"Quand on rentre sur scène, on va en récréation" : Michel Fugain sort un nouvel album "La vie, l'amour, etc."

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Lundi 4 novembre 2024 : l’auteur, compositeur et interprète, Michel Fugain. Il sort un nouvel album "La vie, l'amour, etc." et se produira au théâtre Bobino chaque lundi entre le 6 et le 27 janvier 2025.
Article rédigé par Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
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Michel Fugain au Cirque Royal de Bruxelles, le 10 janvier 2023. (JEAN-MARC QUINET / MAXPPP)

Michel Fugain, chanteur et compositeur français, est  le créateur du Big Bazar, cette troupe à l'esprit hippie communautaire post-soixante-huitarde. Il devait être médecin, tout comme son père l'était, le résistant Pierre Fugain. Mais le cinéma et la Nouvelle Vague l'ont détourné de son chemin qui semblait tout tracé. Il a rencontré Yves Robert dans un premier temps - et a été son assistant, puis Jean Delannoy, Yves Furet et Michel Sardou. Lundi 4 novembre, Michel Fugain vient nous parler de son dernier album qui vient de sortir La vie, l'amour, etc. Il se produira au théâtre Bobino à Paris chaque lundi entre le 6 et le 27 janvier 2025.

franceinfo : La vie, l'amour etc. Ce sont 10 chansons pour vous raconter avec toujours en toile de fond le temps qui passe et l'importance de vivre.

Michel Fugain : En gros et un peu dans le désordre, c'est exactement ça. Oui, le temps qui passe, je suis obligé, compte tenu de mon âge canonique. Les mêmes thèmes sont toujours là, c'est-à-dire la liberté, la liberté de penser bien sûr, cette liberté qu'on a ou qu'on n'a pas et après laquelle on court, pour laquelle on se bat. Mais cela devient beaucoup plus simple avec le temps, précisément. Le temps fait beaucoup le tri, ça devient beaucoup plus simple et comme c'est plus simple, c'est plus difficile à exprimer.

Pourquoi je chante, c'est le titre qui termine l'album. Pourquoi chantez-vous ?

Comment se fait-il que je chante encore d'abord ? En fait, cette chanson arrive exactement à la fin du spectacle. On a terminé, on a salué, on a remercié, mais le public nous remercie aussi. Et ça, j'y suis très sensible. Et je leur dis : ne vous rasseyez pas, j'ai un dernier mot à vous dire. J'adore ça. C'est très difficile de garder sa sérénité. Il y a beaucoup d'émotion. Parce qu'à ce moment-là, je ne suis qu'un individu qui a effectivement droit à la parole et qui dit : "Voilà, pourquoi je chante. Je chante pour ceux qui ont encore une âme, ceux qui ont gardé la flamme. Je chante pour changer le dépit en espérance. Je chante pour tuer le silence. Et comme arme, je n'ai que la musique". Et j'aime le début de cette chanson que je reprends la fin, "ni les hauts murs, ni les censures, ni les dictatures au pouvoir ne peuvent étouffer les cris que sont les chants d'espoir". Pour moi, c'est ça. Quoi qu'il arrive à cette humanité à laquelle j'appartiens, je continuerai de chanter pour ça.

La musique a toujours fait partie de votre vie. C'est le sentiment qu'on éprouve quand on regarde ce parcours. Comment le voyez-vous ?

J'ai fait un parcours strictement logique. J'ai été étudiant en chanson avec des maîtres magnifiques. J'ai appris le spectacle avec le Big Bazar. C'est dans le Big Bazar que j'ai tout appris, pratiquement tout ce qui concerne la scène. J'ai suivi mon chemin en respectant ce que je suis, en ne faisant pratiquement jamais de compromis. Je ne me suis pas planté.

"J'ai toujours tenté de préserver mon innocence. Je me suis bien débrouillé pour ne pas m'ennuyer, pour rester intact, pour encore avoir la moelle, pour encore avoir la voix."

Michel Fugain

à franceinfo

Quand on écoute cet album, il y a des chansons qui donnent le sourire, comme Un sourire, tout simplement. Ça met le doigt aussi sur une chose qui vous caractérise depuis vos débuts, c'est toujours l'envie de rassembler, de partager des choses. C'est comme ça qu'est né le Big Bazar.

Je sais maintenant, avec le temps, que je suis un fédérateur. Je l'ai appris avec le Big Bazar. Vous ne pouvez pas chapeauter 35 personnes - il y avait 15 personnes sur scène, 11 musiciens, des techniciens - vous ne pouvez pas garder ça uni, réuni, si vous n'êtes pas fédérateur. Être fédérateur, ça signifie : ne pas penser à soi d'abord, ne pas passer son temps à se regarder le nombril et être à l'écoute de tous. C'est terriblement instructif. Ça devient beaucoup plus facile avec le temps parce que, je vous le disais, le temps fait le tri, il fait le tri aussi au niveau des gens avec qui vous bossez, ceux qui restent, ceux qui resteront quoi qu'il arrive et que j'aime profondément, et qui font que quand on rentre sur scène, on rentre en récréation, on va en récréation.

Pour terminer, que représente La vie, l'amour, etc. pour vous ?

Je n'ai jamais fait aussi personnel. Je termine avec une chanson qui s'appelle Viva la Vida parce que c'est "Vive la vie" parce que je sais qu'elle peut être difficile, etc. Vous parliez de mon père résistant, je fais partie de la génération qui arrive juste derrière qui a reçu tous les messages. 

"Un résistant, pour quelque cause que ce soit, ça bouffe, ça boit et ça aime la vie. Et ça aime d'autant plus la vie qu'il peut la perdre le lendemain."

Michel Fugain

à franceinfo

Chaque fois que les gens parlent de la résistance, ils ont un peu les sourcils en accent circonflexe, comme s'il y avait de la douleur. Je sais et je l'ai entendu, je l'ai vu, je l'ai contrôlé, ce sont des gens qui adoraient la vie et qui sont engagés parce qu'il n'était même pas question de faire autre chose.

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