Le monde de Marie. A Londres, le Russe Mikhail Khodorkovski, opposant à Poutine et fataliste, renonce à ses gardes du corps
Tous les jours, Marie Colmant revient sur un sujet passé (presque) inaperçu. Lundi, les déclarations surprenantes de l'ex-oligarque en exil, dans le collimateur de Vladimir Poutine.
Il est sans doute le plus fameux des ennemis de Vladimir Poutine. Mikhail Khodorkovski vit aujourd’hui à Londres. La semaine dernière, il annonçait qu’il renonçait à employer ses gardes du corps. Une décision d’autant plus surprenante qu’elle intervient quelques jours à peine après l’attaque contre Sergei Skripal, l’ex-espion russe à Salisbury. Mais l’ex-patron de Ioukos, qui fut l’homme le plus riche de Russie, et qui a payé le prix fort pour son opposition au président russe – dix ans d’incarcération en Sibérie pour fraude et détournement d’argent – est aujourd’hui résigné. Mes gardes du corps ne me servent plus à rien, si le président russe veut m’atteindre, aucune mesure de sécurité ne pourra me protéger, déclarait Mikhail Khodorkovski, la semaine dernière.
Liste noire
Pour lui, l’attaque de Salisbury est un rappel à l’ordre, le signe qu’on ne quitte pas les services secrets russes impunément. Le signe, aussi, qu’il y a probablement une liste noire de cibles, d’opposants à éliminer. Et que son nom figure aussi sur cette liste.
Pourtant l’ex-milliardaire, qui a aujourd’hui créé la fondation Open Russia pour faire avancer la démocratie en Russie, est mesuré dès lors qu’il s’agit de pointer les responsables de cette attaque. "Le gouvernement russe n’a rien à voir avec ça. Il ne faut pas tout confondre, explique Khodorkovski, le gouvernement russe d’une part, et la bande de gangsters qui entoure de Poutine, d’autre part. Le gouvernement russe est composé de gens qui, pour la plupart, font correctement leur boulot. Au pire, ils encaissent un dessous de table, mais ça ne va pas plus loin, alors que le petit cercle corrompu autour de Poutine agit comme une bande mafieuse."
Pour Khodorkovski, la responsabilité de cette clique ne fait aucun doute dans l’attaque de Salisbury. Et ce sont eux qu’il faut poursuivre avec tous les outils dont on dispose pour lutter contre la criminalité. Theresa May se trompe en accusant le gouvernement russe, répète le milliardaire. Cela ne sert à rien de sanctionner 146 millions de Russes, pour les agissements d’une poignée de salauds.
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