Michael Jones : "La chanson 'Je te donne', c'est notre histoire avec Jean-Jacques Goldman"
Michael Jones(Nouvelle fenêtre) est guitariste, auteur, compositeur et chanteur franco-gallois. Il est indissociable de Jean-Jacques Goldman(Nouvelle fenêtre), avec lequel il a partagé de nombreux moments, de belles collaborations et aventures. Il y a eu le groupe Taï Phong à la fin des années 70, qui a marqué le début d'une grande amitié et de ce lien sont nés des titres comme Je te donne, numéro 1 du Top 50 pendant huit semaines, titre qu'il a co-écrit et extrait de l'album de son comparse Non homologué (1985). Il est surtout un membre du fameux trio Fredericks-Goldman-Jones. Michael Jones(Nouvelle fenêtre) est actuellement en tournée dans toute la France. On peut le retrouver, par exemple, le 10 mars 2023 au Palais des Sports de Paris, le 29 au Zénith d'Amiens, puis au Zénith d'Orléans le 21 septembre. Il a également sorti en décembre dernier, L’héritage Goldman Volume 2, dans lequel il interprète notamment, en duo avec Céphaz(Nouvelle fenêtre), la chanson Encore un matin.
franceinfo : Vous vous rappelez de votre première rencontre avec Jean-Jacques Goldman ?
Michael Jones : Oui ! Il faut savoir que je suis rentré dans le groupe Taï Phong pour remplacer Jean-Jacques qui ne voulait pas tourner. Mais après, j'ai compris pourquoi. Le groupe Taï Phong avait des idées immenses et ils pensaient qu'ils allaient pouvoir tourner comme Pink Floyd. On avait donc une machinerie énorme pour jouer devant 300 personnes. Et donc j'ai rencontré Jean-Jacques au moment où il fallait choisir les chansons pour le troisième album, avec Jean Maresca qui était le producteur à l'époque. Et ça a été un coup de foudre immédiat.
Il s'est retiré de la scène et vous, vous êtes un peu le liant avec le public. Ce public qui en manque de Jean-Jacques Goldman. C'est important pour vous justement de créer ce liant, de faire vivre ces chansons sur scène ?
Je ne pense pas que les gens soient en manque de Jean-Jacques Goldman parce qu'il existe toujours à travers ses chansons. Mais il nous a légué ses chansons et je pense que les gens s'identifient beaucoup plus aux chansons qu'à l'artiste lui-même.
Pourquoi la musique ?
Parce que je suis Gallois et on tombe dedans un peu quand on est petit. C'est la première chose qu'on apprend à l'école.
Ce qui est étonnant d'ailleurs, c'est que votre père faisait partie de l'armée. Il a fait le débarquement de Normandie. C'est la mère d'ailleurs qu'il va rencontrer votre mère, à Caen. J'ai le sentiment que ce sont aussi des valeurs qu'on vous a transmises. Que gardez-vous de vos parents ?
L'amour, je suppose. C'est la chose qu'on garde le plus souvent. Mais mon père m'a appris beaucoup de choses, c'est-à-dire le golf. Je suis né sur un golf parce que je suis né à un moment où mon père était basé à Berlin et donc mon grand-père n'avait pas de permis pour emmener ma mère à l'hôpital et donc elle a accouché au golf.
On a le sentiment d'ailleurs que vous avez du mal à parler de vous. C'est difficile pour vous de vous mettre en avant, vous avez toujours été dans l'ombre.
En fait, c'est plus facile d'écrire que de parler. Donc c'est pour ça que j'ai sorti un livre qui me raconte, ou des chansons.
"C'est plus facile d'écrire que de parler de soi. C'est aux autres de parler de moi."
Michael Jonesà franceinfo
À quel moment vous avez commencé à écrire vos chansons ?
Je devais avoir 11 ans. À l'école, j'étais au fond de la classe pendant le cours de maths et j'écrivais des textes.
Un mot sur Je te donne parce que c'est vrai que c'est une chanson qui est un incontournable de Jean-Jacques Goldman.
En fait, Jean-Jacques a dit : "Ca raconte notre histoire. Donc tu racontes ta partie de notre histoire". Et voilà, c'est tout simplement ça.
"'Je te donne', c'est notre histoire avec Jean-Jacques Goldman. C'est l'histoire de deux mecs qui viennent de deux horizons, deux religions totalement différents, qui arrivent à s'entendre et à avancer ensemble."
Michael Jonesà franceinfo
Quand on dit Michael Jones, on pense évidemment au trio Fredericks-Goldman-Jones avec la regrettée Carole Fredericks. Comment est né ce trio ?
Carole chantait déjà avec nous en tournée et on était en voiture ensemble, Jean-Jacques et moi. Il m'a dit : "Voilà mon prochain album, je suis obligé de le faire avec un groupe parce que les textes sont pour plusieurs personnes. Et donc évidemment, il y a toi, mais il faudrait une fille". J'ai répondu : il y a Carole ! Il me dit : "Bon sang, mais c'est bien sûr !" Mais, je pense qu'il savait déjà. Il voulait juste que je pense la même chose que lui.
Dans Héritage, justement, il y a une démarche qui est très importante pour vous et qui continue d'ailleurs à faire partie de vous. C'est le fait d'aller chercher des nouveaux artistes en permanence. C'est un clin d'œil aussi, ça, aux gens qui vous ont fait confiance ?
C'est l'histoire de passer le témoin. Moi, j'adore que les chansons vivent, mais autrement. Et ces jeunes artistes les interprètent différemment, à leur manière, avec leur caractère, leur identité. Et je trouve ça très bien. Les chansons de Jean-Jacques aujourd'hui, sans rentrer dans l'histoire de la culture française, on les reprend comme un jazzman va reprendre des standards de jazz ou un chef d'orchestre classique va reprendre du Chopin ou du Mozart. C'est un peu le même esprit. C'est de refaire vivre ce dont on a hérité de Jean-Jacques, c'est-à-dire ses chansons.
Le fait de monter sur scène, c'est une cour de récréation, c'est ce qui vous donne envie de continuer la musique parce que lui a pris sa retraite, mais pas vous.
C'est ce qui me fait vivre. J'ai toujours le souvenir d'Henri Salvador(Nouvelle fenêtre), qui était quelqu'un de très vivant et tant qu'il jouait sur scène, il était très vivant. Il a arrêté de faire de la scène, il est mort quelques mois après et ça, ça me hante.
Pour terminer, est-ce que vous avez une chanson fétiche de Goldman ?
Oui, c'est Minoritaire parce que d'abord, ça m'a permis de rencontrer un guitariste que j'admire, qui est Nono du groupe Trust. Et j'adore le texte parce que ça me correspond, "Quand je serai grand, je sais ce que je veux faire, je veux être minoritaire".
Michael Jones sera en concert, entre autres, le 10 mars à Paris, le 11 à Amnéville, le 14 à Dijon, le 17 à Chambéry, le 21 à Lyon, le 23 à Nice, le 26 à Narbonne, le 28 à Nantes etc…
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