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William Leymergie, un demi-siècle à être "un peu petit rigolo et un peu journaliste" à la radio comme à la télévision

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, le journaliste et écrivain William Leymergie.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7min
L'animateur de Télématin, William Leymergie, pose pour la photo le 5 juin 2015. (BERTRAND GUAY / AFP)

William Leymergie est journaliste, animateur, chanteur, acteur, producteur de télé et écrivain. Il est évidemment indissociable de la présentation de l'émission Télématin qu'il a longtemps présentée sur France 2. Il officie désormais sur C8 pour l'émission William à midi. Il publie Mirebalais ou l'amour interdit aux éditions Albin Michel.

franceinfo : Mirebalais ou l'amour interdit est un roman qui met en exergue votre amour des femmes, de la vie. Les romans servent aussi à ça ?

William Leymergie : Ce n'était pas mon idée. J'ai publié des documents, des biographies, notamment de Marcel Pagnol, mais un roman, je n'osais pas. Je me suis dit : "Je réserve ça à ceux dont c'est le métier !" Et puis, un jour, je suis tombé sur une séquence dans un film qui s'appelle Que la fête commence du regretté Bertrand Tavernier. Dans ce film, il y a une séquence où on voit deux jeunes et beaux garçons. Ils sont là, en lisière d'une soirée, près d'une porte et on se demande : "Mais que font-ils là ?" Un des deux dit à un moment donné: "Nous sommes la relève"... parce que c'est une orgie. Et il y a des nobles de province, vieux, gras, fatigués, ivres et donc ils ne peuvent pas assurer ce dont les jeunes filles qu'ils ont dans les bras recherchent. Il faut donc que de temps en temps ces jeunes gens-là viennent aider, si j'ose dire. Là, je me suis dit : "C'est curieux, c'est un drôle de métier". Personne ne savait que le mot "mirebalais" existait. Un mirebalais c'est un âne fait pour la reproduction et qui dit "Âne" dit "Un certain nombre de qualités".

Vous avez toujours été fan de cinéma. Vous aviez un rêve : réaliser des films publicitaires, et vous avez arrêté.

C'était ma première idée mais je vivais à l'époque en Afrique et quand mes parents m'ont envoyé faire des études en France, il fallait faire les études pour lesquelles on m'a envoyé. Des études de lettres ! Seulement pas de pot, je suis arrivé à Nanterre, c'était la révolution, je tombais pile en mai 68, quelle drôle d'idée ! Et donc, ça a été légèrement interrompu.

Qu'est-ce qui fait que vous choisissez ce métier-là ? Vous avez grandi en Afrique, au Mali, en Algérie, au Sénégal au gré des affectations de votre père, le colonel Raymond Leymergie. Il était officier dans les troupes coloniales, vous auriez pu suivre son chemin.

Chez moi, la radio était l'invitée permanente à table et pas seulement, donc on écoutait ce que l'on appelait "les nouvelles" à l'époque, dans les années 50 et après, ça a continué tant que j'ai été chez mes parents. Je mangeais de l'actualité du matin au soir, ça a fini par m'influencer. Quand il a fallu faire un métier, évidemment, je rêvais de faire du cinéma et pourquoi pas journaliste puisque effectivement j'ai baigné là-dedans. Je me suis retrouvé à faire un premier stage à France Inter et puis après, j'ai été dans ce qui ne s'appelait pas encore RFI et j'ai passé dix ans, quinze ans dans cette Maison de la Radio.

Le point de départ dans votre parcours c'est vraiment que vous vous tournez vers la jeunesse. Ça vous a forgé ?

Je n'habitais pas en France, je n'avais pas la télé. Je l'ai découvert quand je suis arrivé. Je me suis dit : "Tiens, il y a des émissions pour les plus jeunes, ce n'est pas comme ça qu'il faut faire! Moi, j'en sors de la jeunesse, il faudrait faire ça" et je vais voir la dame avec un projet sous le bras qui fabrique ces émissions, c'était Jacqueline Joubert et je lui dis : "Voilà madame, je pense qu'il faut faire des émissions comme ça". Et une fois que je l'ai fait, je me suis aperçu aussi que j'avais une tendresse particulière pour les enfants. J'ai fait ces émissions et je suis devenu du coup le producteur de Récré A2, une émission qui a un peu compté pour ceux qui ont aujourd'hui une petite quarantaine.

Récré A2 a été une révolution dans l'histoire des enfants.

William Leymergie

à franceinfo

Si je vous donne une date : le 10 janvier 1985.

C'est le début de Télématin. Un jour mémorable. Il n'y avait pas d'émissions du matin dans la gamme des programmes de la télévision. J'étais aussi animateur, je faisais le guignol à Récré A2 et ils sont venus me chercher sachant que j'avais un passé de journaliste et se sont dit : "Peut-être qu'avec les deux casquettes, un peu petit rigolo et un peu journaliste, ça pourrait peut-être faire l'affaire".

Télématin, c'est 30 ans de ma vie, un peu plus même ! Ça a été essentiel, j'y suis définitivement associé. Je pourrais faire n'importe quoi, traverser l'Atlantique sous l'eau en une seule fois, on dirait : "Enfin bon, vous savez, c'est le mec de Télématin". Et j'en suis fier.

Partout où vous alliez, il y avait des gros chiffres puisque même Télématin représentait 50% de l'audience.

Vous vous rendez compte que c'est une responsabilité quand vous avez un téléspectateur du matin sur deux qui vous regarde. Quand vous savez ça, vous ne pouvez pas dire :"Oui super, je vais vivre sur un coussin confortable". Non, non. La peur, c'est de vous dire : "La vache, pourvu qu'ils soient toujours un sur deux cette année", c'est un défi permanent. C'est bizarre comme métier.

Paternaliste, c'est sans doute aimer ceux avec qui on travaille comme un père et les gronder de temps en temps. Je ne peux pas renier ça. C'est pas faux.

William Leymergie

à franceinfo

On sait que vous avez du caractère et on dit de vous parfois que vous êtes "un tyran paternaliste".

Paternaliste, oui, c'est que je n'avais pas le choix. Vous savez, j'avais sous ma responsabilité un peu plus de 35 journalistes chroniqueurs à Télématin, une quinzaine, garçons et filles, beaucoup de filles. Si de temps en temps, vous ne sifflez pas la fin de la récréation, vous êtes débordé et vous faites de mauvaises émissions. C'est pour ça qu'on m'a dit que j'étais paternaliste.

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