"Musicalement, c'est plus aventureux" : Jason Mraz nous offre un huitième album sous le signe de l’infini

Jason Mraz est auteur, compositeur et interprète américain. Le public l'a découvert avec son premier album Waiting for My Rocket to Come et le grand public l'a adopté avec son titre I'm Yours en 2008. Ce qui le caractérise, c'est sa bonne humeur, son côté solaire et joyeux. Une joie de vivre communicative qui donne envie d'affronter la vie. Il a d'ores et déjà reçu deux Grammy Awards. Ce vendredi 23 juin 2023, il est de retour avec un nouvel album intitulé Mystical Magical Rhythmical Radical Ride.

franceinfo : Mystical Magical Rhythmical Radical Ride est votre huitième disque qui comprend dix titres et je crois que ce chiffre "8" est très important pour vous.

Jason Mraz : Au début, je l'ai utilisé comme idée pour commencer l'album. J'ai vu le "8" comme le signe de l'infini et j'ai ressenti que je continuais dans ce voyage dans lequel je suis depuis que je suis gamin. Et puis, en sachant que la musique qui vivra après nous nous survivra dans l'infini et peut-être nos esprits sont infinis donc, c'était un point de départ pour commencer.

C'est devenu très vite un album parce que c'est votre mère, June, qui vous a demandé de construire un album pop et elle vous a fait une remarque en disant : "Fais-le pendant qu'il est encore temps, de manière à ne pas vieillir trop vite".

Je lui ai répondu : mais qu'est-ce que tu sais maman ? Tu sais des trucs que je ne sais pas ? Mais d'expérience, je pense qu'elle veut dire : "En vieillissant, vous pourriez ne plus avoir l'énergie" ou le public d'ailleurs ! C'est ma plus grande fan et on veut toujours faire plaisir à ses fans. Et puis je voulais essayer de faire de la musique que je n'avais pas encore fait jusqu'à présent. En termes de sujets, c'est en alignement avec ce que j'ai fait jusqu'à présent, mais musicalement, c'est plus aventureux.

Votre mère est tombée malade pendant l'enregistrement de cet album. Votre beau-père est décédé. Cet album transpire cela. Il transpire à la fois la joie et à la fois la tristesse.

Oui, même si beaucoup des paroles ont été écrites avant ces événements. On a dû enregistrer l'album pendant et d'une certaine manière, ça m'a rendu plus présent et plus au clair et au fait de la préciosité de la vie, que le temps n'est pas garanti. En fait, ça m'a beaucoup aidé et ça m'a fait prendre conscience de tout ça et apprécier l'expérience, voir le bon dans une mauvaise situation.

Comment vivez-vous le temps qui passe alors ?

Une chanson, c'est comme regarder des photos. Pour moi, c'est écouter par le son mes souvenirs.

Jason Mraz

à franceinfo

Un jour après l'autre, je n'arrive pas à croire à quel point le temps est vite passé. J'ai tellement de gratitude. Je travaille la musique toutes les semaines, j'écris une chanson toutes les semaines et d'une certaine manière, je peux regarder ma vie, la vie que j'ai déjà passée. Regarder une chanson et me rappeler qui j'étais cette semaine-là, ce que je traversais, ce que je célébrais, l'état dans lequel j'étais, c'est vraiment un don.

Vous rappelez-vous du moment où votre chanson I'm Yours a explosé ? Vous êtes propulsé sur le devant de la scène, sous le feu des projecteurs. Comment avez-vous vécu ce moment ?

Je ne sais pas pourquoi cette chanson a explosé. Cette chanson est devenue tellement plus grosse que moi. C'était une joie d'arriver n'importe où dans le monde et de chanter cette chanson avec des auditeurs qui étaient tombés amoureux de la chanson. Et après ce moment-là, ça m'a transformé en tant qu'auteur-compositeur et je voulais vraiment avoir un but, un objectif. C'est comme ça que le changement d'ego est arrivé. J'ai changé de "Regardez-moi !" à "Je vous présente une chanson d'une manière différente aujourd'hui".

Il y a des musiques pour danser, pour chanter, pour se faire du bien à l'âme. Et puis il y a des musiques pour davantage se poser, faire une introspection. Je sais que vous avez été très touché il y a quelque temps par le bouddhisme et surtout par cet art de vivre. Je voudrais que vous parliez de la chanson Irony of Loneliness tirée d'un poème de Rupi Kaur.

Il y aura toujours de la souffrance, donc au travers de la poésie, de la musique, de l'art, on peut aider à soigner la souffrance et amener la paix dans le monde.

Jason Mraz

à franceinfo

Oui, cette chanson, spécifiquement, dérive et arrive de la pandémie et de se sentir isolé et distant du monde et de nos amis. Je travaillais sur quelques chansons qui sont devenues Irony of Loneliness, mais ce n'était pas vraiment fini avant que j'entende ce poème du même nom. Et ses mots disent tout. On n'a même pas besoin de la chanson. On avait juste besoin du poème ! C'est ça, l'ironie de la solitude, c'est qu'on la ressent tous en même temps. Et ça m'a vraiment attrapé le cœur et fait savoir que tout ce que je peux vivre, je ne suis pas le seul à vivre. Il y a toujours de la souffrance et le bouddhisme dit ça également.

Il y a un titre qui s'appelle Feel Good, on va rester là-dessus. C'est un album feel good !

Oui, absolument. Je vis ma meilleure vie en ce moment.