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"Le seul truc que je sais faire, c'est chanter la paix dans les tranchées" : Soprano dans son costume de "Soldat de paix"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Cette semaine, un invité exceptionnel, le chanteur, rappeur et compositeur, Soprano. Il se livre en remontant le temps avec cinq de ses chansons incontournables.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Le rappeur Soprano en concert à Décines-Charpieu (Rhône) le 11 juin 2022 (STEPHANE GUIOCHON / MAXPPP)

Soprano, chanteur, rappeur et compositeur, est devenu en quelques années un incontournable de la scène urbaine et de la variété française. Le symbole que tout est possible si on garde la passion et l'envie comme seuls moteurs.

Il passe cette semaine sur franceinfo et évoque son enfance dans les quartiers Nord de Marseille, son groupe Psy 4 de la rime, sa rencontre avec Akhenaton d’IAM ou encore sa carrière solo sans jamais se départir de son sourire et de son regard bienveillant sur le monde qui l’entoure.

Plus de trois millions de disques vendus, plus d'un million de spectateurs lors de sa dernière tournée. Une série lui est même consacrée sur Disney + depuis le 15 juin dernier. Six épisodes pour mieux comprendre qui est Soprano, comment il a grandi et percevoir son lien indéfectible avec la ville de Marseille qui a joué un grand rôle dans son processus de création et d'écriture.

Son dernier album, Chasseur d'étoiles, est ressorti augmenté de trois titres inédits. 

franceinfo : Rappeur plus que populaire, devenu vous-même héros du quotidien, si on se réfère à votre chanson : À nos héros du quotidien, un symbole. Finalement, peu importe d'où l'on vient, on peut y arriver ?

Soprano : Si on s'en donne les moyens, oui, c'est possible. Après il faut un peu de chance aussi et moi, j'ai eu celle de croiser des gens comme Akhenaton qui ont fait que...

Je voulais revenir sur l'année 2016 avec un album qui a été très important dans ce parcours, c'est L'Everest. On a senti que vous aviez besoin de vivre une ascension, qu'il se passe d'autres choses.

Oui, il fallait qu'on se donne de nouveaux challenges. Il fallait qu'on avance avec tout ce qu'on a vécu comme magnifiques succès avant. Notre objectif était de faire le Stade Vélodrome. On s'est dit : "Ce sera notre Everest". Au début, on a bien rigolé, on s'est dit : "On est fous". Après, petit à petit, on s'est dit : "On va commencer". Et du coup, quand on l'a fait, on s'est dit : "Ah ouais, c'était vraiment l'Everest". Donc c'est un album très important pour nous.

53000 personnes sont venues au stade Vélodrome. Vous êtes le premier rappeur à remplir un stade. C'est aussi toute une symbolique de réussite ? Est-ce qu'on regarde dans le rétro ? Est-ce qu'on se rend compte du chemin parcouru ?

Oui. On ne peut pas fermer les yeux. Il y a une collègue à moi qui me dit : "Mais tu ne t'en rends pas compte, toi". Je suis toujours en train de travailler. Je suis toujours en train de regarder. Oui, je me rends compte, mais il ne faut pas que je me focalise, que sur ça, il faut avancer, créer encore de nouvelles choses ! Bien sûr, il faut ralentir et profiter de la vie, mais quand même, il faut avancer.

J'ai l'impression que vous n'avez jamais connu de moments difficiles depuis vos débuts, dès que ça a commencé à fonctionner.

On va dire dans ma carrière ! À chaque fois, j'ai essayé de me renouveler. Par exemple, une chanson comme À la bien, je me suis dit que la prochaine devait être totalement différente. Un morceau comme Clown ne ressemble pas Fresh Prince qui ne ressemble pas à À nos héros du quotidien, qui lui-même ne ressemble pas Dingue ou encore à En feu.

"Toutes mes chansons doivent être uniques pour que je puisse continuer à explorer et essayer d'être inspiré pour continuer à faire ce que j'aime le plus, faire de la musique."

Soprano

à franceinfo

La chanson Clown vous a collé à la peau très vite. Il y a un côté circassien dans votre façon d'être. Ça veut dire que vous avez ce côté artisanal, ce côté saltimbanque en vous ?

Oui, parce que tout ce que j'ai fait jusqu'à maintenant, je l'ai fait avec des bouts de ficelle. Je me souviens quand on a fait les premiers disques avec mes amis, on le dit dans le documentaire, on explique bien, on voit même ! On prenait des cd, on les faisait graver et on collait les affiches. On allait dans les snacks, on les posait : "Est-ce que tu nous les achètes pour les vendre ?" Toute ma vie, ça a été comme ça, même encore il n'y a pas longtemps, la promo, on la faisait nous-mêmes d'une manière un peu folle, alors qu'aujourd'hui, on a peut-être un peu plus de moyens, donc ça me colle à la peau.

Comment vous définissez-vous ?

Sincère.

Est-ce que le petit garçon que vous étiez est fier de l'homme que vous êtes devenu au fil du temps ?

À mon avis, il doit halluciner ! Il doit valider certains de mes choix, d'autres il ne doit pas comprendre parce qu'au début, comme le disait Mohammed Ali : "Si tu as les mêmes idées à 20 ans qu'à 40, ça veut dire que tu n'as pas vécu". Mais il doit halluciner sur le chemin, le parcours et sur ce qu'on est en train de continuer à faire.

Chasseur d'étoiles est le titre du dernier album qui est ressorti il y a très peu de temps avec une version inédite. Chasseur d'étoiles, vous l'avez toujours été dans l'âme. Est-ce que ce n'est pas ça qui vous a permis d'avancer ?

Oui, je pense que le fait de pouvoir continuer à aller chercher les étoiles à droite, à gauche, ça m'a permis de continuer à vivre, de me dire : allez, demain, il faudrait que j'arrive à attraper cette étoile, cette étoile, cette étoile, mais toujours, et ça, je l'ai appris avec l'âge, prendre conscience de l'essentiel, revenir et vivre avec mes proches.

Un mot sur la chanson Soldat de paix ?

C'est une chanson que j'ai écrite pendant l'arrivée de la guerre et justement la soi-disant "fin" du Covid. J'avais besoin d'écrire parce que je n'étais pas très bien. Je le dis au début du morceau. On vivait tous une période avec un peu la boule au ventre. Des gens me disaient : "Sopra, ce serait important que tu parles" et moi je suis apolitique, donc je ne parle pas. Je me suis dit : le seul truc que je sais faire, c'est de chanter la paix dans les tranchées. Ça veut dire qu'on est en pleine guerre, les gars, on va y arriver, même si parfois ce n'est pas facile, voilà.

Soprano, soldat de la paix jusqu'au bout des ongles ?

J'ai fait de mon mieux !

Soprano sera en concert en 2023 : le 13 février 2023 à Epernay, le 24 à Toulon, le 25  à Montpellier, le 4 mars à Amnéville, les 11 et 12 à Nantes, le 17  à Châteauroux, les 18 et 19 à Dijon ou encore le 6 mai au Stade de France à Saint-Denis.

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