"Ma carrière solo a un peu commencé comme un accident" : Bryan Ferry remonte le temps avec "Retrospective : Selected Recordings 1973-2023"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Lundi 25 novembre 2024 : l’auteur, compositeur, interprète et musicien britannique Bryan Ferry. Le fondateur du groupe Roxy Music sort un coffret de cinq CD qui retrace sa carrière solo.
Article rédigé par Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
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Bryan Ferry lors de sa tournée du 50e anniversaire, le 14 octobre 2022 à Londres, en Angleterre. (JIM DYSON / GETTY IMAGES EUROPE)

Quand on parle de Bryan Ferry, on pense tout d'abord au groupe Roxy Music qu'il a fondé en 1970 et avec lequel il a fêté ses 50 ans de carrière en 2022. Qu'on se le dise, Roxy Music reste pour beaucoup les précurseurs du glam rock aux côtés de David Bowie. Et là où les autres cassaient tout, Bryan Ferry, chef de file toujours tiré à quatre épingles, a toujours séduit. Il est ce qu'on appelle un gentleman rockeur. Aujourd'hui, après plus de cinq décennies passées à nos côtés, à travers une carrière solo constante, des tubes marquants et devenus des monuments, comme Slave to Love, il sort une rétrospective composée de 81 titres. Parmi ces titres réunis sur cinq CD parmi, on trouve She Belongs to Me, une réinterprétation de Bob Dylan ou encore le titre inédit Star.

franceinfo : Que représentent ces 50 ans de carrière ?

Bryan Ferry : Ça a été amusant de faire cet album parce qu'en fait, il y avait plein de chansons à choisir. Essayer de les mettre dans des petites boîtes, dans des catégories, était un exercice assez drôle. Et puis se retourner sur 50 ans pour regarder un petit peu quelle a été sa carrière, c'est toujours un moment assez spécial. Aux 80 chansons qu'on a mises sur cet album, on a décidé d'en mettre une de plus. Une 81ᵉ qui était en fait un nouveau titre avec une artiste que j'apprécie beaucoup, Amelia Barratt. Avec elle, on a travaillé sur plusieurs morceaux, qui feront l'objet d'un album qu'on sortira l'année prochaine. Mais l'idée, c'était aussi de dire que c'est certes une rétrospective, mais c'est aussi une façon de parler du futur. De dire qu'on est encore là, on est encore actif, on fait encore des nouvelles chansons. Retrospective, c’est un petit peu une façon d’indiquer aux fans ce qu'ils auront l'opportunité d'écouter plus tard.

Cette rétrospective est l'opportunité de replonger dans ces tubes qui ont fait de vous l'homme que vous êtes devenu au fil du temps. On pense au petit garçon dans cette ville minière où vous êtes né. Votre père élevait des chevaux pour la mine et vous, vous avez travaillé pour un tailleur du coin. Vous êtes-vous rendu compte que vous avez grandi très vite ?

Je me remémore cette enfance qui a été très belle, très stable, avec des parents qui m'ont donné beaucoup de stabilité. Ma mère venait de la ville, elle était pleine de vie, elle adorait la musique. Et c'est vrai que je me remémore ces moments à travers ce disque également. C'est une partie de moi mise sur ces galettes. Je me souviens lorsque j'étais étudiant à Newcastle, à l’époque, je devais avoir 18 ans, j'étudiais la peinture. Et je suis allé à Londres en stop, ça faisait quand même une trotte, pour aller voir Otis Redding en concert.

"C'est vraiment à un concert d’Otis Redding à Londres que je me suis dit : c'est ce que j'ai envie de faire."

Bryan Ferry

à franceinfo

Vous avez pourtant fait partie de la classe de Richard Hamilton car au départ, vous vouliez vraiment devenir peintre. Vous étiez attiré par le pop art.

C'est vrai que j'avais très envie de devenir peintre, mais ce qui m'a attiré dans la musique, c'était de pouvoir avoir ce rapprochement avec l'audience, pouvoir voir leur réaction. Créer quelque chose et susciter des réactions. Alors on a quand même gardé cet esprit de peinture, parce qu'on avait avec Roxy Music une palette de sons à notre disposition qui était très large, avec des gens comme moi, Phil Manzanera ou bien Brian Eno, avec ses synthétiseurs, qui était quelqu'un qui mettait beaucoup de couleurs. Donc on avait tous ces sons et c'était comme reprendre plusieurs sons et comme un peintre pour en faire une palette.

J'ai le sentiment que les groupes ont été finalement ce qui vous a donné la force d'affronter la scène qui vous attirait. Et le fait d'être en groupe vous a donné ce sentiment de famille que vous choisissiez.

Ma carrière solo a un peu commencé comme un accident en fait. Je me suis retrouvé après la sortie du deuxième album de Roxy Music en 1973, avec une envie de sortir un album très vite après. Mais je n'avais pas de chansons, je n'avais pas de titres. Je me suis dit : je vais essayer d'expérimenter quelque chose de différent et je vais reprendre des chansons que j'aime. On a fait un album avec pas mal de "covers", et il a connu le succès de façon assez inattendue. C'est ainsi que j'ai commencé ma carrière solo, mais c'était plutôt une sorte d'échappatoire par rapport à ma carrière avec Roxy Music qui restait quand même la chose principale.

"Ma carrière solo, c'était un petit peu une façon de sortir de la ligne Roxy Music pour aller faire des choses différentes, mais cela s'est passé de façon plutôt surprenante et pas très planifiée."

Bryan Ferry

à franceinfo

L'un des inédits, c'est Star. Vous vous sentez star ? Comment vous définissez-vous ? Qui est Bryan Ferry ?

C'est une question très intéressante et très difficile en même temps. Je ne saurais pas trop y répondre. Je pense que je me décrirais avant tout comme une personne qui travaille beaucoup, mais aussi une personne qui aime les aventures, qui aime aller de l'avant et qui aime découvrir des choses.

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