Au Soudan, un fragile espoir de trêve... dans un pays proche du "point de rupture"
Le Soudan du Sud a assuré avoir négocié une prolongation du cessez-le-feu de sept jours au Soudan, qui devait s'achever mercrdi 3 mai à minuit. L'annonce est à prendre avec précaution tant les deux généraux qui depuis la mi-avril se disputent le pouvoir au Soudan se vouent une haine à mort. Ils ont jusqu'ici refusé toute discussion. Pourtant, selon le ministère des Affaires étrangères du Soudan du Sud, qui joue les médiateurs, ils auraient malgré tout accepté de faire une pause de sept jours dans leurs opérations militaires, pendant que des discussions techniques indirectes auraient lieu en Arabie saoudite.
Mais on est à mille lieux de la paix. Une trêve d'ailleurs est déjà censée être appliquée depuis trois jours. Or, elle n'a empêché ni les bombardements aériens ni les rafales d'armes automatiques ; Khartoum, la capitale, est toujours en proie au chaos. Le cessez-le-feu a seulement permis de maintenir des couloirs sécurisés pour évacuer les ressortissants étrangers. Les civils soudanais, eux, ont fui en masse à pied ou en bus à l'intérieur du pays ou vers les pays voisins. Ceux qui restent doivent faire sans eau, sans électricité et souvent sans nourriture.
Le pays approche "du point de rupture"
Le Soudan est l'un des pays les plus pauvres du monde or la vitesse et l'échelle à laquelle se déroulent les événements ont pris tout le monde de court. L'ONU attend plus de 800 000 déplacés, mais les stocks des organisations humanitaires ont été pillés et l'aide n'arrive qu'au compte-goutte.
Dimanche 30 avril, la Croix-Rouge a pu livrer hiut tonnes de matériel médical, mais c'est à peine suffisant pour soigner 1 500 blessés. Les experts parlent d'une "catastrophe" qui pourrait être semblable à celle de la Somalie ou de la Syrie. L'ONU dit que le pays approche "du point de rupture".
Le Darfour de nouveau au coeur des combats
Avec un risque particulier pour la région du Darfour (dans l'Ouest du Soudan), déjà victime d'une guerre civile dans les années 2000 qui a fait jusqu'à 300 000 morts selon les estimations. À l'époque, pour défendre la répartition des terres et leur accès à l'eau, les minorités ethniques avaient pris les armes, réprimées à la fois par l'armée régulière, mais aussi par les milices arabes Janjawid (ce qui signifie "les démons à cheval") qui ont donné naissance aux Forces de soutien rapide du général Hemetti – aujourd'hui en guerre.
Des milices coupables de massacres, de viols et de nettoyage ethnique qui n'ont en réalité jamais cessé leurs exactions, malgré des accords de paix signés en 2020 dans la foulée de la chute du dictateur Omar el-Béchir. La région connaît même une recrudescence des conflits, sans précédent depuis dix ans : en 2021, près de 500 000 personnes ont été déplacées, cinq fois plus qu'en 2020. Et c'est toujours au Darfour qu'aujourd'hui les déplacés sont les plus nombreux. Les violences récentes y ont tué, selon l'ONU, une centaine de personnes. La guerre des chefs à Khartoum a été l'étincelle a rallumé le brasier du Darfour.
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