'ai jamais voulu demander aux auteurs des sujets, je n'ai jamais voulu tenir la plume de mes auteurs et donc je suis un petit peu comme un acteur de cinéma qui attend les rôles que vont lui proposer les metteurs en scène. Vous savez, le metteur en scène qui arrive et qui dit: "Ah voilà, j'ai écrit ce rôle, je ne vois que vous dedans, c'est pour vous, etc." Et bien là, c'est un petit peu pareil. Je ne regrette pas du tout cette attitude parce que tout d'un coup un jour, je me suis rendu compte de ça, au fur à mesure que je construisais l'album, je me suis dit : "Mais cet album ne va pas ressembler aux autres" avec des auteurs, anciens comme nouveaux d'ailleurs, on pourrait dire que ça vient des jeunes mais pas du tout, puisque le seul qui soit de ma génération, c'est Didier Barbelivien et il m'a donné deux textes qui sont là aussi des textes appelons-les engagés, des textes de société, l'un pour les institutrices, l'autre pour l'amour d'un chanteur pour son public, pour les gens.

Revenons sur cette chanson L'amour des gens. Comment vivez-vous cette relation ?

J'ai eu beaucoup de chance. Au début, je ne vendais pas tellement de disques mais j'ai eu dès le début un carré de fanatiques qui aimait mon travail. Et alors, je vais vous dire que toute ma vie j'ai travaillé, j'ai essayé déjà de me surprendre, de me faire plaisir quand j'étais derrière un piano, c'est la moindre des choses, et ensuite j'ai travaillé pour eux, ceux qui connaissent le mieux mon travail parce qu'ils m'ont vu tellement de fois. Me connaissant très bien, je me suis toujours dit : "C'est d'abord à ceux-là qu'il faut penser".

Il y a beaucoup de femmes. Les autrices : Jeanne Cherhal, Clara Luciani, Carla Bruni, Marie Bastide. Carla Bruni devenant finalement la plus âgée de toutes !

Oui, puisque notre chanson Si j'étais a 20 ans.

Ce qu'on remarque aussi dans cet album, c'est votre côté féministe. Je pense notamment à la chanson La jeune fille en feu.

C'est un album qui à cet égard rejoint ma vie un petit peu, tout ça n'est pas innocent. Je ne pense pas que Jeanne Cherhal aurait écrit La jeune fille en feu si Jean-Loup Dabadie ne m'avait pas donné un jour Femmes je vous aime. Je pense que tout est lié. Ça rejoint un peu ma vie parce que j'ai eu la chance dans ma vie de rencontrer des femmes qui étaient des femmes puissantes, qui savaient ce qu'elles voulaient. Par exemple avec Miou-Miou nous étions très proches de Gisèle Halimi. J'ai eu de la chance de vivre ça, de vivre cette période, c'est là que vraiment tout a démarré, la période des grands procès du viol que plaidait Gisèle Halimi où elle a vraiment faire avancer les choses. Donc oui, il y a une certaine logique à ce que Jeanne Cherhal me donne un texte comme ça à mettre en musique, un beau texte qui est à la fois pudique et fort.

On a l'impression d'être avec cet album, toujours positionnés dans ce café de vos débuts, L'Ecritoire.

Bien sûr ! Je pense qu'on peut tout traiter dans une chanson mais il faut d'abord que ce soit une bonne chanson. On n'est pas des hommes politiques, on n'écrit pas des manifestes, on écrit des chansons populaires. Maintenant si on arrive à trouver le bon angle pour traiter le bon sujet et que ce soit une chanson populaire, mille fois bravo! J'attendais qu'on m'en propose, c'est venu cette fois-ci, tant mieux ! C'est la période qui veut ça, ça prouve aussi que je reste un chanteur actuel puisque on a envie de me faire chanter des choses actuelles.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.