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Le monde de Marie. "Black Panther", un pays moins imaginaire qu'il n'y parait

Tous les jours, Marie Colmant revient sur un sujet passé (presque) inaperçu. Lundi, le succès du film "Black Panther" qui, aux États-Unis, a des airs de phénomène de société.

Article rédigé par franceinfo - Marie Colmant
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
L'acteur anglais John Boyega, lors de la première du film Black Panther à Londres, le 8 février 2018. (TOLGA AKMEN / AFP)

Près de 500 millions de dollars en une semaine de diffusion sur le sol américain, on peut déjà dire que le film Black Panther est un énorme succès aux États-Unis. Du tweet enthousiaste de Michelle Obama jusqu'à l'aéroport d'Atlanta qui annonce des vols (fictifs) pour le royaume du Wakanda, où règne Black Panther, le dernier opus des studios Marvel suscite l'enthousiasme. Cependant, dans le pays dirigé par Donald Trump, ce succès prend des airs de phénomène de société.

Le Wakanda, ce pays de dingue dépeint dans le film, est doté d’une puissance technologique incomparable, d’une monarchie parlementaire, d’une armée de femmes formant un conseil de sages pour assister le monarque. Un pays africain florissant et raffiné, sans que nulle part, on ne voit pointer le moindre homme blanc. Jamais. Ce pays imaginé par Marvel pour y installer leur super-héros africain est-il vraiment aussi imaginaire qu’il n’y paraît ? La réponse est non.

L'Afrique comme source d'inspiration

Les créateurs de Marvel se sont appuyés sur deux grands exemples historiques pour construire ce blockbuster. Il s'agit de l’histoire de la culture de Nok, au nord de l'actuel Nigeria, une civilisation extraordinaire 1 000 ans avant notre ère. Il y eut aussi le royaume de Mutapa et ses comptoirs, sur la côte orientale de l’Afrique,  le commerce avec l’Océan Indien aussi intense que celui sur la route de la soie qui faisait de ses villes des cités aussi raffinées que Venise, mais au Moyen Âge. Sans oublier avant lui le royaume du Grand Zimbabwe, qui connut trois siècles de prospérité et de développement avant de s’éteindre à la fin du 15e siècle. Des restes de cette civilisation furent découverts par des explorateurs anglais débarqués dans ce pays qui s'appellera la Rhodésie.

Mais les livres d’histoire n’ont parleront pas. Parce que c’est plus commode pour le grand récit de la colonisation européenne du XIXe siècle de raconter qu’il n’y avait rien avant l’arrivée de l’homme blanc providentiel. Un récit bien enraciné, encore aujourd’hui, jusque dans la tête du président Trump qui conseillait, en juin dernier, aux Nigérians clandestins aux Etats-Unis de "retourner dans leurs cases". Pas sur qu’un super-héros suffira à changer cette histoire.

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