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Élections européennes en Allemagne : L'AfD décide de pas sanctionner deux candidats soupçonnés d'avoir menti sur leur CV

Arno Bausemer, 40 ans et Mary Khan-Hohloch, 29 ans, candidats pour le parti d'extrême droite en Allemagne, ont largement enjolivés leur parcours en vue des élections européennes. Ils ont été démasqués.
Article rédigé par franceinfo, Sébastien Baer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une conférence de presse de l'AfD en Allemagne, le 16 septembre 2023. (JONAS WALZBERG / DPA)

Cette affaire provoque des remous au sein de l’extrême droite allemande. Deux candidats de l’AfD aux élections européennes, en juin prochain, sont soupçonnés d’avoir menti sur leur CV. Le premier s’appelle Arno Bausemer, il a 40 ans et il apparaît en 10e position sur la liste de l’AfD. Le candidat, qui milite pour la sortie de l’Allemagne de l’Union européenne, assure, avoir suivi une formation de journaliste puis dirigé une entreprise. Ce parcours est largement enjolivé. C’est l’ex-compagne d’Arno Bausemer qui a relayé, sur les réseaux sociaux, ces incohérences.

>> Élections européennes : le parti Renaissance ne désignera pas sa tête de liste avant janvier 

L’autre candidate incriminée figure sur la liste en 14e position, sur 35. Dans sa biographie, Mary Khan-Hohloch, 29 ans, fait mention d’études de sciences religieuses et de droit public, spécialité droit européen. Certains ont relevé des incompatibilités dans les dates et des contradictions dans le parcours présenté.

À chacun, la direction du parti a demandé des preuves, des attestations de diplôme, mais ni l'un, ni l’autre n'ont été capables de les fournir. Une réunion a été organisée par la direction du parti. Le sujet est explosif. Les débats se sont tenus à huis clos avec l'obligation de laisser les portables à l’entrée. Quelle conséquence tirer de cette imposture ? Après quatre heures de débat, l’état-major de l’AfD a rendu son verdict. Il n'y aura pas de sanction. Arno Bausemer et Mary Khan-Hohloch seront bien candidats aux européennes.

Selon le parti, une exclusion aurait été disproportionnée. Elle aurait surtout été très coûteuse et aurait obligé le parti à organiser une nouvelle assemblée d’investiture pour refaire une liste. En juillet dernier, à Magdebourg, il a fallu quatre jours à l’AfD pour sélectionner ses 35 candidats aux Européennes. En tout, 600 délégués étaient venus de toute l’Allemagne. 

L’affaire fait tache pour un parti en plein essor

La formation, si prompte à dénoncer la malhonnêteté et le népotisme chez les autres partis, est surprise en flagrant délit de tricherie. Une formation incapable, disent certains, de faire le ménage dans ses propres rangs. L’AfD avait, par exemple, critiqué vivement les erreurs de la ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, qui s’était faussement présentée comme membre du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

Difficile de prévoir l'impact qu'aura cette affaire, l’AfD est en plein essor. La deuxième force politique du pays, atteint autour de 20% dans les sondages au plan national, mais ses scores dépassent les 30% dans certaines régions de l’ex-Allemagne de l’Est. Portée par ces sondages records, l’extrême droite a des rêves de pouvoir. En 2025, elle présentera pour la première fois un candidat à la chancellerie. Le parti a une ambition : gouverner l’Allemagne toute entière.

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