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Cure d'austérité au Vatican : les cardinaux perdent 10% de leur salaire

En temps de crise, il n'y a pas de petites économies ! Même au Vatican, les cardinaux vont devoir se serrer la ceinture. Le pape annonce qu'ils vont perdre une partie de leur salaire.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Deux cardinaux se saluent au Vatican. Photo d'illustration. (RICCARDO DE LUCA / MAXPPP)

Moins 10%, tarif non négociable, applicable dès le 1er avril. Ceux qu'on appelle les "princes de l’Église" ont beau être nommés à vie, porter un anneau et une belle toque de couleur rouge,  ils sont autant soumis à la rigueur budgétaire qu'à la loi divine.

Il n'y a pas qu'eux d'ailleurs : tous les religieux et religieuses qui travaillent pour la Curie sont concernés. Les numéros deux des dicastères (les ministres du Vatican) vont eux perdre 8%. Les plus petits salaires en bas de la grille, 3%. Et si la personne concernée peut démontrer qu'elle ne peut pas répondre à ses besoins en matière de santé, ou à celle de ses proches, elle ne subira aucune perte de salaire.

Les augmentations automatiques dues à l'ancienneté sont gelées pendant deux ans - pour les prêtres comme pour les laïcs. Toutes ces mesures ont été décidées et actées par le Pape lui-même dans une lettre apostolique publiée ce mercredi 24 mars qui fait office de décret.

500 euros de moins par mois

Un cardinal gagne 5 000 à 5 500 euros par mois – c'est une estimation, les chiffres officiels sont rares sur ce sujet à la Curie. Précision importante : ce salaire n'est pas imposable, comme pour tous ceux qui travaillent au Vatican et en vertu des accords du Latran. La plupart du temps, leur nourriture est aussi prise en charge ; ils vivent dans des appartements qui appartiennent à l'Église ou qui leur sont loués à des tarifs subventionnés.
Certes, ces 227 cardinaux du collège cardinalice, chargés d'élire et d'assister le pape, vont perdre un peu plus de 500 euros par mois. Mais cette décision est avant tout un acte symbolique qui ne va pas les mettre en difficulté financière.

Le serrage de ceinture est nécessaire : les finances du Vatican sont très mal en point. En 2019, le déficit était déjà de 11 millions d'euros. L'an dernier, pour rester à flot, il a fallu sortir les fonds de réserve mais la crise sanitaire a tout balayé.  Le budget 2021, publié vendredi dernier, fait état d’un déficit de 50 millions d’euros (pour des dépenses totales de 310 millions).

Le Saint-Siège a vu fondre une bonne partie de ses revenus, notamment du côté des musées du Vatican (qui rapportent normalement chaque année 30 millions d'euros), mais aussi de ses placements financiers, des loyers de son patrimoine immobilier, sans oublier les dons des fidèles eux aussi en baisse.

Pour absorber le choc, le Vatican a prévu de diminuer l'ensemble de ses dépenses de 8%. Mais pour ne pas toucher à la masse salariale et "sauvegarder les emplois existants", comme le dit le pape, il fallait un effort sur les salaires.

Le pape, qui tient à adopter "des critères de proportionnalité et de progressivité", rappelle que "bien que le Saint-Siège et l'État de la Cité du Vatican soient adéquatement capitalisés, il est nécessaire d'assurer la durabilité et l'équilibre entre les recettes et les dépenses dans la gestion économique et financière actuelle."

Au-delà de ce serrage de ceinture, François cherche plus généralement à mettre de l'ordre dans les finances du Saint-Siège. Il s'y emploie depuis qu'il est entré en fonction il y a huit ans. À la suite d'une série de scandales à la banque du Vatican, il a d'ailleurs créé un nouveau ministère des Finances et fait appel à un auditeur externe. La cure d'austérité à la Curie ne fait que commencer.

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