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Le monde de Marie. Le maire de Téhéran prié de démissionner après la Journée iranienne de la femme

Tous les jours, Marie Colmant revient sur un sujet passé (presque) inaperçu. Vendredi, retour sur la démission brutale du maire de Téhéran, mercredi dernier.

Article rédigé par franceinfo - Marie Colmant
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Mohammad Ali Najafi, le 16 octobre 2017. (MAXPPP)

Mercredi 13 mars, sans crier gare, le maire de Téhéran a brutalement démisssionné. On sait aujourd’hui pourquoi. La semaine dernière, l’Iran célébrait "sa" Journée de la femme, qui dans la version iranienne ressemble plutôt à la Journée des mamans. Toutes sortes de petits spectacles charmants étaient organisés un peu partout dans le pays et bien sûr, dans sa capitale, Téhéran. Une ville de 12 millions d’habitants qui a élu son premier maire réformiste en août dernier : Mohammad Ali Najafi, un ingénieur formé aux États-Unis.

En tant que maire, il est évidemment présent à un spectacle donné ce jour là. Sur scène, un orchestre traditionnel et une, puis deux, puis trois fillettes qui bondissent comme autant de fées clochettes. Huit ans pas plus. Dans la salle, un public enthousiaste applaudit au rythme de la musique, acclamant ça et là les pirouettes des petites fées. Les images de cette représentation sont très vite postées sur les réseaux sociaux. Et les réactions ne se font pas attendre.

Haro sur le maire 

Comment ? Le maire de Téhéran était présent et il n’est pas parti immédiatement ? Et en plus il a applaudi ? C’est un scandale, tonnent les religieux qui y voient une manifestation exhibitionniste et indécente. Pourquoi ? Parce qu’en Iran, les femmes n’ont pas le droit de danser, ni de chanter d’ailleurs. Le maire de Téhéran se défend, précise que les fillettes avaient 8 ans et que le spectacle était parfaitement conforme aux règles islamiques. Faux, répliquent les religieux, c’étaient des jeunes femmes qui faisaient des choses atroces pour exciter les hommes. Le maire de Téhéran a beau poster sur son compte twitter une photo du groupe des fillettes, rien n’y fait.

Lundi dernier, Mohammad Ali Najafi était convoqué chez le procureur qui le sommait de présenter sa démission sur le champ. Mercredi dernier, le conseil municipal de Téhéran officialisait son départ... pour raisons de santé. Il restera de son mandat ces portraits géants des grandes Iraniennes qu’il avait fait placarder dans toute la ville.  

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