En Argentine et au Pérou, le scandale des vaccins VIP
Les deux pays d’Amérique latine sont secoués par des scandales liés à la vaccination qui ont entraîné la démission de plusieurs ministres.
En Argentine, tout part d'une interview radio. Le célèbre journaliste Horacio Verbitky, 70 ans, raconte qu'il voulait se faire vacciner. Mais Horacio n'est pas n'importe quel journaliste. C'est un proche du pouvoir. Il passe un petit coup de fil à un vieil ami. Le ministre argentin de la Santé. Gines Gonzalez Garcia lui répond : "Viens au ministère, tu peux te faire vacciner ici". Indignation dans le pays. Car beaucoup d’Argentins attendent longtemps avant d'avoir un rendez-vous à l'hôpital pour se vacciner. Avec cette interview, ils découvrent l'existence d'un passe-droit. Et pas qu'un. Grâce aux petits arrangements entre amis, 70 personnes ont été vaccinées alors qu'elles n'étaient pas prioritaires.
En principe, seuls le personnel soignant et les plus de 80 ans le sont en Argentine. Et pourtant, le ministre de l’Economie (38 ans), l'ancien président et sa famille, l’ambassadeur argentin au Brésil, entre autres, ont reçu une injection. Désormais l'affaire s'appelle le "scandale du Centre de vaccination VIP" avec un #VacunasVIP. Le ministre de la Santé démissionne et Horacio le journaliste est limogé. D’autres ministres pourraient être appelés à quitter le gouvernement.
"Pas un crime"
Le ministre de la Santé a été remplacé par une femme censée redonner de la crédibilité au gouvernement. Carla Vizzotti, infectiologue, juge l'affaire "déplorable". Elle publie la liste de tous ceux qui se sont fait vacciner en douce. Un responsable du gouvernement expliquait cependant hier qu'il n'y avait pas "de centre de vaccination VIP", que c'était une invention des médias. Treize plaintes ont été déposées contre le ministre de la Santé, des "pitreries" pour le président argentin qui estime qu'aucun "crime" n'a été commis. "J'ai demandé aux procureurs et aux juges de faire leur travail", mais il n'existe dans la loi argentine aucun "crime qui dit que sera puni celui qui vaccine un autre qui n'a pas attendu son tour". "Ce délit n'existe pas", a expliqué le président lors d’un déplacement au Mexique mardi.
Ce scandale ne favorise pas la confiance et freine même la vaccination.
En Argentine, seules 460 000 personnes ont reçu une première injection mi-février. Plus de 50 000 personnes sont mortes du Covid-19 dans le pays. En récession économique depuis trois ans, le pays va bénéficier du mécanisme Covax, qui aide les pays les plus pauvres.
Au Pérou, le "Vacunagate"
Vacuna signifie vaccin en espagnol. Au Pérou, un scandale lié à la vaccination a également éclaté en février. Avec un bel exemple d'hypocrisie et de mauvaise foi. Au début du mois, la ministre de la Santé Pilar Mazzetti, lance la campagne de vaccination dans le pays. En conférence de presse, elle déclare : "En tant que 'capitaine du navire', je me ferai vacciner quand ce sera mon tour, quand tout le monde le sera."
Sauf qu'au moment où elle prononce ces mots, elle est déjà immunisée depuis plusieurs semaines. La ministre fait partie des 487 personnalités qui ont participé à une première campagne de vaccination en octobre, sans que personne ne soit au courant. À cette époque, le Chinois Sinopharm avait envoyé 3 200 doses. Le président de l'époque, deux ministres, des universitaires, des hommes d'affaire, des fonctionnaires se sont fait vacciner en toute discrétion. Excuse officielle : ils ont participé à un test clinique. Le test faisait effectivement appel à 12 000 volontaires mais la participation de personnalités politiques et de leurs proches pose question.
La ministre de la Santé et la ministre des Affaires étrangères ont démissionné. La vraie campagne de vaccination commence doucement. Le Pérou n'a reçu que 300 000 doses du vaccin Sinopharm et pour l'instant aucun calendrier de vaccination pour l'ensemble de la population de 33 millions d'habitants. Mauvaise opération à deux mois des élections générales qui auront lieu dans le pays en avril.
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