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L'épidémie de coronavirus plombe les finances du Vatican

Les finances du Saint-Siège sont dans le rouge, en raison notamment de la fermeture des musées et du report de ce qu'on appelle "le denier de Saint Pierre".  

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Une entrée déserte des musées du Vatican fermés pendant le confinement pour éviter la propagation de l'épidémie de coronavirus, le 24 mars 2020. (ANDREAS SOLARO / AFP)

Plus dure sera la chute. Les revenus du Saint-Siège devraient baisser d’au moins 25% cette année et peut-être même jusqu’à 45%. C’est le nouveau patron des finances du Vatican qui l’affirme : le jésuite Juan Antonio Guerrero Alves, nommé secrétaire pour l’Économie du Saint-Siège en novembre dernier, dévoile ces chiffres dans un entretien ce 14 mai à Radio Vatican.

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Le Vatican a beau n’être que peu touché par l’épidémie de coronavirus (12 cas de contamination et aucune victime), il n’en est pas moins, comme tout le monde, victime du contrecoup économique.

Des pertes de plusieurs millions d'euros

Le problème numéro un, c’est la disparition des revenus provenant des musées. Ils ont fermé le 8 mars dernier. Et le manque à gagner est donc évalué d’ores et déjà à près de 20 millions d’euros. Une somme à laquelle il faut ajouter les revenus indirects : les visites guidées, les ventes de souvenirs dans les magasins. Le nombre de visiteurs dans les musées du Vatican est estimé à 7 millions par an. Une réouverture partielle est à l’étude, mais uniquement sur réservation avec des conditions de sécurité strictes ; et comme les touristes étrangers ne vont pas revenir tout de suite en Italie, le trou dans la caisse devrait donc se creuser.

Et ce n’est pas la seule conséquence. Côté recettes, l’autre problème, c’est le report de ce qu’on appelle "le denier de Saint Pierre" : c’est une collecte annuelle auprès des fidèles. Normalement, elle est effectuée en juin. Cette fois-ci, elle est reportée au mois d’octobre, au plus tôt. Et surtout, le montant de la collecte, déjà en recul les années précédentes, pourrait encore diminuer. Là encore, une perte de plusieurs dizaines de millions d’euros est possible.

Ajoutons à ce paysage des incertitudes sur les milliers de loyers commerciaux ou immobiliers perçus par le Vatican et sur les nombreux placements bancaires effectués par le Saint-Siège. Il va donc falloir réduire les dépenses. Sauf que le Vatican s’est engagé à maintenir les salaires de ses 5 000 collaborateurs. Cela représente près de la moitié du budget total. Donc, il faut limiter tout le reste : les achats, les contrats en cours, et bien sûr l’organisation d’événements ou de rassemblements. Sans oublier les voyages du Pape. Pour l’instant, tout est suspendu. 

L'opacité des comptes 

Et cette situation relance une vieille controverse sur l’état des finances du Vatican, structurellement déficitaires avec un peu plus de 320 millions de dépenses annuelles et un peu moins de 270 millions de recettes. Pas besoin d’être fort en maths : ça fait entre 50 et 60 millions de trou dans la cagnotte chaque année. Le problème c’est aussi l’opacité des comptes.

Rétablir la transparence sur ce sujet, c’est d’ailleurs l’un des objectifs affichés par le pape François. C’est pour ça que le père Guerrero Alves, diplômé en économie, a été nommé à l’automne dernier, et qu’un ancien magistrat italien antimafia et anticorruption dirige désormais le tribunal de la cité du Vatican. Mais la tâche est difficile : la Curie, la hiérarchie de l’Eglise, n’est pas réputée pour faire beaucoup d’efforts. Et, on le sait, les scandales se sont multipliés ces dernières années, notamment sur des investissements douteux dans des immeubles de luxe à Londres.

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