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Le monde d'Elodie. Camille Lellouche : "Ma chanson, c’est un peu l’hymne du confinement et c'est pour les hôpitaux"

La chanteuse et humoriste fait un carton avec sa chanson sur le confinement dont elle reversera les bénéfices aux hôpitaux de Paris et hôpitaux de France.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Camille Lellouche (RADIO FRANCE / JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT)

Elodie Suigo : Camille Lellouche, actrice, humoriste, chanteuse française, le public vous a découverte lors de votre participation à l’émission The Voice en 2015. Depuis ce début de confinement, vous êtes une des révélations humoristique sur les réseaux sociaux. Révélation pour le public, mais est-ce que ce n’est pas aussi une révélation pour vous ?

Camille Lellouche : Des buzz, ça arrive de temps en temps et ça n’est jamais quand tu t’y attends. Ce sont des choses imprévisibles. Et c’est lié à ce confinement, parce que j’avais envie d’exprimer ma colère contre ce virus et puis contre les gens qui ne respectent rien et j’en ai fait une chanson. Mais c’était un one shot. Je ne pensais pas du tout que ça prendrait cette ampleur. On me connaît en tant qu’humoriste, mais pas en tant que chanteuse, alors que c’est mon premier métier et on l'a redécouvert à travers ce buzz.

Cette vidéo de la chanson Cocorona a déjà cumulé 8 millions de vues sur les réseaux sociaux et les plates-formes vidéo. Les bénéfices seront intégralement reversés aux hôpitaux de Paris et hôpitaux de France. Comment est née cette chanson, Camille ?

J’ai besoin de m’exprimer, soit en faisant des petits sketches, soit en chantant. Si je le fais en tant que Camille Lellouche, comme je suis une nature très impulsive, très entière, très cash, je ne vais pas mentir aux gens, mais je n’avais pas envie de m’exprimer en colère. Je me suis dit "Va au piano et teste un truc". Et vraiment c’est du premier jet, comme une impro pour un sketch sur Instagram ! Pas coiffée, pas maquillée comme d’habitude,  je me suis dit "Vas-y balance ça !" et c’est vrai que ça a pris une ampleur folle. Les gens m’ont dit "Tu devrais en faire un vrai son". Je les ai écoutés, et de là, ils m’ont dit "Tu devrais la sortir sur les plates-formes". J’ai trouvé que c’était une bonne idée et aussi que cet argent soit reversé aux hôpitaux, parce que c’est devenu un peu l’hymne du confinement. Et je ne me voyais pas prendre de l’argent pendant une période aussi dure !

C’est un gros pari de reverser cet argent dans sa totalité aux hôpitaux,  d’autant plus que vous êtes intermittente du spectacle. D’ailleurs, comment vivez-vous ce moment suspendu, par rapport à la reprise éventuelle des concerts, des festivals, des salles de spectacles qui sont à l’arrêt complet ?

Ma malchance dans ce confinement, en fait, c’est qu’il me restait quatre dates de mon spectacle, dont les deux dates de captation vidéo du spectacle. Ça fait presque quatre ans que je jouais pour ainsi dire sept jours sur sept et du coup, je vais peut-être me retrouver huit-neuf mois sans jouer, ce qui est juste du jamais vu ! Il va falloir que je retrouve des dates pour me rôder à nouveau. Je pense que personne ne l’a jamais fait car le maximum de ce que les artistes peuvent faire c’est deux mois d’arrêt, parce qu’il y a des vacances ou autre chose. C’est ma plus grosse angoisse : être toujours bien sur scène et aussi forte que j’ai pu l’être avant.

Ce confinement vous a-t-il changé Camille ?

Ça m’a solidifiée, parce que j’étais quand même depuis trois ans et demi non stop en tournée, je n’arrêtais pas. C’est vrai qu'à moment donné, je me disais que j’aimerais bien souffler. Mais pas de cette manière ! Et c’est vrai que quand tu joues pour 100.000 personnes et que soudain il n’y a plus rien, que tu te retrouves chez toi toute seule, vraiment seule, confinée, tu te dis "Ah oui, c’est violent quand même !" Je n’ai jamais eu trop de problèmes avec la solitude mais je ne l’aime pas forcément. Et c’est vrai que j’ai l’habitude d’être tout le temps entourée, par mon équipe de travail, par ma famille. Là, je m’occupe bien mais c’est vrai que j’en ai ras la casquette ! Mais bon, je me dis que je n’ai pas à me plaindre non plus, j’ai la santé mais à moment donné, la névrose revient et je me dis, "Est-ce que ça va aller ? Je vais retourner sur scène bientôt ? Est-ce que je vais être toujours aussi drôle ?" J’ai peur en fait. Est-ce que les gens vont vouloir à nouveau se déplacer dans les salles ? Parce que je ne veux pas jouer dans une salle où il y a un public avec un siège sur deux, c’est trop triste. Donc j’attendrai jusqu’au moment où on pourra tous se rassembler de nouveau, en ayant envie de se parler et d’être côte à côte.

Vous l’imaginez comment ce déconfinement ?

Honnêtement, compliqué. Évidemment je suis positive et je me dis que ça ira. Mais je pense que la plupart des gens, notamment ceux qui ne respectent pas le confinement, n’imaginent pas à quel point c’est un virus qui a tué énormément de gens. Ça va être long, il va falloir du temps pour s’adapter. Moi, je ne sors pas, je me fais livrer parce que j’ai très très peur et je l’assume complètement. Et puis je ne veux pas voir des gens à moins qu’ils aient fait des tests (rires).

Pour terminer, Camille, la suite c’est donc un album. Allez-vous lâcher prise sur cet album ?

Tout à fait. Non pas que l’humoriste ne soit pas la vraie Camille, mais en humour tu peux te cacher derrière des personnages, derrière une carapace. Parce que malgré ce qu’on voit de moi, je suis quelqu’un de très pudique, j’ai une histoire, j’ai ma vie que je n’arrive à exprimer qu’en chantant. Et souvent ce n’est pas très joyeux. La Camille chanteuse, c’est la Camille qui dit tout, Qui n’a pas de barrière qui n’a pas de filtre. En chantant, je n’arrive pas à faire semblant du tout, à me protéger. En tout cas on apprendra encore à me connaître !

Donc vos quatre dernières dates de "Camille en vrai" auront lieu en octobre prochain, c’est en cours de calage et la chanson Cococorona est reversée aux hôpitaux de Paris et hôpitaux de France, n’hésitez pas ! Merci Camille Lellouche.

Merci à vous de m’avoir accueillie, c’est très chouette

(Chanson Cococorona... )

 

 

 

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