Musique : "On a failli se séparer au deuxième album", confient les membres du groupe Muse avant la sortie de "Will of the people"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, ils sont deux, Matthew Bellamy et Dominic Howard du groupe britannique Muse. Le groupe sort ce vendredi 26 août, son neuvième album, "Will of the people".
Matthew Bellamy et Dominic Howard forment avec Christopher Wolstenholme, le groupe britannique Muse. Né en 1994, il y a 28 ans déjà, il a vendu plus de 30 millions de disques à travers le monde, fait aussi le buzz sur les réseaux sociaux avec plus de 2 milliards et demi de vues sur YouTube tout en recevant de nombreux Prix et récompenses comme deux Grammy Awards dans la catégorie du meilleur album rock en 2011 et 2016. Ce vendredi 26 août est sorti le neuvième album, Will of the people.
franceinfo : J'ai l'impression que Will of the people est un cri d'alarme, que c'est quelque chose qui vous tenait vraiment à cœur.
Matthew : Oui, ça peut être vrai. Ça fait un petit moment qu'on est à Los Angeles. On y a passé toute la pandémie, on a vu les émeutes, toute la transition du gouvernement qui était assez compliquée. Il y a eu, également, beaucoup d'incendies. Donc on a vécu cette période où pendant un an, c'était vraiment très instable. Donc je pense que oui, forcément, ça a influencé l'album.
Vous dites plein de choses dans cet album, c'est vraiment un album engagé. On sent que vous essayez aussi de faire bouger les gens avec la chanson : Won't stand down. C'était important pour vous justement de revenir sur le fait que non, on ne peut pas se laisser marcher dessus, qu'il faut absolument s'élever contre ça ?
Matthew : Absolument. D'ailleurs, j'aimerais que ce soit un message général pour beaucoup de nos chansons. Et puis l'expérience de la vie nous montre à quel point il faut compter surtout sur soi-même pour justement traverser ce genre d'épreuves et de moments difficiles.
On a l'impression d'ailleurs que Muse est contre l'autoritarisme.
Matthew : Absolument. Moi oui en tout cas, Dominic, je ne suis pas sûr ! Tu es communiste ? Moi, naturellement je le suis.
Dominic : Oui, moi je n'ai jamais aimé qu'on me dise ce que je dois faire, c'est sûr.
Depuis vos débuts, ce qui sort du lot, c'est votre liberté. Est-ce que vous vous sentez toujours aussi libre ? Et justement, est-ce que la liberté est ce que vous cherchez tous les jours quand vous composez, quand vous créez ?
Matthew : Déjà pour nous, c'est vraiment la liberté de faire ce job, d'arriver à exprimer ce qu'on a envie d'exprimer. On a tous pris conscience de la démocratie libérale qu'on aime, qui est menacée par l'extérieur. Et ça, c'est quelque chose qui, je pense à travers tous nos albums, montre que notre liberté est un petit peu menacée, souvent par justement les figures autoritaires. Mais là, ça devient un peu plus direct avec par exemple la situation en Russie.
On vit vraiment dans une époque où notre mode de vie, la démocratie libérale, commence à être menacée.
Matthew du groupe Museà franceinfo
Dans cet album, vous dites des choses. Vous parlez de la pandémie parce que ça fait écho à la création de cet album. Il y a aussi cette guerre en Ukraine. Je voudrais qu'on l'aborde parce qu'il y a un clip qui a été tourné à Kiev et je voudrais savoir comment vous vivez cela, sachant que vous avez déjà été touché il y a très longtemps avec la guerre en Irak.
Matthew : Effectivement la vidéo a été tournée à Kiev avant la guerre en Ukraine. C'était assez inhabituel et puis assez flippant pour tous les gens qui ont travaillé sur ce clip de savoir que voilà, ils travaillaient là-bas et que leur vie, du jour au lendemain, a changé. Donc c'est assez tragique à regarder, en fait.
Quand on parle de Muse, on pense aussi au fait que vous êtes des bêtes de scène. Et je voudrais justement savoir ce que ça représente la scène. Parce que quand on écoute cet album, on se rend compte que vous l'avez aussi créé pour la scène.
Dominic : C'est vrai qu'on ne peut pas s'en empêcher. On sait que lorsqu'on fait une chanson, on va forcément être amenés à la jouer en live . On pense même aux gens qui vont la chanter quand on est en studio, on les imagine qui chantent le refrain.
Le fait que nos chansons soient jouées en live, c'est un peu la motivation de faire de la musique.
Dominic du groupe Museà franceinfo
Ça représente quoi de jouer en France avec ce public français qui vous a totalement adopté ?
Dominic : Il y a toujours une énergie incroyable pour chanter les paroles super fort, pour passer un bon moment. Le public français est mon préféré. On s'est toujours sentis vraiment à la maison lors de nos concerts en France. Depuis le début, on a vraiment l'impression que nos vrais fans sont français en fait !
Matthew, vous êtes la voix de Muse, mais quelle place elle occupe dans votre vie ?
Matthew : Je ne suis pas très extraverti, je suis plutôt introverti et du coup, pour moi, c'est un peu un rôle inhabituel d'être sur le devant de la scène en tant que chanteur principal d'un groupe. Je pense que je me vois plutôt comme un compositeur, un peu en arrière-plan, mais je pense que justement, les show en live, c'est très important pour moi parce qu'on communique vraiment avec les gens.
Quel regard vous avez sur ce parcours ? 28 ans, neuf albums.
Matthew : C'est assez étonnant. Je pense que lorsqu'on a démarré, on ne pensait pas en arriver là, que ce serait aussi long. On est très chanceux, très reconnaissants surtout de pouvoir faire de la musique et que les gens veulent toujours l'écouter. Ça, c'est génial. Et puis, je crois qu'on va continuer du moment qu'on a de nouvelles idées, on va continuer.
Dominic : Les moments les plus difficiles ou bizarres, c'était vraiment au tout début du groupe, je pense. On a failli se séparer à l’album numéro deux. C'était une telle transition par rapport à ne rien faire et être un groupe qui voyage à travers le monde, ça a été très difficile à ce moment-là. Mais voilà... En espérant qu'il y en a encore dix années de plus !
Muse sera en concert, à la Salle Pleyel à Paris, le 25 octobre 2022.
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