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Véronique Ovalde : "Écrire permet de sublimer sa souffrance"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Elodie Suigo et se confie. Aujourd'hui, l'écrivaine Véronique Ovalde.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Véronique Ovalde à Los Angeles le 15 mai 2010 (GABRIEL BOUYS / AFP)

Personne n'a peur des gens qui sourient, c'est le titre du dernier roman de Véronique Ovalde, sorti en février dernier aux éditions Flammarion. 

Il raconte l'histoire de Gloria, une mère de famille qui décide du jour au lendemain de partir avec ses filles vers l'Alsace, retrouver la forêt de son enfance, sans qu'on ne sache pourquoi. Un roman écrit comme toujours avec des mots forts, et surtout justes : "C'est un vrai effort de ma part. Ce côté méticuleux, pointilleux, précis, j'y aspire vraiment. D'ailleurs l'un des surnoms qu'on me donne est 'La Reine du mot juste'. Et quand je dis effort, ce n'est pas parce que c'est difficile, mais parce que je tends vers ça, pour donner à voir ce que j'ai très clairement devant les yeux."

Outre la justesse de ses mots, ce qui revient quand on parle de Veronique Ovalde c'est l'expression "Enfance moche" : "En fait j'ai dû répondre ça une fois, et ça a été repris beaucoup. Bon c'est un peu troublant puisque parfois c'est la première chose qui revient quand on parle de moi. Mais en même temps, oui, c'était moche !"

Le temps de l'enfance, je n'ai pas du tout aimé ça. J'attendais juste que ça s'arrête, que ça passe, et que je puisse enfin m'envoler.

Véronique Ovalde

à franceinfo

Ses parents étaient un couple très conservateur qui lui ont transmis une sorte de retenue, qu'elle a exploitée, et qui l'a finalement conduite vers l'écriture : "Je n'étais pas très heureuse là où j'étais. C'est ce truc de pas mal d'enfants qui se demandent ce qu'ils font là. Une petite forme d'arrogance aussi, on se sent un peu supérieur aux gens chez qui on est né, et on se dit 'C'est pas possible en fait, j'ai dû être adoptée'. Et moi j'étais convaincue par ça, et j'en cherchais des signes. Finalement c'était complètement faux bien sûr, mais le fait de chercher, de s'inventer une identité, ça ouvre la porte à une invention."

 Personne n'a peur des gens qui sourient, comme un mantra

Plus que le titre de son roman, cette phrase est un écho à qui est vraiment Véronique Ovalde : "Oui, vous avez l'air neutralisé quand vous souriez. Moi je m'en sers beaucoup, j'ai compris que ça me permettait de désarmer l'autre s'il me fait peur, puis d'être accueillante. Cela cache aussi une souffrance bien sûr, mais la littérature c'est parfait pour ça, ça permet de sublimer ! Peut être que si je n'avais pas écrit, je serais devenue une personne toute rabougrie, un peu paranoïaque, disant du mal de tout le monde. Heureusement, les livres m'ont sauvée."

Et le dernier de ces livres, Personne n'a peur des gens qui sourient, est sorti aux éditions Flammarion le 6 février dernier.

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