En Allemagne, une rescapée de la Shoah à la une de "Vogue"

L’édition allemande du magazine américain met à la une de son numéro de juillet-août une rescapée de la Shoah. À plus de 100 ans, elle continue à témoigner pour que "cela ne se reproduise jamais".
Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Margot Friedländer à Berlin (Allemagne), le 13 juillet 2024 (ANNETTE RIEDL / DPA)

Margot Friedländer a 102 ans. Regard bienveillant, léger sourire... les photos pour Vogue ont été prises au jardin botanique de Berlin. La centenaire, qui avait 11 ans quand Hitler est arrivé au pouvoir, joue les mannequins. Elle pose en manteau rouge ou en robe à fleurs de grandes marques, mais parfois aussi avec ses propres vêtements qu’elle qualifie de vintage.

Le magazine américain l’a rencontrée à quatre reprises pour ce long portrait. Margot Friedländer explique qu’elle a toujours été attirée par le monde de la mode, et que si le destin n’en avait pas décidé autrement, elle serait devenue couturière ou styliste. 

Elle est l’un des rares témoins encore en vie des atrocités du régime nazi  : toute sa famille a été exterminée au camp d’Auschwitz. À l'époque, pour avoir l’air "moins juive", pour échapper à la déportation, Margot Friedländer se fait refaire le nez, se teint les cheveux en rouge et remplace l’étoile jaune par une chaîne avec une croix. Mais elle est dénoncée et envoyée en 1944 au camp de concentration de Theresienstadt. Elle y rencontre Adolf Friedländer, qu’elle épouse peu après la libération du camp. Le couple part s’installer à New-York, où Margot Friedländer va vivre pendant 64 ans avant de revenir à Berlin en 2010, après la mort de son mari.

Témoigner de l'Holocauste, contre l'oubli

Depuis son retour en Allemagne, Margot Friedländer s’est engagée contre l’oubli, et elle témoigne inlassablement dans les écoles, devant les députés du Bundestag, lors de commémorations… Elle a créé sa propre fondation. Son souhait : que les jeunes deviennent à leur tour "passeurs de mémoire". 

"Ce qui s’est passé, on ne peut plus rien y changer… Mais je veux faire comprendre que c’était inhumain. Nous sommes très âgés et nous n'avons plus beaucoup de temps. Alors, vous devez être les témoins, ceux qui veillent à ce que cela ne se reproduise jamais. Cela repose entre vos mains."

Margot Friedländer

dans une interview au magazine "Der Spiegel"

Depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, les élèves des écoles lui demandent souvent quel camp elle soutient. Elle répond alors : "Ne regardez pas ce qui vous sépare, regardez ce qui vous unit. Soyez des êtres humains. Soyez raisonnables."

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