Vincent Elbaz à l'affiche de "Iris et les hommes" : "Il n'y a pas de mauvais chemin pour retrouver l'amour, le désir"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Mercredi 3 janvier 2024 : le comédien, Vincent Elbaz. Il interprète un mari trompé dans le dernier film de Caroline Vignal, aux côtés de Laure Calamy.
Article rédigé par Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Le comédien, Vincent Elbaz, le 22 mai 2023, au festival de Cannes. (SEBASTIEN BOTELLA / MAXPPP)

Au départ, pour Vincent Elbaz, il y a eu les cours Florent et une attirance certaine pour la comédie et surtout pour le théâtre. Il obtient son premier grand rôle, celui d'Alain dans le film Péril jeune en 1994 de Cédric Klapisch, puis des films accélérateurs de notoriété, à succès colossaux suivront : Les Randonneurs de Philippe Harrel (1997) et évidemment, La Vérité si je mens ! De Thomas Gilou (1997). Il aime être drôle, certes, mais il aime aussi incarner des rôles de gangster ou encore de père de famille, en résumé, il aime jouer et toucher à tout. Mercredi 3 janvier, il est à l'affiche du film Iris et les hommes de Caroline Vignal, aux côtés de Laure Calamy, l'histoire d'un couple qui s'est perdu avec les années et depuis des années.

franceinfo : Dans ce film, vous incarnez "l'homme idéal", le mari et le père formidable, souvent aveuglé par son travail. À travers ce film, on découvre à quel point le travail peut devenir omniprésent au point d'éluder finalement toute une famille.

Vincent Elbaz : C'est le télétravail. Je crois qu'en fait, mon personnage se résume au télétravail et c'est un piège énorme parce qu'il est, pas en pyjama, mais c'en est quand même proche. Et puis oui, il s'occupe beaucoup de ses enfants. Voilà, il est présent, mais il n'y a plus de sexe, il n'y a plus de sexualité, il n'y a plus de désir. Donc, elle, elle craque et va trouver des chemins multiples et scabreux pour retrouver le désir, l'amour. Finalement, il n'y a pas de mauvais chemin. Elle, son chemin, c'est celui-là, s'inscrire sur une application de rencontres, essayer de se reconnecter un peu avec son désir au détriment de son mari qu'elle aime. Il l'aime aussi, mais il est en télétravail, il est derrière l'ordinateur !

Ce que montre aussi ce film, c'est à quel point rien n'est jamais acquis. Tout est tellement fragile. Il faut être vigilant ou pas ?

Le couple, c'est compliqué. On est dans des civilisations où il y a une injonction à vivre dans un petit appartement avec l'autre, qui est quand même toujours un étranger au fond. Il y a une part de l'autre qui nous échappe en permanence, qui est l'inconnu, l'altérité. 

"Le couple est un territoire où on se confronte à soi-même, où on apprend des vérités sur soi qui sont parfois insupportables à entendre, mais qui nous font progresser."

Vincent Elbaz

à franceinfo

Mais il y a quelque chose de beau, une belle aventure dans le couple aussi. Et puis il y a chez l'être humain, cette capacité d'invention. Dans le cas présent, elle invente de manière peut-être parfois blessante pour mon personnage, mais c'est aussi une manière d'inventer, de bricoler quelque chose qui va fonctionner, où on retrouve du plaisir et de l'amusement. Et puis de l'amour ! Il n'y a pas de mauvais chemin pour trouver l'amour ou retrouver l'amour.

À quel moment avez-vous eu envie d'embrasser ce métier d'acteur parce que c'est arrivé très tôt ?

Un matin, je savais ce que je voulais faire dans la vie. Je devais avoir 12-13 ans. Je savais que je voulais être comédien. Je ne savais pas encore comment, donc j'ai été aux cours de théâtre. Pour moi, c'était un métier qui s'apprend.

"Dès que j'ai su que je voulais être acteur, je n'ai jamais eu de doute là-dessus."

Vincent Elbaz

à franceinfo

Je n'ai jamais arrêté les cours jusqu'à ce que j'arrive à vivre de ce métier.

On sent cet attachement pour le théâtre. C'est particulier pour vous, le théâtre, de fouler les planches ?

J'ai toujours pensé que je serai comédien de théâtre et c'est le casting de Klapisch avec Le Péril jeune qui m'a surpris et qui fait que j'ai raté les grands concours de conservatoire comme Strasbourg, rue Blanche, les grandes écoles de théâtre. Cette année-là, j'ai raté tous les concours, mais j'ai fait Le péril jeune donc il s'est passé cette surprise dans ma petite vie d'acteur débutant. Je me suis retrouvé devant une caméra. Je ne pensais pas que j'allais aimer. Et puis finalement, ça m'a plu.

La question qu'on se pose à chaque fois, c'est qui est Vincent Elbaz ? Que répondez-vous ?

Ça dépend duquel on parle. Là, je suis là en tant qu'acteur pour parler de mon travail donc il y a quelque chose qui ne me concerne pas vraiment. D'être acteur, c'est une manière d'apprendre à se connaître. C'est intéressant comme travail. Les arts, l'éducation artistique ou en tout cas la pratique artistique, ça fait du bien.

Le fait d'être acteur vous soigne ?

Ça m'a sauvé. Les cours de théâtre m'ont sauvé. C'était un refuge. Une fois par semaine, une heure par semaine.

"Le théâtre était cet endroit où je me sentais en sécurité totale et où je n'avais pas la tentation de faire des bêtises."

Vincent Elbaz

à franceinfo

Les cours de théâtre m'ont vraiment sauvé d'une adolescence qui aurait pu être catastrophique.

Est-ce que, justement, l'adolescent que vous étiez est fier de l'homme qu'il est devenu ?

Disons que j'ai surmonté ce que je souhaitais surmonter. Ça, je me le reconnais. Il y a plein de manques. J'aurais fait autrement certaines choses, probablement quand j'étais un peu plus jeune adulte ou quand j'ai débuté dans le métier. Peut-être que je manquais de maturité par rapport au succès et tout ça... Mon but a toujours été de m'améliorer soit en tant qu'acteur, soit humainement.

On a le sentiment que vous êtes un éternel élève, que vous avez cette soif d'apprendre.

Quand il faut faire une préparation, aller se documenter, lire des livres ou aller rencontrer des gens, des vies, je trouve cela passionnant. Je pourrais préparer des rôles pendant des mois et des mois, juste pour le plaisir de rencontrer des gens. C'est l'apprentissage. Je prends beaucoup de plaisir dans mon travail, c'est vraiment quelque chose de vital pour moi.

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