Chine : ces trois hypothèses avancées pour expliquer la disparition du ministre des Affaires étrangères
C’est la fin d’une situation ubuesque et d’une sorte de vide diplomatique à la tête du pouvoir de Pékin. Le chef de la diplomatie chinoise a été révoqué mardi 25 juillet, après avoir disparu des écrans radars. Qin Gang avait en effet été absent fin juin pour une rencontre avec le chef de la diplomatie européenne, Joseph Borel. Absent aussi, début juillet, pour le sommet de l’Association des nations de l'Asie du Sud-Est (Asean) en Indonésie. Invisible encore ces derniers jours, à l’occasion d’une tournée de John Kerry en Chine ou de la réunion des états du Brésil, de Russie, de l'Inde, de Chine, et d'Afrique du Sud (Brics) qui avaient lieu dans ce dernier pays.
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Depuis un mois, il était remplacé par Wang Yi, plus haut responsable diplomatique du Parti communiste, qui lui avait cédé sa place au ministère des Affaires étrangères en décembre dernier, et qui la reprend puisque c’est lui qui a été nommé pour le remplacer.
La disparition de Qin Gang a fait couler beaucoup d’encre, alimenter beaucoup de rumeurs, car c'était un protégé du président chinois. 57 ans, brillant diplomate, parfaitement anglophone, chef du protocole avant d’être repéré par Xi Jinping. Nommé ambassadeur aux États-Unis, puis ministre des Affaires étrangères en décembre 2022. Une ascension fulgurante... mais éphémère.
Dissensions dans l’appareil chinois
Sa révocation ne devrait pas faire taire les rumeurs, car les autorités chinoises n’ont donné aucune explication. Fait rarissime, elle s'est faite après une réunion de l'Assemblée nationale populaire du Parti communiste convoquée en seulement 24 heures. Dans un système politique chinois, totalement opaque, il faut donc se contenter d’hypothèses :
– La première : l'état de santé de Qin Gang. C’est l’explication qui avait été donnée par des officiels chinois quand il a disparu de la scène publique le 25 juin dernier, mais qui n’a jamais été confirmée, ni pu être vérifiée.
– La deuxième : une liaison qu’il aurait eue avec une journaliste-vedette chinoise qui a aussi disparue et qui est rattrapée par des suspicions d’espionnage au service de l’Oncle Sam.
– La troisième : des dissensions au sein de l’appareil chinois. L’ascension de Qin Gang a vexé certains cadres du parti.
Connu pour arrondir les angles, il avait été nommé dans un contexte de détente avec les États-Unis pour succéder à Wang Yi considéré comme un "loup guerrier" du Parti communiste chinois, mais qui a finalement repris la main sur la diplomatie chinoise. Si le président Xi Jinping n’a pas pu ou n’a pas voulu protéger un de ses hommes de confiance, c’est peut-être parce qu’il est lui-même affaibli en interne. Quoi qu'il arrive, Qin Gang va, cette fois, bien disparaître des radars.
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