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Rencontre avec Ghost, ce groupe de heavy metal suédois qui reprend Genesis, les Stranglers ou Tina Turner

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, le musicien et fondateur du groupe suédois de heavy metal Ghost, Tobias Forge, à l'occasion de la sortie d'un mini-album, "Phantomime", et d'une tournée en France dès le 21 mai.
Article rédigé par franceinfo, Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le groupe de heavy metal suédois Ghost sur la grande scène du festival Hellfest, en 2022. (ARNAUD LE VU / HANS LUCAS)

Tobias Forge est le concepteur, le maître à penser, le chanteur du groupe de heavy metal suédois Ghost. Ses performances scéniques sont notamment incarnées par son personnage, Papa Emeritus. Il y a eu le I, le II, le III et le IV puis le Cardinal Copia. Des personnages restés longtemps sans visage car il ne souhaitait pas révéler son identité pour conserver cette part de mystère qui a d'ailleurs séduit ses fans. L'album Impera, sorti en 2022, a été classé numéro cinq en France et l'AccorHotels Arena a accueilli le groupe avec plus de 20 000 spectateurs. Il a aussi donné un concert, en tant que tête d'affiche, du fameux festival Hellfest. Ce vendredi 13 mai 2023, sort un mini-album Phantomime constitué de cinq reprises. Et puis le groupe sera sur les routes de France pour une série de concerts.

franceinfo : Dans ce nouvel EP, vous reprenez les Stranglers, Tina Turner, Genesis, Iron Maiden et Television. Pourquoi faire ces choix-là ?

Tobias Forge : J'ai toujours été un fan de musique, de beaucoup de styles différents. À mon adolescence, j'ai grandi avec des genres très différents de musique et ma courbe de progression m'a amené au metal et j'y ai toujours apporté mon amour d'autres styles. Avec Ghost, j'ai trouvé un moyen d'être influencé par le rock, la pop et peu importe la musique qui m'inspire d'ailleurs. Donc le choix des chansons n'est pas aussi étrange que cela peut paraître au premier abord en tout cas.

Vous avez souvent parlé de votre enfance en disant que vous aviez une enfance extrêmement difficile parce que les personnes qui incarnaient l'autorité chez vous étaient très dures. C'est ça qui vous a donné aussi envie de trouver votre univers, de pouvoir trouver un art qui vous permet de raconter vos émotions ?

À l'époque, je trouvais mon environnement très tumultueux. Pas de papa, élevé par ma mère et j'ai pris la résolution de m'échapper, finalement. Beaucoup de musique, beaucoup de films, n'importe quoi pour faire passer le temps. Un endroit où concentrer mon attention et y passer la plupart de mon temps. Il y a beaucoup de gens dans le monde qui ont des vies difficiles. Moi, je n'ai pas eu une vie difficile, mais comme enfant, je croyais avoir une mauvaise vie. Ce n'était pas le cas finalement.

Dans cet EP, vous reprenez la chanson Jesus He Knows Me de Genesis. C'est une chanson qui parle de télévangélistes, c'est-à-dire de ces personnes qui sont persuadés d'être en contact avec le Tout-Puissant. Vous, vous avez dit être tombé dans les bras de Satan très tôt. Je voudrais juste savoir aujourd'hui où vous en êtes avec la religion.

Je ne suis pas contre la religion, mais je suis contre la religion dogmatique. C'est clairement inventé pour contrôler les gens.

Tobias Forge, du groupe Ghost

à franceinfo

La croyance, la foi, ne sont pas une mauvaise chose en soi. Moi, je ne pense pas être athée, mais je crois vraiment qu'il se passe des choses, et je veux croire en celles-ci. Ceci étant dit, je ne crois pas que la croyance en des choses qu'on ne connaît pas devrait dicter nos décisions, structurer la société, nous dire comment on devrait se comporter et comment on devrait juger les uns et les autres, surtout à propos du genre, de la sexualité et tout ça.

La religion est donc très présente sur scène, dans tout ce que vous incarnez d'ailleurs, avec ces personnalités dont ce Pape Emeritus. Est-ce que ces personnages ne sont pas d'abord une carapace, une façon de vous protéger, de protéger vos émotions aussi ?

Depuis que je suis tout petit, même à cinq, six ans, j'ai toujours voulu, faute de trouver une meilleure expression, être une "rockstar". Et évidemment, quand j'ai commencé à monter des groupes, j'ai affiné le titre à "musicien". Mais bon, l'idée c'était de me libérer de la société, des chaînes de la société et de juste faire ce que moi je voulais faire, c'est-à-dire de la musique et créer des choses. Aujourd'hui, après beaucoup d'interviews, en parler de manière thérapeutique finalement, je vois un signe très clair que je fais exactement ce que je souhaitais quand j'avais cinq ans.

Je me déguise, je crée quelque chose qui n'est pas moi pour être le plus proche de ce que je voyais comme un rêve quand j'avais cinq ans.

Tobias Forge, du groupe Ghost

à franceinfo

Pour terminer, que représente ce groupe Ghost pour vous ?

Au final, c'est devenu une partie si importante de ma vie que c'est difficile de différencier ce qui est moi, ce que je suis et ce qu'est le groupe. Et aujourd'hui, en connaissant un peu plus de choses... Mais je préférerais peut-être être anonyme vu que je ne le suis pas. J'ai passé beaucoup de temps à parler de moi-même dans le contexte de Ghost et j'ai compris à quel point Ghost était thérapeutique pour moi, dans l'exercice de toutes mes pensées, de tout mon passé et de mon histoire. C'est difficile de dire où est la différence, tout simplement.

Ghost sera en concert le 21 mai à Rouen, à Lyon le 22, Toulouse le 23, Rennes le 25, le 26 à Lille, Strasbourg le 28, à Nice le 30 etc.

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