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Le parolier Lionel Florence : "Je ne peux pas concevoir d’avancer dans la vie et encore moins d’être un artiste si on n’est pas sincère envers soi-même"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, Lionel Florence, un des plus grands paroliers français, auteur, photographe pour son livre "Jules" aux Editions Plon.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
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Temps de lecture : 2 min
Le parolier Lionel Florence, invité de franceinfo le 17 février 2020 (Editions Plon)

Ce livre, c’est un hommage à Jules, sa plus grande histoire d’amour. Une histoire "un peu tardive parce que j’avais 49 ans, il était temps quand même". Lionel Florence a pris la plume pour raconter son compagnon, parler de son histoire, de son suicide il y a sept ans. Et il ajoute : "En plus, c’était sa volonté qu’on parle un peu de notre histoire et de son passé évidemment, de son vécu. Je voulais lui rendre hommage, lui dire merci en fait tout simplement d’avoir croisé mon chemin et moi le sien sans doute".

Lionel Florence est un des plus grands paroliers français. Il a écrit notamment pour Florent Pagny Savoir Aimer, Calogero Tien An Men ou encore pour Johnny Hallyday Debout… Lionel Florence parle très souvent d’amour dans ses chansons alors que lui-même avoue qu’il n’y croyait plus jusqu’à sa rencontre avec Jules : "Parler d’amour c’est aussi une façon de vivre par procuration une histoire d’amour. Je crois qu’en effet toutes mes chansons sont des chansons d’amour, peut-être parce que justement soit j’en ai manqué, soit je n’ai pas vécu d’histoires d’amour. C’est toujours assez facile de fantasmer et d’idéaliser une histoire d’amour parce qu’on ne la vit pas soi-même". 

L’enfance maltraitée

Jules, c’est l’histoire d’un enfant "complètement rejeté par ses parents" car soupçonné d’être le fruit d’une infidélité de sa mère avec son propre frère : "Oui, c’est quelqu’un qui a été rejeté jusqu’à l’âge de 11 ans. C’est un passé je crois qui chez tout individu laisse forcément des traces. On essaie de survivre, de s’en remettre, d’avancer. Lui n’a pas réussi, j’ai essayé de l’aider, de le rendre heureux, voilà".

J’ai toujours vécu et vu en lui une espèce de fatalité. Je n’ai pas été étonné. Je ne pouvais pas de toute façon empêcher quelque chose qui était inéluctable à mon avis.

Lionel Florence

à franceinfo

C’est donc l’histoire d’amour entre deux hommes aux parcours diamétralement opposés : "Moi, j’ai eu une enfance heureuse. Le manque que j’ai eu c’est le manque d’un père. Ce n’est pas du tout la même problématique ou la même portée" car il explique que son père était mobilisé en Algérie et ajoute à propos de ce manque : "J’en ai fait quelque chose de positif. C’est un peu grossier de dire ça mais je n’aurais pas écrit les chansons que j’ai faites, si je n’étais pas dans ce manque d’amour qui est lié à ma petite enfance et non pas à l’enfance".

Être soi-même

"Je ne peux pas concevoir d’avancer dans la vie et encore moins d’être un artiste si on n’est pas sincère envers soi-même" : c’est pour suivre cette ligne de conduite que Lionel Florence n’a jamais caché son homosexualité, l’a assumée : "Si on commence à tricher ça se voit et ce n’est pas ma nature". 

Il officie comme professeur de dessin, écrit et compose des chansons jusqu’à ce qu’il croise la route, au milieu des années 90, de Jane Birkin, Alain Chamfort, Kent, et Pascal Obispo pour le projet caritatif Entre sourires et larmes. C’est avec ce dernier et le titre Lucie qu’il change résolument de voie : "On s’est rendu compte, Pascal et moi, qu'on pouvait avoir une alchimie comme ça qui pouvait fonctionner, et fonctionner pour les autres aussi". Dans un autre registre, une autre forme d’écriture, il co-signe avec Patrice Guirao les paroles de plusieurs comédies musicales comme Les Dix Commandements, Le Roi Soleil etc… : "On est tellement main dans la main pour ce genre d’exercice là. On a eu la chance d’avoir eu beaucoup de succès avec des comédies musicales".

L’hommage à Jules se lit dans son livre mais s’écoute aussi avec la chanson qu’il a écrite après sa disparition tragique Les fleurs du bien interprétée par Pascal Obispo. Il confie que c'est sa préférée dans son vaste répertoire : "C’est une chanson qui est passée assez inaperçue comme ça mais c’est peut-être la chanson qui me représente le plus" .

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